Coronavirus : le géranium, roi des balcons en Alsace, est prêt mais ne peut pas encore être vendu

Début mai, des centaines de milliers de géraniums seront prêts en Alsace. Problème : pour l’instant, les horticulteurs n’ont pas le droit de vendre leurs fleurs. Seul le commerce de petits fruits, plants de légumes et plantes aromatiques est autorisé.

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Les géraniums sont là. Les tout premiers sont prêts à être vendus, les autres poussent doucement… "Sie senn sehr schen ! S’Watter esch guet, d’Sunn esch do. Ils sont très beaux et de bonne qualité vu le soleil en ce moment", explique Christian Romain, horticulteur à Barr (Bas-Rhin) et président d’Est horticole Alsace.

Tout laissait à penser que la saison sera radieuse. Mais c’était sans compter l’épidémie de coronavirus, et ses conséquences. Les magasins d’horticulture, pas considérés comme des commerces de première nécessité, sont fermés depuis le 15 mars. Pour le moment, il n’y a donc aucun moyen de vendre les plantes, sauf si elles sont alimentaires. "En Alsace, cela concerne 70 producteurs, soit entre 500.000 et 700.000 géraniums", ajoute Christian Romain.
 

Christian Romain est horticulteur à Barr. © Christian Romain
 

Ce ne sont pas des boîtes de conserve que l'on pourrait stocker
- Stéphane Schwarz, horticulteur


100.000 de ces géraniums poussent à Geudertheim (Bas-Rhin). Face à cette situation incertaine, Stéphane Schwarz tente de s’adapter. "On baisse le chauffage, on les arrose moins pour stresser les géraniums, pour qu’ils poussent moins vite. C’est une technique professionnelle mais on ne peut pas tenir indéfiniment ainsi", estime l’horticulteur.
 


Retarder les cultures pour éviter les pertes

Surtout que les premiers géraniums sont prêts : "Mer han scho zemlich Wàr wo guet esch. On a commencé à les planter fin décembre alors certains sont bons maintenant. Là, on a essayé de retarder le plus possible la culture des derniers géraniums", ne sachant pas s’ils pourront les vendre, et si oui, quand. "Le plus gros souci, c’est que c’est du vivant, ce ne sont pas des boîtes de conserve que l’on pourrait stocker", poursuit Stéphane Schwarz.
 
A Geudertheim, les premiers géraniums sont bons et les prochains poussent. © Stéphane Schwarz

Des coûts de production engendrés sans savoir ce qu’ils retireront, une inquiétude qui touche tous les horticulteurs alsaciens : "A pààr han mer scho telefoniert um ze froga, wàs sie sotta fo dr Bluema màcha. Certains m’appellent en me demandant quoi faire de leurs fleurs d’été. C’est une vraie crainte sachant que les trois quarts de la production des fleurs de printemps ont déjà été jetés", raconte Christian Romain.

En effet, le confinement a débuté au moment où les horticulteurs commençaient à vendre les fleurs de printemps. A Geudertheim, deux employés passent leurs journées à jeter les fleurs depuis début avril, soit 45.000 euros de plantes qui auraient dû être vendues pour Pâques. "Vel primevères, pensées un pâquerettes sen vobleuia. Sie senn nimmi schen zem verkeuifa. S’màcht uns weih àm Harz, àlso gahn mr à pààr àn d’Litt vo kemma Gmiess keuifa. Beaucoup de fleurs sont fanées, on ne peut donc plus les vendre. Cela nous attriste, alors nous en donnons gratuitement aux clients qui viennent acheter des plants de légumes en drive", explique Stéphane Schwarz.
 

Wàs màcha mer met die gànza géraniums ? Qu'allons-nous faire de tous ces géraniums ?
- La mère de Stéphane Schwarz, horticulteur

 
Les horticulteurs se trouvent contraints de jeter les fleurs de printemps, faute de clients pendant le confinement. © Stéphane Schwarz

L’horticulteur, troisième génération à exercer le métier, témoigne de cette situation inédite : "Mini Màma esch 82. Sie hät mr gsait, às sie scho vel Sàcha erlabt hät, àber so ebbis, doch nie. Sie frogt me jeda Tàg : "wàs màcha mer met die ganzà géraniums ?" Ma mère, 82 ans, m’a confié avoir vécu beaucoup de choses, mais jamais une telle situation. Elle me demande tous les jours ce qu’on va faire de tous nos géraniums".  
 

L'Alsace, terre de géraniums

D’autant plus que la plante est un incontournable dans la région. "S’Elsàss ohni géraniums, dàs geht net ! L’Alsace sans géranium, c’est inconcevable", dit Christian Romain en riant. "S’kehrt zem Hüs. S’esch d’Pflànza wo àm beschta hebt, s’det wärmi üsshàlta. Dàs màcht o, às s’Elsàss so turistich esch. Les géraniums font partie des maisons alsaciennes. C’est la plante qui supporte le mieux la chaleur. Et elle participe au succès touristique de l’Alsace !" C’est pourquoi les géraniums représentent 20% du chiffre d’affaires annuel des horticulteurs alsaciens.   
 
Stéphane Schwarz dans l'une de ses serres. © Stéphane Schwarz

Si les clients n’ont pas le droit d’acheter des fleurs chez les professionnels, ils peuvent pourtant s’en procurer dans les grandes surfaces. "Mer verstehn net, wàrum d’Lada Bluema kenna vokeuifa un mer net. On ne comprend pas pourquoi les magasins ont le droit d’en vendre, mais pas nous", martèle Christian Romain. Alors les horticulteurs se battent. Depuis le 2 avril, ils peuvent vendre petits fruits, plants de légumes ou encore plantes aromatiques. "Un bon début" pour le président d’Est horticole Alsace.

A présent que la saison des fleurs d’été approche, ils espèrent une autorisation au plus tard fin avril car le mois de mai constitue le temps fort. "On est prêts à faire des drive, en respectant les gestes barrières bien entendu", assure Christian Romain. Les clients pourraient alors se fournir en géraniums et les horticulteurs limiteraient les dégâts économiques de cette crise. "On aura une Alsace fleurie cet été si on arrive à trouver une solution", conclut l’horticulteur.

Actuellement, des négociations sont en cours. Au niveau du Grand Est, des discussions ont eu lieu concernant une autorisation de vente en drive. Les horticulteurs sont dans l'attente d'un arrêté préfectoral.

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