Très décriée, l'huile de palme fait son retour. Cette fois-ci, dans les biocarburants. Une catastrophe pour l'environnement, selon certains. Quelles conséquences pour le site de Bazancourt, dans la Marne, qui produit déjà du biocarburant à base de betterave ou de colza ?
"Un vrai scandale écologique" s'insurge le maire de Reims, Arnaud Robinet, "Total va anéantir nos efforts d'autonomie en matière de protéines" renchérit le président de la région Grand-Est, Jean Rottner. "Que fait le gouvernement ?" s'interroge la présidente du Grand Reims, Catherine Vautrin. Sur Twitter, les réactions des élus vont bon train.
D'un côté, la bio-raffinerie de La Mède de Total. De l'autre, des associations de défense de l'environnement, des élus marnais.
Avec son projet de biocarburant, la raffinerie de Total, près de Marseille, consommerait chaque année, 550.000 tonnes d'huiles de palme. De quoi faire bondir les importations françaises de cette huile végétale tant décriée. De quoi faire bondir aussi les ONG.
Pour Greenpeace et les Amis de la Terre, cette huile produite en Malaisie et en Indonésie entraîne une déforestation et fragilise l'écosystème. Ce qui menace les populations de rhinocéros, d'orangs-outans et de tigres et affecte des populations locales.
Face aux critiques, Total s'engage à se fournir en huiles de palme "labellisées". Ces systèmes de certification sont toutefois jugée insuffisants par des ONG et des industriels.
Total a dit auparavant vouloir utiliser 60 à 70% d'huiles végétales, de l'huile de palme mais aussi de colza, de soja ou encore de tournesol et de 30 à 40% d'huiles alimentaires usagées et d'huiles résiduelles.
Suppression progressive de l'huile de palme dans les biocarburants d'ici 5 ans ?
Les députés européens ont voté en janvier pour une suppression progressive de l'huile de palme dans les biocarburants d'ici 2021. Ce vote, qui n'est pas contraignant, doit faire l'objet d'une négociation avec le Conseil européen et la Commission.
L'utilisation de l'huile de palme dans des secteurs comme la nourriture ou les cosmétiques a déjà diminué en Europe, mais elle a augmenté dans le domaine des biocarburants.
Les réactions dans la Marne
"Si cela se confirme, c’est un vrai scandale et notamment écologique! À quoi servent les investissements publics et privés autours des pôles de compétitivité tel que le pôle Industries et Agro-ressources. Élus et forces vives du territoire, mobilisons nous auprès du gouvernement, lance le maire de Reims, Arnaud Robinet, sur son compte twitter."
Si cela se confirme, c’est un vrai scandale et notamment écologique! À quoi servent les investissements publics et privés autours des pôles de compétitivité tel que le @PoleIAR? Élus et forces vives du territoire, mobilisons nous auprès du gouvernement! https://t.co/UW02HcNPkQ
— Arnaud Robinet (@ArnaudRobinet) 10 mai 2018
"Incroyable d'apprendre que Total voudrait remplacer l'essence par un biocarburant à base d'huile de palme. Que fait le gouvernement ? s'agace la présidente du Grand Reims, Catherine Vautrin qui invite les ministres de l'écologie et de l'économie : Bruno le Maire, Sébatien Lecornu et Nicolas Hulot sur le site de Pomacle Bazancourt.
Incroyable d’apprendre que Total voudrait remplacer l’essence par un bio carburant à base d’huile de palme. Que fait le Gouvernement? Avec @JeanROTTNER on invite à Pomacle Bazancourt @BrunoLeMaire @SebLecornu @N_Hulot
— Catherine Vautrin (@CaVautrin) 9 mai 2018
Le président du Grand-Est, Jean Rottner, aussi, réagit. "Total et son projet d'usine de biocarburants à base d'huile de palme, va participer à l'anéantissement de nos efforts d'autonomie en matière de protéines".
.@Total et son projet d'usine de biocarburants à base d'huile de palme, va participer à l'anéantissement de nos efforts d'autonomie en matière de protéines.
— Jean ROTTNER (@JeanROTTNER) 10 mai 2018
1/2 @N_Hulot @SebLecornu @BrunoLeMaire
Et le site de Pomacle-Bazancourt, dans tout ça ?
La bio-raffinerie de Pomacle-Bazancourt, dans la Marne, fait office de modèle en matière d'écologie industrielle. Le site transforme des agroressources en produits utilisés en agriculture, chimie, cosmétique et bioénergie (blé, betteraves). Elle est une alternative aux énergies fossiles.Le projet Futurol vise à mettre sur le marché un procédé, des technologies et des produits (enzymes et levures) pour assurer la production de bioéthanol de deuxième génération à partir de plantes entières dédiées mais aussi de coproduits agricoles et forestiers, résidus verts et autre biomasse lignocellulosique.