Depuis le lancement de la plateforme fraisetlocal.fr, le 12 janvier dernier, le site a été consulté par plus de 200.000 visiteurs. C’est dire l’intérêt des consommateurs pour s’alimenter près de chez eux. Une tendance qui s’est accentuée avec la crise sanitaire.
"Lors du premier confinement, on a senti une panique sur l’approvisionnement alimentaire", raconte Jean-Marie Lenfant, président délégué de "Bienvenue à la ferme", au niveau nationale. Il est exploitant agricole dans l’Eure, en Normandie, et à la chambre d’agriculture nationale, il est chargé du dossier produits fermiers, et circuits courts, notamment. "Dans notre réseau, nous comptons 8000 agriculteurs, dont une cinquantaine en Champagene-Ardenne. Le lancement de cette plateforme par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, va permettre de leur donner une grosse visibilité. Après la panique constatée, en début d’année, et l’intérêt pour les drives fermiers, on voit que les consommateurs sont toujours demandeurs de paniers fermiers. Le site fraisetlocal.fr permet de rapprocher producteurs et consommateurs, en les amenant vers les fermes. C’est un bon moyen de faire connaître notre métier. Cela va aussi permettre de développer de la plus-value sur les territoires, afin que partout en France, les agriculteurs puissent vivre de leur activité. La volonté du Ministre, Julien Denormandie de lancer cette plateforme, c’est une reconnaissance de notre métier de transformateur. Notre volonté, c’est de permettre que nos métiers soient accessibles à tous, et qu’on puisse proposer nos produits à tous. La souveraineté alimentaire, pour nous, c’est important, et il faut "reterritorialiser" les consommateurs dans leur habitat".
"Les produits locaux, c'est ce qu'il y a de meilleur pour notre santé".
Beaucoup d’appels avec la Covid 19
A Matougues, dans la Marne, Catherine et Pascal Songy exploitent la Ferme du Moulin. Avec leurs 84 hectares et quelque 800 volailles, ils font de la vente directe, des livraisons à domicile, et il y a environ cinq ans, ils ont installé un distributeur de produits fermiers, sur la route départementale 3, qui traverse le village, en direction d’Epernay. "On y propose des œufs, des volailles, des pâtés en croûte, mais aussi des terrines et des plats cuisinés", indique Catherine Songy, co-gérante de la ferme. "Au début, ça nous permettait d’avoir des contacts avec les clients, quand on allait rempoter. Aujourd’hui, avec la Covid 19, c’est différent, mais, l’avantage, c’est que nos produits, derrière une vitrine, sont sûrs. On désinfecte, dès qu’un produit a été acheté, et puis c’est local. Nos poulets n’ont pas besoin de 36.000 kilomètres pour arriver dans votre assiette. D’année en année, on a vu la demande augmenter, et avec la Covid, on a reçu beaucoup d’appels. On a pas mal vendu pendant le confinement. Il y a une prise de conscience que consommer local, c’est bien". Catherine et Pascal Songy font partie du réseau "Bienvenue à la Ferme" depuis 15/20 ans, alors, avec la plateforme fraisetlocal.fr, les consommateurs qui ne les connaissaient pas encore vont pouvoir les localiser.
"Il y a une prise de conscience, que consommer local, c'est bien".
Se battre sur le terrain de la qualité
Christophe Nomine est céréalier et producteur de pâtes à Condé-sur-Marne, dans la Marne. Ses produits se nomment "nominettes" et "cocoricottes". Lui aussi a installé un distributeur automatique, à la sortie de Condé-sur-Marne, en direction de Bouzy. Il commercialise également ses pâtes, à Chalons-en-Champagne, à la Ferme du Centre , aux Sacrés Fermiers de Cernay-les-Reims, ainsi qu’aux Locavor de Vitry-en-Perthois et de Saint-Martin-sur-le –Pré. La plateforme, il n’en pense que du bien. "Toute bonne initiative est bonne à prendre", dit-il."Entre le 15 mars, et le 15 mai, au plus chaud de la crise, on a vu nos ventes multiplier par deux ou trois. Les gens ne voulaient plus aller en grandes surfaces. Ensuite, certains sont revenus, car ils avaient découvert les produits. Ce qui intéresse les consommateurs, c’est la proximité. Quelques-uns sont venus voir la fabrication, mais, en général, c’est la provenance qui les préoccupe. Savoir où c’est fait, c’est, en général, la question. Beaucoup achète un prix et vont vers les marques. Moi, je suis tenu à la rentabilité. Je ne pourrai jamais rivaliser avec Panzani, même en divisant mes tarifs par deux. On ne pourra jamais atteindre leur niveau de prix. C’est avec la qualité qu’on peut faire la différence. Il faut que les clients fassent un premier achat, ensuite, ils restent avec nos produits".
"Ce qui intéresse les consommateurs, c'est la proximité".
Au plus près des consommateurs
C’est le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, avec à sa tête, Julien Denormandie qui a lancé cette nouvelle plateforme (fraisetlocal.fr). Quelques semaines, après son ouverture, elle remporte déjà un franc succès. Les chambres d’agriculture, avec "Bienvenue à la Ferme", en sont partenaires, ainsi que le réseau de l’association française d’agriculture urbaine professionnelle, le réseau de l’enseignement agricole qui possède des fermes, et tout récemment le réseau locavor. Pour le Ministre : "la plateforme est un moyen simple de trouver, près de chez soi, des produits locaux…C’est ce qu’il y a de meilleur pour notre santé, et bien souvent pour notre portefeuille". Le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, considère, par ailleurs que "tout acte de consommation peut être un acte citoyen pour soutenir les agriculteurs et les producteurs, près de chez soi ". Le président des chambres d’agriculture, Sébastien Windsor, a indiqué qu’il était "heureux de soutenir une plateforme qui est un repère national pour les consommateurs et pour les agriculteurs qui pratiquent la vente directe ou en circuit court". Depuis que la plateforme a été lancée, "certains ont même découvert que leurs voisins vendaient des produits", précise d’ailleurs Jean-Marie Lenfant, président délégué de "Bienvenue à la Ferme". Dans les quatre départements de Champagne-Ardenne, on compte en tout, une cinquantaine d’agriculteurs prêts à répondre aux commandes. La crise sanitaire a semble-t-il, bien montrer à quel point, l’alimentation était au cœur des préoccupations des Français.