Le plan de déconfinement du Premier ministre sera dévoilé dès mardi 28 avril à l'Assemblée nationale et voté dans la foulée. La députée LREM du Bas-Rhin, Martine Wonner, critique la précipitation de l'exécutif. Elle demande le report du vote pour avoir le temps d'examiner clairement le projet.
Matignon l'a annoncé samedi 25 avril dans la soirée, le Premier ministre présentera son plan de sortie du confinement à l'Assemblée nationale mardi 28 avril, à 15 heures, après un week-end de consultations. L'intervention sera suivie d'un débat et du vote des députés.Sur Twitter, Edouard Philippe précise que la "stratégie nationale de déconfinement" s'articulera autour de six thèmes : la santé, l’école, le travail, les commerces, les transports et les rassemblements. Il fera sa déclaration à l'Assemblée pour "respecter le contrôle du Parlement" assure-t-il, avant de s'adresser aux associations d’élus locaux et aux partenaires sociaux.
"Ne confondons pas vitesse et précipitation"
Sauf que certains députés, y compris au sein de la majorité, ne digèrent pas le calendrier et la méthode du gouvernement. Le Premier ministre, qui promettait de prendre le temps pour préparer son plan de sortie du déconfinement, est finalement déjà prêt et le tracking (traçage des données des téléphones pour lutter contre le coronavirus) qui devait être au cœur des discussions le 28 avril, à l'Assemblée, est relégué au second plan. La députée LREM de la quatrième circonscription du Bas-Rhin, Martine Wonner, dénonce dans un tweet la "vitesse et la précipitation" de l'exécutif.Vote sur un plan de #déconfinement que nous n’aurons que quelques minutes pour découvrir et mélange avec le #tracing...la gravité de la situation du pays exige que l’@AssembleeNat soit éclairée avant de se prononcer ce mardi. Ne confondons pas vitesse et précipitation! #DirectAN
— Martine WONNER (@MartineWonner) April 25, 2020
"Les maires ont fait remonter leurs propositions de déconfinement en fin de semaine, ça n'a pas du tout été regardé et analysé. Nous, parlementaires, n'avons pas été destinataires du projet du gouvernement. Il y a de fortes chances qu'on découvre la stratégie au dernier moment le mardi matin, on n'aura pas eu le temps de l'étudier et elle nous sera balancée dans l'hémicycle", déplore-t-elle, regrettant d'avoir appris comme tout le monde, samedi soir à la télévision, les annonces du Premier ministre.
Elle poursuit : "A quoi servons-nous actuellement ? On a quand même un rôle de contrôle et d'évaluation de l'exécutif, d'autant plus dans un état d'urgence sanitaire... Là, on nous en empêche complètement."
Martine Wonner a écrit dimanche 26 avril au président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand. "Comment le législateur peut-il se prononcer en sérénité sur un ‘plan de déconfinement’ - fondamental pour les mois à venir - alors qu’il ne le découvrira que quelques minutes avant le vote?" s'inquiète-t-elle dans son courrier.
Elle attend de Richard Ferrand qu'il défende les parlementaires "face à un exécutif qui, sous prétexte de cet état d'urgence sanitaire, se permet des choses inacceptables." Elle demande le report du vote du 28 avril pour que le plan puisse être correctement examiné. Et, comme prévu, un débat à part entière sur le tracking. La députée du Bas-Rhinois est clairement opposée au traçage numérique, "c'est une réponse sécuritaire à un problème sanitaire".J'ai demandé au président de l'Assemblée nationale de nous défendre face à un exécutif qui, sous prétexte de cet état d'urgence sanitaire, se permet des choses inacceptables
- Martine Wonner, députée du Bas-Rhin
Comme la rebelle députée de la majorité - coutumière des sorties contre son propre camp -, des membres de l'opposition sont vent debout contre l'exécutif sur les réseaux sociaux.
"L’ordre du jour de l'Assemblée nationale est bouleversé in extremis. Ce sera un vote unique sur le déconfinement, tracking inclus. Silence exigé dans les rangs LREM. Et le plan sera connu mardi matin pour un vote dans la foulée. Ainsi va la démocratie au temps du Macronisme", peste le député socialiste Olivier Faure alors que le président de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon est furieux contre "la monarchie macroniste. Non ce n'est plus la démocratie parlementaire."
"Ils ont choisi la date du 11 mai par hasard"
Pour Martine Wonner, médecin psychiatre de profession, les conditions ne sont aujourd'hui pas réunies pour une sortie du confinement. Il faudrait dépister en masse, isoler et confiner ceux qui sont positifs ainsi que leur entourage, et traiter, estime-t-elle. En l'état, elle votera contre le plan de déconfinement du gouvernement."Je pense qu'ils ont choisi la date du 11 mai par hasard et maintenant, ils font tout pour s'y tenir alors qu'il aurait fallu procéder dans le sens inverse. Il faut des masques pour tout le monde, pour 100% de la population, et tant que ce n'est pas le cas, c'est un leurre de déconfiner. D'après les bribes que j'ai pu apercevoir du plan, c'est très insuffisant."Il faut des masques pour tout le monde, pour 100% de la population, et tant que ce n'est pas le cas, c'est un leurre de déconfiner
- Martine Wonner, députée du Bas-Rhin
L'obligation du port d'un masque dans certaines situations, comme les transports, fait partie des questions que le gouvernement doit encore trancher d'ici mardi. Pour faire ses arbitrages, il s'appuie entre autres sur toute une série de recommandations émises par le Conseil scientifique et publiées dans deux documents samedi soir.