Comme tous les centres du sommeil de France, ceux de Haguenau et de Saverne ont ouvert leur porte au public ce vendredi 19 mars, pour informer et sensibiliser le plus grand nombre sur les troubles du sommeil. Marc Pfindler, spécialiste du sommeil, nous explique comment faire pour mieux dormir.
Les maisons du sommeil sont des centres spécialisés dans ce qui nous occupe pendant un tiers de notre vie : le sommeil. Ça n'a l’air de rien, mais dormir est un vrai problème pour 50% de la population. Pour les personnes concernées, passer une bonne nuit ne va pas de soi. Entre l'endormissement, les réveils nocturnes, jusqu'au lever, elles dorment mal ou ont l'impression de ne pas dormir.
Or, on est plus à même de passer une bonne journée après une bonne nuit de repos. Sauf qu'il faut des conditions particulières pour bien s'endormir et dormir. Marc Pfindler, médecin au centre du sommeil Respire de Haguenau et de Saverne, nous explique quels sont les aspects essentiels à prendre en compte et quels conseils suivre pour trouver un meilleur sommeil.
Le thème officiel de la journée du sommeil 2021, organisé ce vendredi 19 mars est « Bien dormir, pour mieux faire face ». Parfaitement en accord avec la pandémie actuelle. "Nous avons constaté beaucoup d’anxiété depuis un an", explique ce spécialiste en pathologies du sommeil. "C'est lié au contexte général et automatiquement des troubles de types insomnies apparaissent."
Selon le médecin, 50% des Français se plaignent de troubles du sommeil et 20% sont insomniaques. Pour compter parmi les insomniaques, il faut avoir du mal à l'endormissement et des réveils nocturnes, plus de trois fois par semaine et pendant au moins un mois. En outre, ces troubles doivent avoir des répercussions diurnes comme la fatigue, des troubles cognitifs, problèmes d'attention, de somnolence. Enfin, entre 5 et 10% de la population souffrent d'apnée du sommeil, phénomène qui augmente avec l’âge, le surpoids et l’obésité.
Quand les gens viennent chez nous, c'est qu'ils ont déjà vu tous les autres médecins et qu'ils sont en situation d'échec.
Le rôle des centres du sommeil de Haguenau et Saverne
Les centres du sommeil aident les personnes concernées par un mauvais sommeil à trouver des solutions. Plusieurs spécialistes travaillent en équipe pour coordonner l'accompagnement des patients. Ils sont épaulés par une diététicienne, car l'alimentation avant le coucher joue un rôle important, "Il faut manger léger, pas trop gras, éviter les excès d'alcool, qui font monter la température du corps".
Un psychologue, un éducateur sportif et une sophrologue font également partie de l'équipe. "Nous ne donnons ni médicaments, ni somnifères, mais prenons en compte la situation globale de la personne", précise le médecin. Il n'hésite jamais à leur rappeler ce que tout le monde sait ou presque, mais dont on ne tient pas assez compte :
- baisser la température de la pièce à 18 degrés
- faire baisser son rythme cardiaque, donc éviter les excitants comme le sport et l'alcool avant de se coucher
- éviter les écrans et leur lumière bleue pendant deux heures avant le coucher
Se mettre à l'heure avec son horloge biologique interne
Les lève-tôt et les lève-tard n'ont pas les mêmes rythmes. Il est important qu'ils s'accordent avec leur horloge biologique interne. "Le sommeil, c'est comme un train" selon le docteur Marc Pfindler, "C'est la métaphore la plus simple pour expliquer ce qui se passe. Il faut monter sur le quai de gare, quand le train va arriver. Quand il est passé et que le prochain est prévu pour une heure et demie plus tard, ce n'est pas la peine d'attendre sur le quai." Bref, il faut respecter son rythme biologique interne. "Pour tous les métiers, où le rythme naturel des patients ne correspond pas au rythme imposé, il est possible d'harmoniser l'horloge interne avec le poste grâce à la luminothérapie et la mélatonine."
Le changement horaire d'une heure dans la nuit du 27 au 28 mars perturbe aussi certaines personnes sensibles. "Il est possible de décaler ses activités de 10 minutes chaque jour, pour moins souffrir de l'heure de décalage de fin de semaine" propose le spécialiste du sommeil. Mais là encore tout le monde n'est pas logé à la même enseigne selon lui : "Certains ne ressentent rien du tout, et c'est pareil pour les jetlags. Certains ne sont pas dérangés par les décalages entre fuseaux horaires, d'autres oui. D'ailleurs nous aidons les hommes et femmes d'affaires à gérer et mieux supporter ces décalages, pour qu'ils soient quand-même efficaces et capables de se concentrer à l'arrivée."
Un petit test pour vérifier si on dort ou pas
"Beaucoup de personnes pensent qu'elles dorment mal" précise celui qui se qualifie de somnologue, "elles sont très surprises quand elles repartent de chez moi avec une simple feuille A4 blanche. Je leur demande de découvrir leur calendrier du sommeil. Elles notent leurs heures de coucher, d'endormissement, de réveils nocturnes et de lever, pendant un mois. Souvent, ils se rendent compte qu'ils ne dorment pas si mal que cela et ça change déjà les choses."
Pour les troubles plus gênants, comme les jambes sans repos, les apnées du sommeil, les troubles de l’humeur de façon générale, l'équipe de médecins propose au patient le test de l'actimétrie. Il consiste à mesurer de façon continue son activité globale. Pour cela, tous ses mouvements corporels sont enregistrés. Un bilan réalisé sur 48 heures permet de mieux connaître le rythme activité/repos du patient.
Le centre Respire de Haguenau et Saverne, agréé par la Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil, a développé ses activités sportives pour améliorer le sommeil de ses patients. Son expertise et ses bons résultats dans le domaine ont été remarqués par le ministère de la santé qui vient de lui attribuer le label maison sport et santé. Dans les dix dernières années, 15.000 personnes ont pu bénéficier d'une prise en charge par les spécialistes du centre du sommeil bas-rhinois.