Des sessions de révision du code de la route pour les seniors, "je veux être sûre d'être en capacité de conduire"

Série de questions, stage de conduite… Depuis mars, la mairie de Fagnières, dans la Marne, organise des révisions du code de la route pour les seniors afin de les informer des nouveautés, de maximiser leur autonomie et d'encourager la sécurité routière.

"Mon permis, je l’ai eu en 1971 ! J’étais prête à accoucher de ma fille à cette époque-là donc je m’en souviens très bien", confie Annie Pinot dans la salle communale Jean Gabin. 52 ans plus tard, cette habitante de Fagnières assiste à une leçon de révision du code de la route.

Une mise au point sur sa pratique motivée par plusieurs raisons. "Je voulais apprendre les nouveaux panneaux de signalisation, l’utilisation des giratoires… Tout un tas d’informations, aussi concernant la conduite de nuit parce que je n’aime plus conduire le soir", poursuit la Fagnièrote.

Des nouveautés à connaître pour les seniors

Avec elle, une vingtaine de seniors participent également à cette deuxième session de révision du code de la route. Une intervention animée aujourd’hui par Alain Delaporte, membre de la Sécurité Routière. "Le code de la route change régulièrement, il est bon de le savoir notamment pour réussir à se mouvoir au milieu de tout le monde : vélos, trottinettes, camions ", explique l’intervenant de la préfecture.

Les seniors ne sont absolument pas plus dangereux que les autres automobilistes. Je n’emploie d’ailleurs jamais le terme "dangereux" quelles que soit les strates de population.

Alain Delaporte, intervenant de la préfecture.

Une initiative de la mairie

Ces révisions pour les anciens sont organisées par la mairie de la commune. Une idée qui a émergé juste après la pandémie de Covid-19, lors d’un "thé dansant", où élus et habitants de la commune, composée à 60% de seniors, ont échangé au sujet de leur conduite.

"Le grand débat, c’était : comment prendre un rond-point ?", se souvient l’adjoint au maire de la commune, Siva Mourougane. "Ils demandaient : faut-il prendre la file de gauche ou de droite ?", rapporte à son tour le maire, Denis Fenat. "Certains ont passé leur permis il y a plus de cinquante ans. Donc, ils expliquaient ce qu’ils avaient appris à "l'époque" et avaient du mal à comprendre les usages actuels", termine l’élu.

Je suis très prudente au volant. Mais je ne connais pas toujours les nouveaux panneaux et je veux être sûre d’être en capacité de conduire. 

Béatrice Savage, conductrice senior

Grâce au financement de l’assurance Groupama, partenaire du projet, les élus ont organisé la première séance le mois dernier, en mars. Elle était présentée par l’auto-école de Sézanne qui proposait une série de code. "Quarante questions ont été posées. Dans la salle, c’était le silence total : tout le monde était très concentré", étaye l’adjoint au maire. Face au grand écran, une trentaine de participants. "Ils posaient plein de questions. On a même terminé à 17h30 au lieu de 16h", précise l’adjoint au maire, Siva Mourougane.

Bientôt un stage de conduite

Juste après la théorie, c’est au tour de la pratique. En mai, 26 volontaires pourront s’inscrire à la mairie de Fagnières pour participer à un stage de conduite. Par la suite, les élus souhaiteraient organiser une séance par mois pendant un an. "Les anciens pourront poser autant de questions qu’ils veulent. D’ailleurs, aucun examen n’est prévu à la fin", précise le maire.

Le véhicule, c’est une forme d’indépendance. Si on interdisait de conduire aux anciens, ils seraient encore plus démunis. Notamment en milieu rural, lorsqu’il n’y a pas de transports en commun adaptés.

Patrick Seiler, conducteur senior

Aucune limite d’âge précise n’est fixée non plus, poursuit le maire, Denis Fenat. "Il faut avoir passé son permis depuis longtemps, mais surtout en ressentir le besoin." À terme, l’objectif pour les aînés de Fagnières, et ceux des villages autour, est de maîtriser le nouveau code de la route. "L’idée, c’est qu’ils s’intègrent le mieux possible dans la circulation, qu’ils restent alertes au volant pour qu’ils puissent encore garder leur autonomie grâce à leur voiture", conclue le maire.