Vendredi 5 mai, l’artiste connu pour ses positions controversées d’extrême droite doit se produire dans une salle de la ville de Reims. Un événement dénoncé par plusieurs associations et partis politiques, qui demandent aux pouvoirs publics de l’interdire.
Plusieurs de ses concerts en France ont été annulés – à Grenoble, Lille et Dijon. Certains ont été maintenus, comme à Bordeaux. Millésime K est un rappeur aux textes polémiques, très souvent sexistes, racistes et homophobes.
Le patriotisme comme marque de fabrique
Après avoir sorti trois albums en moins d’un an, l’artiste controversé a donc entamé une tournée à travers toute la France. Reims est sa prochaine étape, mais sa venue est largement contestée. Dans un communiqué en date du 26 avril, la section de Reims de la Ligue des Droits de l’Homme alerte le préfet, la présidente du Grand Reims et le maire de la ville, considérant que « les paroles des chansons, comme les interventions et interviews de cet artiste sont une atteinte aux valeurs de respect, de liberté, de solidarité, d’égalité ».
L'association rajoute : "Sur son canal Telegram aussi, il enchaîne positions racistes et menaces à l'encontre des personnes LGBTQIA+, comme lorsqu'il poste une photo d’Éric Zemmour armé d'un fusil avec la légende « sur les travlos ». Lui-même pose en photo en compagnie d'une responsable de Reconquête, le parti du même Éric Zemmour ».
Pour le moment, la préfecture de la Marne n’a pas encore pris de décision concernant la tenue ou non de ce concert. « Millésime K » se revendique donc patriote, c’est d’ailleurs le nom qu’il a donné à cette première tournée dans l’Hexagone. Dans ses clips, l’artiste est vêtu d’un costume cravate impeccable, débitant inlassablement des paroles aux accents nationalistes. Exemple avec son titre « Jeanne d’Arc », dans lequel il se met en scène sur les hauteurs de Grenoble.
A la fois décrié et plébiscité, Millésime K fait reposer son succès sur les réseaux sociaux. Sur Tiktok, le chanteur compte plus de 700 000 abonnés, près de 140 000 sur sa chaîne Youtube et 60 000 sur Instagram. Une notoriété qui inquiète justement la Ligue des Droits de l'Homme : "Millésime K se sert des codes dit « jeunes » sur les réseaux sociaux pour toucher des personnes, des adolescent·e·s et les préparer à une guerre civile contre les personnes non blanches et les personnes LGBTQIA+. Nous ne pouvons pas laisser Millésime K diffuser des théories complotistes et racistes tel que le « grand remplacement ». Nous ne pouvons décidément pas laisser le fascisme entrer dans la tête des adolescent·e·s comme une chose acceptable et défendable" dénonce-t-elle.
Le lieu du concert connu peu de temps à l'avance
Patriote, nationaliste, jusqu’au point de se filmer – dans le clip « Tricolore », au milieu d’un champ de vaches, accordéon à la main et dégustant des spécialités françaises sur une table recouverte d’une nappe à carreaux, façon Bonne Maman. Des clichés qui lui permettent, selon lui, de mettre en avant la France rurale et agricole, qu’il défend à chacun de ses concerts.
Hormis la date et la ville, les indications pour ses concerts sont relativement pauvres. Les billets se prennent directement sur son site internet, sans que l’on sache exactement où se trouve le lieu de l’événement. Une fois le ticket acheté, il est précisé que « l’adresse exacte sera envoyée juste avant l’événement », pour « des raisons de confidentialité ».