Confinement : les assistantes maternelles ont été "sollicitées du jour au lendemain, par de nouveaux parents"

Après des annonces gouvernementales contradictoires, les assistantes maternelles peuvent finalement continuer à accueillir des enfants pendant ce confinement. Des tergiversations difficilement compréhensibles pour les professionnels de la petite enfance. 

 

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“Je ne comprends pas pourquoi il y a eu tous ces tâtonnements de la part du gouvernement. Les leçons de l’année dernière n’ont pas été tirées.” Céline Picolo ne mâche pas ses mots. Cette assistante maternelle, basée à Troyes, vient de vivre un week-end mouvementé. La nouvelle est tombée vendredi soir : les assistantes maternelles peuvent finalement accueillir des enfants lors des trois prochaines semaines, comme cela a été le cas lors des précédents confinements.

Une clarification émise près de 48 heures après l’allocution d’Emmanuel Macron. Le président de la République annonce alors la fermeture pour trois semaines des crèches et des écoles sans préciser le sort des assistantes maternelles. Un suspense inutile pour Céline Picolo : “Pour nous, travailler dans ce contexte de crise sanitaire, c’est devenu une routine. Cela fait un an qu’on travaille comme ça, on est habitués à cette situation. Alors tout ce flou, ce cafouillage de la part du gouvernement, je ne le comprends pas !" Conséquence : il a fallu s’organiser dans l’urgence.

Nous n’avons eu que le week-end pour gérer la situation et refaire nos plannings. Tout ça a été source de stress, pour nous et pour les parents aussi.

Céline Picolo, assistante maternelle à Troyes

Océane Pierre, maman d’une petite-fille de 2 ans est du même avis. Cette habitante de la Chapelle-Saint-Luc, dans l’Aube est auxiliaire de vie et s’occupe de personnes âgées. “Je suis mère célibataire, je gère donc seule la garde de ma fille. Et la semaine dernière, avant la clarification du gouvernement, j’ai bien cru que j’allais devoir abandonner mes patients. Sans ma nounou, impossible de continuer à travailler ! ” 

L'heure est donc au soulagement du côté des parents mais aussi des assistantes maternelles. Sylvette Balon garde quatre enfants à Troyes. Elle exerce sa profession depuis 2012 et n'aurait pas pu se permettre de suspendre son activité : "J'élève seule mes enfants et j'ai encore un adolescent à la maison. En arrêtant de travailler, je n'aurais perçu que 80% de mon salaire et j'aurais perdu les indemnités journalières. Impensable ! " 

 

Protocole renforcé

Les micro-crèches sont elles-aussi concernées par cette autorisation de poursuite d'activité. Ces structures peuvent accueillir jusqu'à 10 enfants. Un protocole sanitaire renforcé a été transmis à l'ensemble des professionnels de la petite enfance. "J'ai commencé à me plonger dedans. Il y quelques indications en plus sur la vigilance renforcée face à certains symptômes mais honnêtement, on est habitués maintenant", détaille Patricia Bué, directrice de trois micro-crèches à Reims.

Des consignes aujourd'hui très bien acceptées par la majorité des parents. Chacune des structures de Patricia Bué affiche quasiment complet. "Bien sûr, nous savons qu'il faut faire encore plus attention avec les variants. Mais les parents nous font confiance et surtout, pour beaucoup, faire garder leur enfant est un impératif, pas une option," explique la directrice de crèches. 

Les assistantes maternelles, elles, sont soumises au même décret que le printemps dernier et peuvent accueillir simultanément six enfants au lieu de quatre. Un accueil élargi pour coller à une hausse des demandes. 

 

Absolue nécessité

"Du jour au lendemain, j'ai été sollicitée par de nouveaux parents. Ils n'ont pas d'autre option et naviguent à vue. Je me retrouve même à faire des CDD de trois semaines", confie Sylvette Balon assistante maternelle à Troyes. Dans la région comme partout en France, les vacances ont été avancées. Elle auront lieu du 10 au 25 avril inclus, soit deux semaines plus tôt que prévu. 

Officiellement, dans un communiqué, le gouvernement "recommande aux parents dans un esprit de responsabilité collective, de ne pas recourir à ce système de garde, sauf en cas d’absolue nécessité, afin de tout faire pour freiner la circulation du virus". 

"J'ai beaucoup d'enfants de soignants, donc là, évidemment, on les accueille. Sinon, je laisse les parents juger. Libres à eux de décider de ce qu'est une "absolue nécessité" et de faire en fonction", explique Patricia Bué, la directrice de trois micro-crèches rémoises. 

Une opinion partagée par Sylvette Balon. L'assistante maternelle auboise n'a refusé aucun enfant. "J'ai des parents qui sont aides à domicile, une autre maman qui est femme de ménage, une autre qui travaille avec des personnes en situation de handicap. Mais honnêtement, même pour ceux qui sont en télétravail, je ne vois pas comment il est possible de faire sans assistante maternelle !", conclut-elle. 

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