Donald Trump sera de nouveau à la Maison Blanche en janvier 2025. Le futur président des États-Unis a promis pendant sa campagne d'instaurer des taxes supplémentaires sur tous les produits importés. Une mesure qui inquiète la filière champagne, dont une bouteille sur dix part aux États-Unis.
Les États-Unis sont de loin le premier marché du champagne à l'export. En 2023, près de 27 millions de bouteilles y ont été expédiées pour un montant total de 810 millions d'euros. À titre de comparaison, le Royaume-Uni, deuxième marché à l'export représente 550 millions d'euros pour 25,5 millions de bouteilles.
Le président élu républicain veut remonter de 10 à 20% les taxes à l'importation pour les produits entrant aux États-Unis. La mesure, si elle est bien mise en place, toucherait l'ensemble des catégories de produits. Une telle perspective inquiète la filière champagne.
"C'est quelque chose que nous prenons évidemment très au sérieux et nous y travaillons avec toutes les parties prenantes", explique David Chatillon, président de l'Union des maisons de champagne, interrogé sur le plateau d'ICI 19/20 Champagne-Ardenne le jeudi 7 novembre 2024.
"Il y a deux nouvelles équipes qui sont aux manettes des deux côtés de l'Atlantique. L'administration Trump côté américain, qui prendra ses fonctions en janvier, et la nouvelle commission européenne, côté européen. Puisqu'on parle de commerce international, je rappelle que l'Union européenne a la compétence exclusive en la matière", ajoute-t-il. "Ce que nous appelons de nos vœux est que ces deux équipes engagent rapidement un dialogue transatlantique constructif pour instaurer des relations commerciales apaisées parce que personne n'a intérêt à l'escalade."
Car les conséquences d'une telle mesure seraient selon lui "mauvaises pour tout le monde". Elle toucherait évidemment les exportateurs de champagne. Mais aussi tous les secteurs d'activité qui vivent de la vente de vins et de spiritueux aux États-Unis. "Je pense évidemment aux entrepositaires, aux logisticiens, mais aussi à la restauration, aux bars, et tous ceux qui vivent de près ou de loin du commerce du vin aux Etats-Unis. C'est ça que nous tentons d'expliquer aux Américains, à la Commission européenne et à la France, pour qu'elle porte ce message à Bruxelles."
"Effets en cascade"
Lors de son premier mandat, l'administration Trump avait mis en place des droits de douane de 25 % sur l'importation de produits agricoles européens, dont les vins tranquilles, une mesure liée à un conflit entre l'Europe et les États-Unis relatif aux constructeurs aéronautiques Boeing et Airbus. La filière champagne était exemptée de ces taxes.
"Nous étions à l'époque très solidaires de nos amis des autres régions, mais le champagne était exempté de cette taxe et paradoxalement cela a été des années très favorables pour le champagne aux États-Unis. C'est souvent lié à la situation économique du pays et les années Trump ont été plutôt favorables pour l'économie américaine", rappelle David Chatillon.
L'instauration de droits de douane touchant toutes les importations aux États-Unis aurait des conséquences importantes, dont l'ampleur est difficile à mesurer pleinement. "Il peut y avoir des effets en cascade très importants. Si on évalue l'effet du protectionnisme annoncé par Trump et les représailles identiques de la part de tous les partenaires commerciaux des États-Unis, on a des baisses du commerce de 3 à 4 % au niveau mondial, c'est à peu près la baisse de commerce qui a eu lieu l'année de la Covid-19", pointe Antoine Bouët, directeur du CEPII, professeur de science économique à l'université de Bordeaux, interrogé sur France Inter le 7 novembre 2024. Mais certaines filières risquent d'être bien plus touchées que d'autres.