Jean-Claude Mensch est maire d'Ungersheim depuis 1989. Cela fait plus de quinze ans qu'il se bat pour tenter de faire de son village un exemple en matière d'écologie. Comment se positionne t-il par rapport à la COP24 qui se tient cette année en Pologne ?
Nous profitons de la COP24 , qui se tient en Pologne du 3 au 14 décembre 2018, pour donner la parole à des personnalités en faveur du climat. Jean-Claude Mensch, maire d'Ungersheim, village en transition, a bien voulu répondre à nos questions.
Quelles sont les actions concrètes que vous menez en faveur du climat ?
C’est d’abord le lancement d’un plan climat territorial au niveau de la M2A (Mulhouse Alsace Agglomération) en 2006 où je m’investis en tant que vice-président chargé du développement durable et avec une forte implication sur le plan local sur la commune d'Ungersheim. On a réalisé une toiture solaire thermique pour chauffer l’eau de la piscine de 120 m² puis ensuite par l’abandon des pesticides et des engrais chimiques sur tous les espaces verts, les cimetières et terrains de sport.En 2007, par la diminution de la consommation de l’éclairage public et par l’installation d’une chaufferie bois et en réseau de chaleur qui aliment 7 bâtiments communaux au total.
En 2009, c’est la démocratie participative avec un conseil participatif, un conseil des sages et un conseil jury citoyen. C’est aussi le lancement de la cantine scolaire 100% bio tous les jours de la semaine.
En 2011, on adhère au mouvement « Ville et Village en transition » avec pour objectif de tendre vers l’autonomie énergétique et alimentaire tout en impliquant au maximum le citoyen.
C’est le triptyque de nos 21 actions qui ont fait l’objet d’un film « Qu’est-ce qu’on attend ? » qui retrace toutes ces actions.
Quelles retombées en ont été tirées ?
Aujourd’hui on peut comptabiliser 600 tonnes de gaz à effet de serre en moins par an sur la commune.On a initié la plus grande centrale solaire d’Alsace de 5,4 mégawatts et une autre commence de 5 mégawatts sur un autre terril.
On a un chantier en cours à l’Ecomusée d’ombrières de près de 2,5 mégawatts.
Au total tout ceci nous permet d’envisager une autonomie d’énergie électrique en 2021 sur la commune, entreprises incluses.
Ce qu’il manque pour aller plus loin ?
Dans le cadre du dérèglement climatique il convient de trouver des formules d’adaptation en essayant de devenir de plus en plus autonome. L’autonomie alimentaire est une possibilité sur un territoire semi-rural comme le nôtre. C’est la constitution d’une filière locale de la graine à l’assiette où nous produisons sur notre territoire presque tout ce qui est nécessaire à notre nourriture. Aujourd’hui dans notre assiette on compte en moyenne 3.000 km de trajet avant qu’on mange, ce qui est préjudiciable pour la consommation d’énergie mais aussi pour la qualité du produit.
Vos espoirs sur la COP24 ?
Je veux bien qu’il y ait ces grandes messes qui coûtent de l’argent et beaucoup d’énergie mais quand on voit le résultat de la COP21 à Paris, un accord tout à fait exceptionnel, signé, mais sans contrainte derrière : les gaz à effet de serre en France ont encore augmenté, le pays même de la signature. On court à la catastrophe tout simplement, tout particulièrement notre civilisation beaucoup moins résiliente que les populations qui vivent déjà dans la misère.Je n’ai pas pas beaucoup d’espoirs dans ce genre de cérémonies même si je suis conscient qu’il en faut pour une planification écologique.