A Huttenheim (Bas-Rhin), un berger australien fait partie du quotidien des élèves de la classe Ulis (unité localisée pour l’inclusion scolaire). Les enfants souffrant de troubles du spectre de l’autisme trouvent en ce chien nommé Pirate un point d’appui émotionnel.
Depuis décembre 2022, il y a un petit nouveau parmi l’équipe pédagogique de la classe Ulis (unité localisée pour l’inclusion scolaire) de l’école de Huttenheim (Bas-Rhin). Le chien Pirate, un berger australien de six ans, est présent tous les matins pour accompagner les neuf élèves de la classe, atteints de troubles du spectre de l’autisme et âgés de 9 à 11 ans. "J’aime bien qu’il soit en classe, avoue Eric. Je le caresse, je joue à la balle et je l’aime beaucoup".
La présence du chien est très bénéfique pour ces enfants qui rencontrent des difficultés pour communiquer ou interagir avec le monde qui les entoure. "L’objectif principal est l’apaisement et la régulation émotionnelle. On apporte quelque chose de supplémentaire à ces enfants, notamment au niveau émotionnel", explique Nancy Mazimann, accompagnante d’élève en situation de handicap (AESH).
C’est de Nancy Mazimann que tout est parti. Elle est la propriétaire de Pirate et elle est confrontée au handicap dans sa famille proche. "Pirate a été un point d’appui émotionnel, je me suis dit qu’on pouvait transposer à l’école les bienfaits qu’il nous apportait à la maison." Nancy a beaucoup argumenté auprès de la direction de l’école et est partie se former pour ce projet.
Une présence bénéfique pour tous
Les résultats ne se sont pas fait attendre. "Des enfants ont commencé à parler, à communiquer avec nous, alors qu’ils ne disaient pas un mot quand ils sont arrivés dans ma classe, se réjouit la professeure, Aurélie Unger. Certains qui étaient dans leur bulle se sont ouverts aux autres, grâce à Pirate." Au quotidien, l’équipe pédagogique se sert du chien pour travailler sur de nombreuses compétences. C’est le cas pour la motricité, quand il s’agit de donner des croquettes à Pirate. Les élèves font aussi la lecture directement au chien, ce qui développe le langage.
La professeure doit adapter ses exercices et trouver d’autres moyens de faire les choses, mais elle voit dans cette expérimentation un vecteur d’inclusion pour ses élèves. L’objectif de la classe Ulis est de permettre aux enfants de s’intégrer progressivement, ponctuellement ou totalement dans une autre classe, non spécialisée. "Des enfants sont désormais capables de se rendre dans des classes de CE1 ou CE2 et d’y apprendre le français ou les mathématiques, en étant apaisés et en pleine confiance", raconte Aurélie Unger.
Le projet a été accueilli avec optimisme par toutes les parties, équipe pédagogique, direction, mais aussi l’Education nationale et la mairie. La directrice constate de nombreux bénéfices parmi les enfants, y compris dans les autres classes où le chien se rend parfois. "Le chien est un élément moteur et motivant. Il apporte beaucoup aux enfants qui ont des troubles autistiques, ceux qui ne sont pas accros à l’école, ceux qui sont en difficulté scolaire, ou ceux qui ne mettent pas forcément de sens dans ce qu’ils apprennent", confirme la directrice de l’école, Christelle Ghenzi.
L’action de Pirate est aussi positive pour les adultes. "Quand on arrive à faire progresser les enfants, c’est juste formidable, c’est une vraie victoire," confie Nancy Mazimann.