Au Secours Populaire  et au Secours Catholique, on n'avait jamais vu une situation génératrice d'autant d'angoisses. Après le confinement, pour reprendre totalement, ces associations ont besoin de bras et de dons. Au Secours Populaire marnais, le budget accuse déjà une baisse de 85.000 euros.
 

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L'été 2020 ne sera pas tout à fait comme les autres au Secours Populaire de la Marne. Les oubliés des vacances iront passer une journée au bord de la mer, comme chaque été, seulement "on annule les opérations d'accueil familiale. Les délais d'organisation sont trop courts et la garantie des gestes barrière n'est pas acquise, explique Patricia Le Corvic, secrétaire générale du Secours Populaire dans la Marne. La campagne pour les vacances est tout de même remise en route car cela a été dur pour beaucoup de familles… On proposera des séjours-famille pour ceux qui ne sont jamais partis (quatre nuits en gîte ou dans des centres de vacances). On cherche également des partenaires pour pouvoir offrir des tarifs préférentiels en colonies de vacances."

Pendant la période de confinement, l'association caritative qui accompagne quelque 3.500 familles à l'année, a reçu de très nombreux appels. "A Reims, c'était extrêmement violent. Une détresse jamais rencontrée", raconte Patricia Le Corvic.
 

85.000 euros manquent déjà pour faire face

Les appels au secours, le Secours Populaire a eu à en gérer plus d'un comme celui d'un jeune sans rien à manger et sans argent. L'épicerie sociale a maintenu son activité et un système de portage de repas à domicile a fonctionné, mais au total, en un mois, les demandes d'aide alimentaire ont augmenté de 35%. Du jamais vu ! "Dans l'urgence, on a été confronté à des situations inattendues, avec des gens qui n'avaient plus rien, ni travail, ni argent" poursuit la secrétaire générale de l'association.                                   

On n'est pas dans la charité
- Patricia Le Corvic, secrétaire générale du Secours Populaire dans la Marne


Au Secours Populaire, les subventions ne représentent que 20% du budget annuel. Le reste provient des dons, pour un tiers, des activités pour un tiers également et des bénéficiaires qui apportent une participation. Le problème, cette année, c'est que les activités qui procurent des rentrées financières n'ont pas pu avoir lieu. Ainsi, à Pâques, six chasses aux œufs ont notamment été annulées, comme les ventes de fripes. De quoi faire baisser le budget de 85.000 euros. "On va donc devoir démultiplier nos appels aux dons pour continuer. Sans précipitation, les braderies vont reprendre. On récupère déjà des vêtements dans un container à l'extérieur de nos locaux. Pendant ce confinement, de nombreux bénévoles n'ont pas pu continuer à nos côtés, mais une centaine se sont mobilisés. En plus de l'aide alimentaire et de l'accompagnement scolaire qui a été mis en place pendant cette période, au Secours Populaire, on a appelé les gens. Garder le lien, c'était important", conclut Patricia Le Corvic.  
   

Poursuivre la solidarité "coup de cœur"

Michaël Boude est délégué permanent du Secours Catholique-Caritas France pour la Champagne-Ardenne. En plus de vingt ans, il n'avait, lui aussi, jamais vu ça. En Champagne-Ardenne, l'association vient en aide à plus de 10.000 familles. "Nous ne proposons pas d'aide alimentaire directe, précise Michaël Boude, mais pendant le confinement, au niveau national, le Secours Catholique a offert des tickets-service de cinq à vingt euros. Cela a permis, en lien avec les Centres communaux d'action sociale, de s'approvisionner en nourriture et produits d'hygiène.

En Champagne-Ardenne, on en a distribué pour environ 20.000 euros. Nous avons eu plus d'interventions en zone rurale, comme en Thiérache, par exemple. Des personnes qu'on n'avait jamais vues, nous ont contactés. Elles étaient en fragilité par rapport à leur travail ou leurs revenus. On a accordé des prêts, et les familles tiennent à les rembourser. Le plus compliqué, c'est pour les étrangers qui travaillent "au noir", et se retrouvent sans ressources. Ils ne voient pas comment retravailler tout de suite, même pour quelques heures, par-ci par-là. Les plus fragiles sont les plus précaires…

Notre budget est constitué à 90% par des dons. Il y a eu pendant cette période une solidarité" coup de cœur".
 Maintenant, il va falloir prolonger l'élan du cœur. Ceux qui nous aident devront peut-être, dans les prochains mois, soutenir leurs enfants, petits-enfants… Et dans l'année, ils ne pourront alors plus être à nos côtés. On reprend progressivement nos activités et il ne faut pas oublier qu'on peut être solidaire aussi en étant bénévole".
 

Bénévole à 99 ans

Alberte Beaufort, 99 ans, habite Revin, dans les Ardennes. Et cela fait justement 35 ans qu'elle est bénévole au Secours Catholique. Comme la majorité des bénévoles de l'association, qui ont plus de 70 ans, elle a dû rester confinée chez elle. "La guerre, c'était un autre confinement, confie-t-elle. Aujourd'hui, j'ai hâte de reprendre les permanences d'accueil, dès que les locaux auront été désinfectés. J'y vais pour écouter les gens en difficultés. Je me demande comment ça va tourner… On va passer de tristes moments avec ceux qui vont se retrouver au chômage. On est déjà dans un coin sinistré..."
 

On l'a compris, celle qui sera bientôt centenaire entend bien continuer. Car, dans le bénévolat, elle a vécu des moments forts, comme celui, il y a vingt ans, où elle a permis à un jeune couple, frappé par le chômage, de conserver sa maison en l'orientant vers un dispositif spécifique proposé par une banque."C'est un souvenir heureux", confie-t-elle.

Dans leurs différentes antennes, les associations caritatives reprennent progressivement leurs activités. Elles vont avoir besoin de bras et de moyens financiers, car les prochains mois s'annoncent difficiles.
 
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