Châlons-en-Champagne : Machaon, l'unique usine de France qui recycle le plastique souple

À la différence des plastiques rigides, plus communs, les plastiques souples ne se recyclent pas. Ou presque : le site de Machaon, à Châlons-en-Champagne, est la seule usine dans l'Hexagone à le faire. En pleine semaine européenne de la réduction des déchets, son profil détonne. 

Que ce soit la poubelle jaune ou la poubelle noire, vos déchets en plastiques souples ne risquent pas d'être bien traités en France. De quoi ça a l'air, un plastique souple ? Ça peut être votre sachet de course, l'emballage des surgelés, ou même du papier bulle. Et s'il est rarement traité, c'est qu'il n'existe en France qu'un seul centre de recyclage : l'usine de Machaon, à Châlons-en-Champagne. 
 



C'est en partant de ce triste panorama que Matthieu Le Bigot et son père Dominique se sont lancés dans le projet Machaon, en 2013. "Je me suis dit qu'il y avait un problème à résoudre, et en même temps une belle opportunité pour une entreprise", résume Matthieu. Pour créer l'usine, ils se joignent à deux entrepreneurs espagnols, Javier Del Ser et Javier Diaz Tejeiro. En Espagne, les deux hommes gèrent déjà plusieurs centres de recyclages similaires. "Leur pays est en avance sur ce secteur, c'était un partenariat naturel, avec une dimension européenne."

Quatre ans plus tard, le projet se concrétise et l'usine ouvre ses portes. Depuis sa mise en activité, la demande ne faiblit pas, assure Matthieu : "On vient de démarrer une deuxième chaîne de production. On est en train d'obtenir les autorisations pour s'étendre en Belgique, et on a déjà les yeux sur un marché prometteur, l'Allemagne."

Ce qui nous intéresses, c'est d'inciter les entreprises à acheter des matières recyclés.
-Matthieu Le Bigot, l'un des directeurs générales de l'usine Machaon.

De la poubelle à l'usine, itinéraire de nos déchets

Tout part de nos ordures ménagères. De là, des "récupérateurs" – des sociétés faisant le lien entre nos poubelles et les usines de recyclage – amènent à Machaon des ballots de plastiques à recycler. Ils ont alors la forme d'un gros cube compressé, pesant entre 500 et 600 kg.

Hector Louleiro, directeur technique à l'usine, nous raconte la suite : "Avec une grue, on charge les ballots, on les mélange et on les fait passer à la déchiqueteuse. Puis, on analyse les morceaux qui sortent, pour mesurer le taux de polyéthylène [la matière plastique la plus répandue]. Après avoir viré les mauvais éléments, on passe les déchets à l'extrudeuse, une machine servant à fondre le plastique." À l'arrivée, on passe d'un ballot pesant plusieurs tonnes, à de petites lentilles de plastique fondu.

Une fois prêtes, ces lentilles seront ensuite chargées dans un silo, pour être envoyés vers des entreprises transformant le plastique en produit fini ou semi-fini. Ce sont eux, les clients de Machaon. Au-delà de l'usine marnaise, c'est d'eux que dépend l'essor des sociétés de recyclages. Matthieu Le Bigot l'explique : "Les transformateurs ont deux choix : le plastique vierge ou recyclé. Le problème, c'est qu'on assiste depuis plusieurs années à une baisse du prix de la matière vierge, notamment à cause des installations chinoises ou américaines." Dans ce contexte, investir dans une usine de recyclage de déchets plastiques souples n'est pas un choix sans risques. Pour l'instant, Machaon est bien partie pour rester la seule usine de France.
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