Alors que les mesures de confinement se durcissent en ce week-end pascal en Alsace, voici mes impressions de journaliste au coeur de la commune de Vendenheim dans le Bas-Rhin.
Premier jour du long week-end de Pâques. Lapins et gros oeufs en chocolat devraient être à la fête, or, à Vendenheim (Bas-Rhin), il n’en est rien. Dans la boulangerie Busser, rue du Général de Gaulle, les moulages restent sur les étals. Les personnages cacaotés ont beau afficher des mines sympathiques et appétissantes, les clients les boudent.Es isch a Kàtàschtroph, "le chiffre d’affaires est catastrophique cette année pour la période", m’avoue la patronne, Sylvie Busser. Quatrième génération de boulanger-pâtissier, elle n’a jamais vu ça. "Les gens ne peuvent pas se retrouver, célébrer en famille, alors ils n’achètent pas". Depuis le début du confinement, elle a dû mettre 20 salariés en chômage partiel, sur 27. "Le plus important, c’est qu’ils gardent la santé. Je remercie tous les jours ceux qui veulent bien venir travailler".
Les livraisons à domicile continuent pour les personnes âgées. Mais tous n’ont pas cette chance. Stellen eich vor, "on n’a même pas le droit de donner quoi que ce soit à l’Ehpad de Vendenheim! Ils n’acceptent rien, alors cela ferait plaisir aux résidents... ".
Les temps sont durs. Malgré tout, elle l’assure, ses prix n’augmenteront pas après le déconfinement. Ce n’est pas sa politique, affirme-t-elle. Ce qui devrait réjouir la petite dizaine de personnes dans la file, sagement placées à 1m50 les unes des autres. La plupart, seules. Une seule maman est accompagnée de ses fils. Bribe de conversation avec sa voisine saisie à la volée : "Il n’y aura peut-être plus école avant septembre. C’est ce que m’a dit ma soeur, institutrice." Je ne saurai dire si cela inquiète ou réjouit sa progéniture...
Le drive, une bonne solution de secours
En parlant de bambins, il y en a une à qui ses petits-enfants manquent. En face de la boulangerie, Marie-France Finck, munie d’un masque "fait maison" en tissu, vient de Berstett pour récupérer ce qui reste à la chocolaterie Kuster. "C’est surtout pour mon mari! Cette année, je n’enverrai rien par la poste à mes petits-enfants. Ils sont à Grenoble, Paris, au Luxembourg... On se rattrapera plus tard."Jérôme Kuster, le maître des lieux, passe la marchandise par la fenêtre de son atelier. Carrés de chocolat, fritures, tablettes, mais pas de moulages de Pâques. Ceux-ci risquaient de lui rester sur les bras. Il a mis ses trois collaborateurs au chômage partiel, fermé la boutique, et instauré un système de drive.
"Lundi, j’ai passé 8 heures d’affilée au téléphone pour gérer les commandes! J’ai pu écouler ma production, les réseaux sociaux y ont contribué, et les clients ont respecté les heures de rendez-vous, un toutes les dix minutes." Malgré tout, il ne réalise que 40% de son chiffre d’affaires habituel à Pâques. Mais la semaine prochaine, il compte rouvrir sa petite boutique, avec une vitre en Plexiglas et un sens de passage indiqué aux clients.