Le président de la République, Emmanuel Macron, a reçu le 4 juillet 2023 les plus de 240 maires dont les villes ont été touchées par les violences urbaines à la suite de la mort de Nahel. Danielle Dambach, maire EELV de Schiltigheim (Bas-Rhin), y a participé. Elle appelle le chef de l'Etat à agir rapidement.
À la suite des violences urbaines survenues après la mort de Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre, le président de la République a rassemblé, ce mardi 4 juillet, les maires de plus de 240 communes touchées par les évènements de ces derniers jours, dont celui de l'Haÿ-les-Roses qui a été attaqué à son domicile.
Présente sur place, la maire EELV de Schiltigheim (Bas-Rhin), Danielle Dambach salue le soutien du chef de l'Etat et l'invite à venir dans sa commune pour parler de l'urgence à agir dans les quartiers.
Durant la réunion, plusieurs maires volontaires ont pris la parole pour raconter ce qu'ils avaient vécu. "Beaucoup de témoignages et d'interventions convergeaient pour dire qu'il fallait renforcer la politique de la ville et les moyens de la justice. C'est un constat que je partage", indique l'élue bas-rhinoise. "Au-delà de la colère que l'on peut ressentir, c'était aussi touchant de voir que des élus se confiaient sur les dégradations causées à leurs mairies".
"Le président nous a soutenus et c'était un moment important pour nous tous. Ça m'a permis de retrouver mes collègues et partager nos expériences de ces moments douloureux, réagit-elle, ma seule crainte, c'est que cela recommence si l'on n’agit pas assez rapidement".
Des moyens insuffisants pour la commune
Pour tenter de répondre à l'inquiétude des élus, Emmanuel Macron a annoncé qu'une loi d'urgence serait mise en place pour reconstruire les biens dégradés "beaucoup plus vite". "Il nous a informés que le gouvernement allait travailler durant l'été à remettre de l'ordre et à trouver des solutions concrètes aux problèmes qui ont conduit à ces violences", ajoute Danielle Dambach.
Malgré ces annonces, l'élue de Schiltigheim regrette que des "boulets" soient mis aux pieds des communes. "Nous avons de moins en moins de moyens de la part de l'Etat, et on nous demande toujours plus. La priorité a été faite sur certaines villes, comme Marseille, mais les dégâts des derniers jours ne sont pas toujours venus de là où on les attendait", ajoute-t-elle.
J'aimerais recruter plus de policiers municipaux mais je dois aussi tenir mon budget
Danielle Dambach, maire EELV de Schiltigheim
Dans sa commune, Danielle Dambach estime y avoir "échappé belle". "Nous avons eu les 17 voitures de location Leclerc brûlées, des poubelles et des véhicules particuliers incendiés, et les vitres de l'espace Albert Camus ont été caillassées. C'est moindre par rapport à d'autres villes, mais nous restons très vigilants, car ce sont des signaux d'alerte", confie-t-elle. "Le défi, c'est de nous permettre de répondre face à cette insécurité. J'aimerais recruter plus de policiers municipaux, mais je dois aussi tenir mon budget. Ce n’est pas facile".
Schiltigheim hors des radars ?
Hormis la sécurité, la maire veut aussi pouvoir investir. "Nous avons le plan de renouvellement urbain financé en partie par l’État pour le quartier des Écrivains. Nous voulons aussi créer une école d'art à l’ouest de la ville. Mais après le Covid, l'inflation et ces violences, nous avons peu de manœuvres financières", regrette-t-elle.
"J'ai laissé un courrier au chef de l’Etat, dans lequel je dis que notre commune a été bousculée ces derniers temps. C'est devenu la commune la plus pauvre de l’Eurométropole de Strasbourg. Un quart de notre population se situe sous le seuil de pauvreté. Schiltigheim n’est pas une grande ville, certes, mais ma crainte, c'est qu’on sorte des radars de l'Etat", ajoute l'élue.
Dans cette lettre, Danielle Dambach invite aussi Emmanuel Macron à se rendre dans sa commune pour qu'il constate les problématiques du secteur, et que "les quartiers de 'Schilick' ne décrochent pas". La maire alsacienne retournera à l'Elysée à la fin de l'été pour une nouvelle réunion avec le président de la République. D'ici là, plusieurs élus attendent des mesures concrètes et des financements supplémentaires.