Après trente-cinq ans de carrière, Philippe Richert se retire de la vie politique et quitte son mandat de président de la région Grand Est. Un discours d'adieu en forme de plaidoyer, un moment d'émotion évident et une démission compliquée pour celui ou celle qui lui succédera.
Il aura fallu attendre la vingt-septième minute de son discours pour que Philippe Richert annonce la fin de sa carrière politique. "J’ai décidé de ne pas aller au bout de mon mandat, a expliqué le désormais ex-président de la région Grand Est, à 64 ans. "Je me retire totalement du conseil régional et de toutes mes fonctions électives, notamment la présidence de Régions de France." "Il a voulu sortir par le haut", explique le politologue alsacien Philippe Breton.
Un départ aux contours flous
Philippe Richert "a été peu dissert sur les raisons de sa démission, note Philippe Breton. On aurait aimé mieux connaître les raisons de ce départ parce que ça va conditionner la suite." On sait que Philippe Richert se disait blessé par les réactions d’un certain nombre de responsables politiques alsaciens prônant le retour à une région Alsace dans ses limites d’avant la réforme de 2015 : "Je me souviens du maire de Ribeauvillé qui avait une demi-page dans les DNA pour expliquer pourquoi il ne fallait pas le conseil unique, a rappelé Philippe Richert. Et après, au moment de la grande région, il voulait un conseil d'Alsace."
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"Il est clair que la décapitation du budget des régions par le nouveau gouvernement crée une difficulté supplémentaire pour tous les président de région", analyse Philippe Breton. Sans oublier le contexte européen et par exemple, les vélléités d'indépendance de la Catalogne. Un contexte qui "va jouer un rôle" dans la question alsacienne.
Pour autant, si la décision du gouvernement d’amputer les crédits des régions de 450 millions d’euros – qui a conduit les présidents des exécutifs régionaux à claquer jeudi à Orléans la porte de la Conférence des territoires – explique aussi en partie cette décision, Philippe Richert n'a donné qu'une seule raison à sa démission : "permettre à un successeur de préparer l'échéance de la prochaine élection".
La question alsacienne et la succession
"Pour les partisans d'une Alsace forte dans la région, il serait sans doute préférable que le successeur ne soit pas alsacien, afin qu'ils puissent poser de façon claire la contestation", explique Philippe Breton. Sur cette question identitaire, Philippe Richert a déclaré que la seule hypothèse envisageable était "la fusion des deux départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin", mais dans un ensemble Grand Est.
Philippe Richert n'a désigné aucun successeur dans son discours. Plusieurs noms circulent comme celui de Jean Rottner, le maire de Mulhouse ou la Lorraine Valérie Debord. Les conseillers régionaux de la majorité vont préparer la succession les prochaines semaines.
L'émotion
Pendant cinquante minutes, Philippe Richert a surtout évoqué son bilan, son parcours et ses réusssites : "le Mémorial d'Alsace Moselle, le Vaisseau, le Haut-Koengisbourg, les centres d'initiation à la nature, Alsace Archéologie, les nouvelles archives départementales." Avant de finir dans une émotion non feinte, applaudi par une salle acquise à sa cause, debout.