Tri des déchets : pourquoi les nouvelles consignes ne sont toujours pas respectées

Finis les pots de yaourt dans les poubelles vertes. Depuis le 1er janvier 2023, les consignes de tri ont évolué pour valoriser plus de déchets recyclables. Alors 6 mois après la mise en place de cette nouvelle mesure, quel bilan? Reportage.

Plus besoin de s’emmêler les pinceaux entre poubelle d’ordure ménagère ou tri des déchets pour nos conserves et pots de yaourts. Tout ce qui constitue un emballage ou du papier est désormais à mettre dans la poubelle jaune.  Voici ce que prône la nouvelle mesure du Grand Reims, prise le 1^er janvier 2023, concernant les consignes de tri pour nos déchets. Une mesure prise par soucis d’écologie comme d’économie afin de réduire et d’optimiser notre production de déchet.

Au cœur de ce processus de sélection des détritus, les ripeurs possèdent une fonction déterminante opérant le lien entre citoyens et centre de tri.

Selon Eddy Corabœuf, capitaine d’équipage de l’une des équipes du Grand Reims qui collectent en camion les déchets, cette nouvelle mesure se ressent notamment dans le volume de déchets récoltés chaque jour. « Une augmentation de tout ce qui est pot de yaourt, journaux, cartons, ça nous fait une charge en plus » nous confie t'il en pleine tournée. Une augmentation, qu’il estime de l’ordre de 300kg par semaine.

Seize salariés y trient 4 tonnes par heure 

Malgré l’enthousiasme naissant, il persiste tout de même quelques mauvais élèves. On constate bon nombre de déchets hors gabarit, d’ordures ménagères ou encore de déchets verts, placés dans les containers jaunes. Mais tout cela n’est pas sans conséquences…

Pour preuve, nous le constatons dès notre arrivée au centre de Trivalfer près du fort de la Pompelle dans le sud de Reims. Là, les camions déversent des tonnes de déchets qui sont ensuite triés. Seize salariés y trient 4 tonnes par heure. 

Installés l’un en face de l’autre, séparés par un tapis roulant qui défile à vive allure, ils doivent repérer et récupérer à bout de bras, des déchets imposants qui n’ont pas lieu d’être.  Tout en gardant un rythme effréné, ils lancent dans des bacs ces encombrants improbables. Des câbles optiques, des bouteilles en verre, du ciment, ainsi qu’un nombre conséquent de cartons hors gabarit comme des bouteilles de gaz. 

"Nous avons rentré exactement 144 tonnes au 31 mai"

Carole Le Breton, directrice adjointe aux déchets du Grand Reims

Une tâche absurde qui pourrait être évitée si les usagers indélicats portaient un peu plus d’attention à leur façon de trier. C’est dans ce centre Trivalfer, que Carole Le Breton, directrice adjointe aux déchets du grand Reims, fait le point sur cette mesure prise début janvier. Presque six mois après le lancement de l’élargissement des nouvelles consignes de tri : « les résultats sont certes positifs », explique t'elle « parce que nous avons rentré exactement 144 tonnes au 31 mai. Est-ce suffisant ? Bien sûr que non ! Car on est loin des 800 tonnes espérées cette année».

Un bilan bien en dessous des espérances de la directrice adjointe puisque sur les 27 000 tonnes d’emballages et papiers estimés, seulement 14 000 tonnes ont été triées au sein du centre. Un résultat, qui n’est pas dû au manque d’efficacité du site de tri, mais au manque d’implication de la population, négligeant le tri en cédant à la facilité de tout placer dans le bac à ordure ménagères. 

Des déchets qui n'auraient pas du arriver ici 

Par ailleurs, il faut aussi prendre en compte que sur les 14 000 tonnes d’emballages et de papiers passés sous le contrôle du centre de Trivalfer, on retrouve « des déchets […] qui n’auraient jamais dû arriver ici, ça représente 16% de refus de déchets qui ne sont pas valorisables en tant que tels et qui doivent être dirigés vers d’autres filières. » poursuit Carole Le Breton. Soit  au total 1 800 tonnes de déchets inadéquats, tout droit sortis des bennes, à extraire par les équipes de manutention de Trivalfer.

Mieux trier, ça passe déjà par mieux s’informer

Seuls 5% des emballages et papiers jetés sont reçus et triés par Trivalfer afin d’être transportés vers des usines de recyclage. Ce petit chiffre témoigne des grands efforts à encore produire en matière de sensibilisation au tri. Comment savoir si mes plastiques sont recyclables ? Que puis-je jeter dans les containers de tri ? Que constitue des déchets hors gabarit ?

Tout d’abord quelques précisions sur ce que constitue un emballage d’après Citéo : « Un emballage permet de contenir un produit, de faciliter son transport ou sa mise en rayon, qu'il soit en plastique, papier, métal ou verre. Il sert à conserver et à protéger, à éviter que le produit ne soit abîmé voire cassé, à regrouper plusieurs produits et à informer le consommateur. »

En cas de doute, un récapitulatif des différents types de déchets ainsi que la poubelle qui leur est associée, est consultable directement en ligne, sur le site du Grand Reims .

Lors de l’achat d’une nouvelle télé, d’un nouveau frigo ou bien de nouveaux meubles, ces objets se veulent communément livrés dans de grands cartons. Ces derniers, souvent imposants, constituent un véritable calvaire pour les centres de tri. Ces déchets sont considérés comme hors gabarit, ne pouvant être contenus dans une poubelle classique. Il est alors préconisé soit de les sectionner pour faciliter le tri par les agents ou bien de les déposer à la déchetterie.

La revalorisation de nos déchets d’aujourd’hui est un enjeu crucial puisqu’il constitue l’économie de demain. Une économie fondée sur la revente des matériaux recyclés, préalablement triés par les centres de la commune et en amont par ses habitants. C’est donc un travail de longue haleine mais également une véritable élaboration collective afin de viser une économie plus juste et un monde plus vert. 

Avec Romane Rolland