Coronavirus : "Un seul enfant testé positif ne justifie pas qu’on ferme une classe", selon le pédiatre Yves Alembik

Trois écoles du Bas-Rhin ont dû fermer des classes suite à des cas de covid. Faut-il fermer une classe dès qu'il y a un cas positif ? Non selon Yves Alembik, le président du groupement des pédiatres du Bas-Rhin.  

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Depuis la rentrée, trois écoles ont dû fermer des classes suite à des cas avérés de covid, à Obernai et Lingolsheim. Pour les parents, c'est à chaque fois un casse-tête avec l'angoisse également de savoir quoi faire par rapport au virus. Les informations pour l'instant ne circulent pas très bien, les directives sont encore floues. Et surtout, faut-il fermer une classe dès qu'il y a un cas positif ? Yves Alembik, le président du groupement des pédiatres du Bas-Rhin, a répondu à nos questions.  

Faut-il fermer les classes en cas de covid ?

"On estime qu’un enfant qui serait positif au covid de manière isolée ne justifie pas qu’on ferme une classe. Car les enfants ne forment pas de cluster. Je crois qu’il n’y a pas eu de cluster d’enfants en France, il y a eu des clusters d’adultes mais pas d’enfants. Cela veut dire qu’il n’y a pas eu de rassemblements d’enfants positifs qui ont provoqué une masse de gens atteints. En effet les enfants sont peu contaminés et peu contaminant. C’est-à-dire que quand un enfant positif pour le covid c’est qu’il a été contaminé non pas par un enfant mais par un adulte. C’est pour ça que dans les écoles, ce qui nous parait important, c’est non pas la distanciation physique des enfants, mais de bien nettoyer les parois de bien se laver les mains plusieurs fois par jour, et surtout que les adultes portent absolument tout le temps le masque et fassent attention eux, à ne pas être contaminant, car ce sont les adultes qui contaminent les enfants."

"Pour ce qui est des classes qu’on a fermées, la société française de pédiatrie estime dans ses propositions, qu’on ne devrait pas fermer les classes pour des cas isolés car les enfants ne vont encore une fois très probablement pas contaminer les autres. Et s’ils l’étaient, à ce moment-là il serait temps de le faire. Et on fermerait des classes qu’à 3 enfants positifs. Sinon on va finir par fermer beaucoup de classes, parce que c’est ce qu’il va se passer. On commence à être depuis hier dimanche en zone rouge dans le département du Bas-Rhin. On risque d’avoir un gros problème."

Le bénéfice/risque va dans le sens de rester à l'école ?

"Le problème est également que l’avantage pour les enfants d’être à l’école, d’apprendre ensemble, de se voir, d’avoir des relations sociales est tellement plus important, positif que le risque d’avoir le covid, que c’est ça qu’il faut privilégier. Il ne faut pas que les enseignants aient peur. Ce ne sont pas les enfants qui contaminent, ce sont les adultes, d’où l’importance de ne pas s’agglutiner à l’entrée des écoles pour les parents, et à faire bien attention à la distanciation physique des parents et du personnel périscolaire et des enseignants."

Existe-t-il des différences en fonction de l'âge ?

"Chez les enfants, on va distinguer les 0-6 ans, les 6-10 ans et puis après chez les 11-12 ans. Au collège, le masque doit être obligatoire, bien porté. On va dire que c’est un monde à part, celui des adolescents et des adultes, avec des risques qui s’approchent de ceux des adultes. Les 0-6 ans font beaucoup de rhinopharyngite saisonnière. Depuis ce matin, on est débordé par des cas d’enfants qui ont simplement un rhume, où les parents nous disent il faut qu’on fasse la PCR sinon ils ne reprendront pas l’école. On ne va pas pouvoir continuer comme ça, parce que ce sont des cas normaux, d’enfants qui au mois de septembre font des rhumes. Et on va traiter et vérifier que ce sont des covid positifs à partir de maintenant uniquement si on a trois jours de fièvre persistante, de toux persistante, de signes persistants chez les enfants de 0 à 6 ans."

"Au-delà de six ans ce n’est pas la même chose. En général les enfants ne sont plus malades. Ils n’ont pas de rhinopharyngite, ils en ont eu quand ils étaient bébés. Donc si un enfant se met à avoir une toux très importante, une fièvre élevée et qu’on vérifie par un test qu’il n’a pas d’angine à streptocoque, s’il n’y a pas d’autres causes, à ce moment là il faut lui faire un test de covid, c’est indispensable, et il pourra retourner à l’école si le test est négatif. Si le test est positif, tant qu’il est symptomatique, il reste à la maison. Quand il n’est plus symptomatique, en général c’est au bout de 7 jours, il peut retourner à l’école et il n’a pas besoin de refaire un test, ce sont les propositions que nous avons faites au niveau de la société française de pédiatrie."

Les enfants sont-ils à risque ?

"Globalement, les enfants ne sont pas des personnes à risque pour cette maladie. Il faut avoir confiance en eux et les laisser aller à l’école. Le risque qu’ils aient le covid est extrêmement faible. Quand on dit qu’on ferme des classes, on a l’impression qu’il y a toute de suite 25 personnes qui sont positives. En réalité, c’est chaque fois un enfant avec soit une suspicion, pas forcément prouvée, soit un covid positif avec très peu signes. Il n’y a pas d’enfants gravement malades, c’est une maladie de l’adulte. Les gens qui ont été en réanimation, ce sont des adultes. Il n’y a pas un enfant parmi les 1500 morts du covid en Alsace.

Que doivent faire les parents s'il y un cas de covid dans une classe ?

Si l’enfant est asymptomatique, il ne sera pas testé systématiquement. S'il a des symptômes, beaucoup de fièvre, au dessus de 38,5/39 degrés, les parents contactent le médecin traitant, le généraliste ou le pédiatre, qui dira à la famille la marche à suivre. 
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