Il faut bien du platine, métal noble plus rare encore que l'or, pour marquer cet événement de plus en plus exceptionnel de nos jours. Clémentine et Marcel Leichtweis de Wimmenau (Bas-Rhin), ont célébré leurs 70 ans de vie commune suite à leur mariage célébré en août 1953. À cette occasion, leur grande famille leur a organisé une fête surprise.
Comment réussit-on cet exploit ? Dans leur petite maison d’Alsace du Nord, on sent d’emblée que l’amour est roi. Clémentine et Marcel, respectivement 91 et 89 ans, sont mariés depuis 1953. Entourés par leur grande famille, les visites quotidiennes viennent rythmer les semaines : 10 enfants, 18 petits-enfants, 31 arrière-petits-enfants et un arrière-arrière-petit-enfant sont nés grâce à leur amour.
Ces inséparables se sont mariés le 22 aout 1953 après leur coup de foudre sur leur lieu de travail. Un mariage simple. À l’époque, on ne faisait pas de grande fête, comité restreint, proches parents et parrains-marraines, un pot-au-feu à la maison, dans un costume "deux-pièces".
Et quand on demande à Marcel : "Qu’est-ce qui vous a plu chez elle ?", c'est Clémentine qui nous confie : "Je dansais beaucoup ! ". "Vous vous remarieriez avec elle, Marcel ?", "sans hésiter !", lance-t-il. Tous les deux avouent que leur bonheur est aujourd'hui "de pouvoir être encore ensemble et de se lever ensemble chaque matin."
Ils ont tous deux travaillé chez Hoki à Ingwiller, une usine de chaussures, puis comme ouvriers sylviculteurs dans les forêts des environs. Marcel a également exercé comme maçon et Clémentine a œuvré chez un grainetier à Lichtenberg. Les week-ends, elle aimait sillonner les "messtis" (foires) de la région en tenant avec sa gaité et sa bonne humeur le stand de sucreries.
Le couple a mené une vie simple. Une vie de labeur et 10 enfants élevés avec amour : cinq filles et cinq garçons. "Le bonheur est une question d’équilibre." Des difficultés, ils en ont pourtant rencontrées. Ils ont perdu une de leurs filles, un décès accidentel à 15 ans. Mais le dialogue, l’entraide et la bienveillance ont toujours gagné, avoue avec beaucoup de tendresse dans la voix Clémentine, dont l’esprit est resté clair comme le bleu de ses yeux.
Une longue vie commune guidée par la foi. Clémentine a longtemps été sacristaine à l’église et jamais, ils ne ratent l'office du dimanche à la télévision, quelle que soit la confession. "La nuit, il m’entend prier, je prie fort et longtemps", nous confie Clémentine avec un sourire.
Vivre la vieillesse à deux
La kinésithérapeute du village passe deux fois par semaine pour les faire marcher et les garder en mouvement. Ils aiment échanger avec elle en alsacien les dernières nouvelles du coin. Marcel cuisine chaque jour et "il cuisine très bien" confie Clémentine, de vrais plats mijotés.
"Ils se sont toujours soutenus l’un l’autre. C’est si rare aujourd’hui. Papa aide beaucoup maman. Il lui fait tout. Il y a beaucoup d’amour entre eux. C’est exceptionnel" racontent leurs filles. Se sentir utile pour l’autre, aider et aimer avec bienveillance et patience, très certainement le secret des couples qui durent.
Regard sur notre monde actuel
Clémentine et Marcel semblent avoir poussé l’un dans l’autre au fil du temps. Difficile d’imaginer qu’ils s’aiment depuis si longtemps, tant leur amour est resté pétillant. Mais c’est pourtant presque un siècle que ces amoureux ont traversé ensemble.
Comment s’aime-t-on quand on a 91 ans ? Avec tendresse et patience. Les gestes sont lents, la parole hésitante, les mots prennent souvent leur temps, comme eux, pour arriver, mais les idées sont claires et l’amour est resté "intact".
Ils regrettent une autre époque, un temps où on vivait "encore vraiment les uns avec les autres, où l’entraide et la solidarité entre voisins régnaient. Aujourd’hui tout ne cesse de se dégrader, c’est de pire en pire ! " Clémentine avoue, inquiète : "Parfois, je me demande si ce n’est pas la fin du monde, quand on regarde les informations. On ne les regarde pas. On zappe. On n’a pas vécu si longtemps pour voir et entendre toutes ces catastrophes."
Des paroles à méditer. Avant de les quitter, nous leur avons encore souhaité de savoureux moments ensemble. Rendez-vous peut-être dans 10 ans, pour leurs noces de chêne.