La carrosserie Mathis est spécialisée dans l'assemblage de camions. Un savoir-faire qu'elle transmet avec passion à de nombreux apprentis heureux d'être au plus près du métier. Des jeunes qui, après l'apprentissage, reste souvent au sein de l'entreprise.
Les frères Toni et Marc Mathis, 3ᵉ génération, ont repris la carrosserie en 2017. Avec leurs 20 employés, ils assemblent des camions à Alteckendorf (Bas-Rhin). Une entreprise familiale qui mise tout sur la jeunesse et l’apprentissage. Elle forme directement les jeunes à ce métier qui nécessite un savoir-faire bien spécifique.
L’entreprise compte actuellement cinq apprentis de différents cursus, des apprentis qui restent souvent dans la société à la fin de leur apprentissage. "Comme nous fabriquons des pièces dans un domaine bien spécifique, nous avons besoin d’un vrai savoir-faire qui n’est possible que par la formation continue. C’est-à-dire que nous essayons de former directement, tant que possible, nos jeunes à ce métier", explique Toni Mathis.
La moyenne d’âge est ici de 35 ans et les jeunes viennent de toute la France. Parmi eux, Tom qui travaille en alternance au bureau d’études depuis trois ans et prépare un master en "Génie industriel". Il est venu compléter son cursus d’apprentissage très théorique avec de la pratique. Ici, il dessine des plans de camions, mais découvre aussi, contrairement à l’école, le résultat concret de ses ébauches.
Les anciens, de précieux conseillers
Il y a Antoine aussi, originaire de Chartres en Eure-et-Loire qui fait partie des Compagnons du devoir. Il cherchait une société qui fasse tout de A à Z : "c’est exactement ce que je recherchais". Et Marion, l’unique présence féminine dans ces ateliers alsaciens, est apprentie en soudure, totalement à l’aise dans cet univers masculin, elle œuvre avec aisance et précision entre les poids lourds, pour appliquer les conseils en soudure prodigués par Bernard, retraité qui revient au travail pour former la nouvelle génération.
Bernard est retraité depuis cinq ans, mais pour lui, la transmission de ce métier si particulier est primordiale, car précise-t-il, "ce métier ne s’apprend pas en deux semaines, il faut beaucoup de temps".
Il n’a pas perdu son savoir-faire. Ses gestes sont précis et au seul regard, il mesure et évalue les données, une longue expérience de la tôle qui a commencé en 1976.
Et personne ne reste sur un seul poste, les employés tournent sur les différents ateliers de ce gigantesque local de 5000 mètres carrés : débitage, assemblage et soudage, traitement de surface, remontage. Toni Mathis conclut ainsi : "plus on a d’apprentis, plus on sème de graines d’espoir pour le futur de ce métier. Longtemps, l’enseignement a fait croire aux jeunes que les métiers manuels étaient dégradants et ne valaient rien. Ce savoir-faire artisanal, nous le devons aujourd’hui à nos anciens qui ont su nous le transmettre à temps." Une entreprise pour qui il est vital de montrer toute la noblesse des métiers manuels.