Aube et Marne : les pucerons verts passent à l'attaque dans les champs de betteraves

Confrontés à une attaque massive de pucerons verts dans leurs champs de betterave, les agriculteurs de Champagne-Ardenne craignent une récolte catastrophique. L'Aube et la Marne sont des gros producteurs.

"C'est une attaque généralisée qui touche l'ensemble des départements betteraviers du Nord de la France. Moi-même qui fait entre autres de la betterave, j'y suis confronté depuis une dizaine de jours. Nous sommes quasiment tous touchés et nous avons tous dû intervenir dans nos champs", commence Laurent Champenois, agriculteur et président de la FDSEA de la Marne. Le problème c'est que la betterave est jeune en ce moment, elle est en pleine croissance au stade quatre-six feuilles, si l'insecte pique dedans et lui transmet le virus de la jaunisse, le feuillage va jaunir, la pousse va être affecter et la racine, que l'on récolte, ne va pas se développer."

Jusqu'en 2018, les semences de betterave étaient traitées avec des néonicotinoïdes qui éloignaient les pucerons verts pendant la durée de vie des plants. Mais ces derniers ont été interdits depuis. "Sur demande des apiculteurs pour cause de mortalité des abeilles", précise Laurent Champenois. Seules deux molécules et donc deux produits, la flonicamide (Teppeki) et le spirotétramate (Movento) sont aujourd'hui autorisé à des stades de développement différent du plant d'où les "interventions" des agriculteurs dans leurs champs.

De quoi contenir les attaques l'an passée, pas celles de cette année ou l'hiver doux et plusieurs semaines sans une goutte de pluie ou favoriser l'arrivée des ravageurs. Devant la virulence de l'assaut, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) a demandé et obtenu le 29 avril un assouplissement des règles en vigueur. Le Teppeki, normalement seulement utilisable au stade six feuilles, se révélant plus efficace que le Movento utilisable plus tôt sur la plante, il pourra, à titre exceptionnel être employé dès le stade deux feuilles.

 


"Ça aurait pu être dramatique"

Le problème est particulièrement épineux dans la région Grand-Est, qui représente 25 % de la production de betteraves. Après l'Aisne, la Marne et l'Aube se hissent sur le podium des départements producteurs dans l'hexagone. Avec 66.000 hectares de betteraves, les surfaces marnaises représentent ainsi à elles seules près de 15% des surfaces françaises, quand l'Aube en est à 28.000 hectares.

Malgré la réaction des agriculteurs et l'assouplissement des règles, la CGB estime déjà un impact sur les rendements de l'ordre de 30 à 50%. "Ces infestations se passent tout de même à un très mauvais moment. La période est déjà difficile avec le Covid", lance le directeur de la Confédération générale des planteurs de betteraves du Nord-ouest, Benoît Yot.

 


Un contexte difficile que le directeur attribut à deux facteurs : un mauvais rendement et une baisse des prix. "En 2018 et 2019, nous avons connu deux très mauvaises années, en raison des sécheresses. En moyenne, on produisait 92 tonnes de betteraves par hectare, le chiffre est tombé à 75 tonnes. Dans le même temps, les prix ont fortement baissé en deux ans. Alors avec l’infestation, ça aurait pu être dramatique." Sans compter que côté pluie, les dernières semaines n'ont pas été prolixes.

S’il assure ne pas croire à un retour des produits néonicotinoïdes, Benoît Yot attends des autorités qu’une vigilance soit maintenu pour éviter d’autres épisodes d’infestations, mais aussi que des mesures soit prise pour protéger le marché européen. "Si rien n’est fait, le marché risque d’être saturés de produits américains, et là encore, la filière serait menacée."
 

Des attaques vouées à se répéter 

"Historiquement, on est une région moins soumise à ces jaunisses virales. C’est pour cela que les attaques de cette saison sont très surprenantes, raconte Maxime Allart, délégué de l’Institut technique de la betterave Champagne-Yonne. Concernant les pucerons verts, nous n’avions pas connu d’attaques similaires avant l’usage des néonicotinoïdes, dans les années 1980." 

 


Face aux attaques, la seule option reste, à court terme, l’usage d’insecticide par pulvérisation aérienne, pour protéger la plante dans les premiers stades de sa croissance. "D’autres attaques seront à prévoir dans les années à venir, commente Maxime Allart. Il faudra nous y préparer." D’ici là, le chercheur espère que de nouvelles variétés génétiques, plus résistantes à la jaunisse virale, pourront être découvertes.
 
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