Depuis la mi-mars, l'arrivée de l'épidémie de covid19 puis le confinement, la consommation des oeufs à fortement augmenté en France, entre 30 et 60% selon le Comité National pour la Promotion de l’Oeuf. L’Alsace est particulièrement concernée.
Après le papier toilette ou la farine, les clients se ruent sur les oeufs. L’explication est simple : les confinés ont le temps de cuisiner. Et en l’absence de restaurant et de cantine, ils prennent le temps de se faire à manger et aussi pas mal de pâtisseries.
Protéine la moins chère
Il faut dire que l’oeuf est bon marché et peut se conserver assez longtemps. Il se consomme en moyenne 28 jours après la date de ponte. En temps normal, la France est autosuffisante, l’Alsace pas tout à fait. Selon Laurent Fischer, éleveur à Lingolsheim, les agriculteurs alsaciens produisent 60% des oeufs consommés en Alsace. Ils ne sont donc pas assez nombreux pour faire face à la demande.Le chef du service élevage de la chambre d’agriculture du Haut-Rhin confirme le décalage entre la production et la demande, et les problèmes d’approvisionnement que cela pose pendant le confinement. Mais il n’y a pas de solution immédiate. "Dans les poulaillers, on ne peut pas faire plus, les poules pondent un oeuf par jour" explique-t-il.
A Lingolsheim, Laurent Fischer possède 7.000 poules et a une production de 6.000 oeufs par jour. Il estime la hausse de la consommation comprise entre 30 à 40% en Alsace depuis le confinement. A Feldbach, dans le Haut-Rhin, le Gaec (groupement agricole d’exploitation en commun) St Jacques a mis en place un distributeur à oeufs depuis trois ans. "On met d’habitude 300 oeufs tous les jours, depuis le confinement, il y en a 450, soit un tiers de plus".
Cette hausse de la demande n’a pas entraîné une augmentation du prix de l’oeuf. Cela reste surtout un service destiné à la clientèle locale très fidèle. Des clients qui achèteraient d’ailleurs bien des poules à ce regroupement d’éleveurs. Mais elles ne sont pas à vendre…
Comment faire face à cette hausse de consommation ?
Pour accélérer la cadence et accroître la production d’oeufs il faudrait des bâtiments vides et des oeufs à faire couver. Selon la chambre de l’agriculture du Haut-Rhin, cela prendrait au moins trois mois à mettre en place sans compter les trois mois de cycle minimum. Mais même si le secteur de l’oeuf est en forte tension en ce moment en Alsace, on en est pas au stade de la pénurie. Car les entreprises d’ovoproduits qui fournissent d’ordinaire les restaurations collectives et commerciales réorientent les oeufs disponibles vers la distribution.La filière tient aussi à rassurer : « La France est le premier pays producteur d’oeufs en Europe et met chaque année sur le marché plus de 14 millions d’oeufs .» Le Comité pour la promotion de l’oeuf reste mobilisé pour répondre au boom de la demande mais appelle les consommateurs à ne pas stocker.