Vous l'aurez sûrement remarqué, il a peu plu dans les départements de Champagne-Ardenne ces derniers mois. Les conséquences sur les cultures restent pour l'instant limitées, mais il ne faudrait pas que cela dure trop.
Sur la période entre septembre 2021 et mars 2022, qui correspond à la saison de recharge des nappes phréatiques, Météo France a enregistré 407 mm de précipitations dans les départements de l'ancienne région Champagne-Ardenne, à savoir la Marne, l'Aube, les Ardennes et la Haute-Marne.
Cela correspond à 77 % de la normale, qui est sur la même zone de 526 mm de précipitations cumulées. Et si l'on regarde plus précisément la période mois par mois, le déficit a été présent dans chacun d'entre eux, sauf celui de décembre 2021 quasi-normal.
C'est au mois de mars que la plus faible pluviométrie a été mesurée dans la région, avec seulement 25 mm, contre 70 mm pour la normale, selon les données communiquées par Météo France ce 9 mai. Enfin, si le mois de mai reste aussi sec qu'il a débuté, il sera encore plus déficitaire que le mois de mars.
Cette moyenne régionale cache bien sûr quelques disparités, comme nous l'explique Météo France. Dans les Ardennes, une partie de l'Argonne, dans le sud-est du département, subit un déficit de pluies plus marqué. Dans la Marne, c'est le cas à la frontière avec la Meuse. Dans l'Aube, le sud du département est davantage concerné, quand en Haute-Marne cela concerne plus le flanc est.
Ce manque de précipitations n'est toutefois pas historique. C'est le 13e le plus marqué depuis 1959 dans la région. Il faut remonter au début des années 1970 pour atteindre le haut du classement.
"Il y a des champs où c'est déjà un peu trop tard"
Du côté des agriculteurs, une certaine appréhension se fait sentir. "Pour l'instant, il n'y a encore pas de grosses inquiétudes concernant cette sécheresse. Mais s'il ne pleut pas d'ici la fin du mois de mai, ce sera complètement différent en terme d'analyse", nous indique ainsi Hervé Lapie, le président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de la Marne.
On est dans un début de période de sécheresse. Pour l'instant les dégâts ne sont pas énormes, mais il faudrait qu'il pleuve de manière assez significative.
Hervé Lapie, FDSEA de la Marne
Le manque d'eau en ce mois de mai va surtout manquer aux cultures de printemps. C'est le cas par exemple des pois protéagineux, qui ont besoin d'eau au moment de la floraison. "Ils vont bientôt fleurir, s'il n'y a pas d'eau cela risque d'impacter très fortement le rendement", explique Hervé Lapie. "
"Il y a des champs où c'est déjà un peu trop tard", indique de son côté Jean-Baptiste Collard, installé en polyculture et élevage de volailles à Somme-Tourbe dans l'est de la Marne. Son exploitation de 215 hectares est située en pleine Champagne crayeuse. "On a la chance d'avoir des sols qui restituent plutôt bien l'humidité de l'hiver", précise-t-il. Ses plantations récentes d'orges de printemps ou de betteraves sont concernées par les conséquences du manque d'eau. "On n'a eu que 5 millimètres ce week-end. On voit que ça fait un petit coup de bien, mais c'est vite absorbé."
On est dépendant de la météo comme tous les ans. Ce qu'on dit c'est mauvais temps, c'est temps qui dure longtemps. Que ce soit l'eau ou le soleil qui dure trop longtemps, ce n'est jamais bon.
Jean-Baptiste Collard, agriculteur
Pour les cultures d'hiver, comme les blés ou les colzas, la situation est également difficile. "C'est la période un peu critique pour le remplissage des grains. Le risque c'est que si ça dure trop longtemps, c'est que toutes ces cultures là soient de moins bonnes qualités", précise Jean-Baptiste Collard.
Pour l'instant, aucun département de Champagne-Ardenne n'est concerné par un arrêté de restriction d'usage de l'eau. Au niveau national, dix départements ont déjà dépassé le seuil d'alerte.