Christian Muller : "Je ne veux pas être un écolo-facho mais militer en images pour sauver les paysages du Ried"

Christian Muller est né à Strasbourg, mais est fasciné par le Ried depuis qu'il y a mis les pieds pour la première fois il y a plus de 40 ans. Avec son association « La bulle du Ried », il réalise des films pour témoigner de la beauté de ce territoire et insister sur la nécessité de le préserver.

Entre Christian Muller et le Ried, c'est une véritable histoire d'amour, un coup de foudre même. Le Strasbourgeois de naissance n'a découvert ces paysages entre Colmar et Strasbourg qu'à une vingtaine d'années. Il était alors étudiant en faculté de biologie et participait à une sortie ornithologique. Un émerveillement pour ce passionné de nature, une faune et une flore foisonnantes tout près de chez lui.

Ce décor, il l'a d'abord écumé pour le plaisir. À pied et dans l'eau. Christian Muller a beaucoup plongé dans les gravières du Ried, dont la biodiversité est extrêmement riche et méconnue. Désormais, il le sillonne en le filmant pour faire connaître sa beauté mais aussi alerter : le Ried est en danger. Et les conséquences sont lourdes.

Son travail du moment avec son association "La bulle du Ried" : un film sur le saule têtard, arbre emblématique du Ried qu'"il faut absolument sauver". Il est un refuge pour de nombreuses espèces, des insectes, des oiseaux, des hérissons, des chauves-souris... "Beaucoup d'arbres ici ont 300 ans, on dirait qu'ils sont morts, mais ce n’est pas le cas", insiste-t-il. Au contraire, plus l'arbre se creuse en vieillissant, plus il héberge d'espèces animales et végétales.

Engagement politique

"Ces arbres, plantés par l'homme, étaient autrefois très appréciés pour leur bois, plébiscité pour le chauffage et la vannerie. Aujourd'hui, beaucoup les considèrent comme inutiles", explique-t-il. Conséquence : ces saules sont délaissés. "Ils doivent pourtant impérativement être entretenus", c'est-à-dire taillés régulièrement pour garder leur forme particulière que l’on appelle « têtard », soit une grosse tête de tronc. Des branches trop nombreuses et trop lourdes risquent de faire tomber les arbres et de priver animaux et végétaux de leur hébergement.

Christian Muller peste, surtout que bon nombre de "trognes" ont déjà été abattues dans le Ried. Les zones boisées, les prairies et les haies perdent du terrain au profit du maïs, toujours plus nombreux. "Si on n’avait que du maïs, on n’aurait plus d’insectes, donc plus de pollinisation et plus de maïs non plus. Il faut préserver les arbres, les haies", prévient-il. 

Le chercheur au CNRS a investi il y a 10 ans dans une dynabulle, une sorte de montgolfière propulsée par une hélice, puis dans plusieurs drones pour filmer le Ried depuis les airs et sous l'eau. Il a aussi décidé de se présenter aux élections départementales de juin 2021 à Erstein, sous l'étiquette écologiste, pour défendre ce territoire alsacien. "Je ne veux pas être un écolo-facho, assure-t-il. Mais si les gens se rendent compte de la beauté, de la rareté, de l’importance de ce territoire, ils auront envie de le préserver et le protéger". 

Christian Muller souhaite présenter ses films dans les écoles pour sensibiliser les enfants à la richesse du Ried et à son dangereuse évolution.

 

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