Déconfinement :"Il est vital de retrouver le lien à la nature", pour les Centres d'initiation à l'environnement d'Alsace

Les dix Centres d'initiation à la nature et à l'environnement (CINE) d'Alsace se préparent au déconfinement. Selon leur implantation géographique et le type de public accueilli, leurs situations divergent. Mais tous rappellent l'importance de se reconnecter à la nature.
 

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Les Centres d'initiation à la nature et à l'environnement (CINE) d'Alsace sont implantés dans des zones à forte identité (Sundgau, Hautes-Vosges, Ried, Delta de la Sauer, etc.) Ces structures associatives, dotées de grands bâtiments pouvant accueillir du public, ont pour rôle d'éduquer à la nature. Tous leurs animateurs sont professionnels, mais leurs publics et leurs actions varient. Après l'arrêt brutal de toutes les activités, chaque CINE envisage à sa manière le déconfinement et la sortie de crise. Mais tous rappellent qu'il est plus important que jamais de se reconnecter à la nature. Exemples au CINE du Moulin nature, à Lutterbach (Haut-Rhin) et au CINE de Bussierre, à Strasbourg.   
 

 

Le CINE du Moulin nature

Le CINE du Moulin nature à Lutterbach s'étend sur 3,5 hectares, avec un grand bâtiment, un jardin, un verger, des mares et des prés. Un petit paradis pour les sorties scolaires, les camps de vacances l'été, mais aussi des conférences, expositions et ateliers pour adultes.

Très silencieux depuis mi-mars, malgré une nature printanière en pleine effervescence, le site reste entretenu un jour par semaine. Une partie de l'équipe (les autres sont au chômage partiel) y revient pour soigner les ruches et s'occuper du potager. "On veut qu'il soit plein de vie, et qu'il y ait plein de choses à goûter et à grappiller" quand les enfants reviendront, explique Véronique Mateus, la directrice.

Pour l'instant, on garde le programme, mais de manière adaptée.
- Véronique Mateus, directrice

L'équipe a mis à profit la période du confinement pour se préparer à l'après. Prévoir les changements et aménagements nécessaires pour pouvoir ré-ouvrir ses portes au public le plus rapidement possible. Pour cet été, elle espère maintenir les accueils de loisirs et les camps pour enfants, grâce à des mesures de sécurité inédites.
 
 

Séjours loisirs et camps d'été

Dorénavant, deux animateurs resteront avec un même petit groupe de 10 enfants maximum. Ils auront du matériel dédié (loupes, jumelles, etc.), désinfecté chaque soir. Pour les balades, un dispositif "de code couleur, avec une corde et des anneaux" devrait permettre à chaque enfant de garder 1,50 m de distance.

On est motivés, inventifs, créatifs.
- Véronique Mateus, directrice

Toutes les activités se dérouleront en extérieur – avec des tentes en cas de mauvais temps – pour éviter la promiscuité dans le bâtiment. Gel hydroalcoolique, savon et masques sont prévus, bien sûr. Mais pour les surblouses "on réfléchit à un autre look que celles des hôpitaux" promet Véronique Mateus. "On essaie d'imaginer des trucs sympas, des équipements rigolos."

L'équipe crée aussi de nouveaux espaces de cabanes, à côté de l'existant. L'idée est  que chaque groupe d'enfants puisse avoir le sien, afin d'éviter qu'ils se croisent. "Il faut vraiment qu'on invente de formes nouvelles d'animation. On fait notre part et on contribue à l'effort collectif" estime la directrice. 


Animations pour familles et dans les quartiers

Aux familles mulhousiennes, longtemps confinées, l'équipe du Moulin veut aussi proposer des activités très simples, qui permettent de se reconnecter avec la nature : "des sorties en forêt, des journées de pique-nique". Mais toujours par petits groupes, "pour maintenir la distanciation sociale." Elle espère aussi pouvoir reprendre rapidement les animations de rue dans certains quartiers de Mulhouse, interrompues depuis le 17 mars : ateliers d'observation et club nature, directement devant les maisons et les immeubles.

D'ordinaire, le maximum d'activités (sorties avec les scolaires, animations nature et projets liés à la biodiversité) du CINE du Moulin se concentrait au printemps. Mais ce printemps 2020 perdu pour cause de confinement est aussi l'occasion de réfléchir à mieux développer les activités de l'automne et de l'hiver – une période moins faste jusqu'à présent, "mais où il y a à faire", estime Véronique Mateus.
 


Le CINE de Bussierre

Le CINE de Bussierre, à Strasbourg, est principalement axé sur l'accueil de groupes scolaires. Mais il semble très incertain qu'entre le 11 mai et les vacances d'été, les sorties scolaires puissent reprendre. "Pour cette fin d'année scolaire, notre champ d'activités est donc très réduit" précise Clémentine Gavarini, sa directrice.

Outre un spacieux bâtiment, ce CINE en site périurbain dispose d'un jardin, d'une prairie et d'une mare. Le reste de sa zone d'activité, d'ordinaire très étendue, est constitué par le grand parc de Pourtalès, actuellement fermé (tant que le Bas-Rhin restera en zone rouge). De ce fait, l'équipe n'a encore aucune visibilité sur ce qu'elle pourra véritablement entreprendre et proposer ces prochains temps.   

Depuis le début du confinement, l'ensemble des salariés est au chômage technique. Et le jardin, visité en temps normal par près de 400 élèves chaque semaine, a été totalement "laissé au repos". La nature y a repris ses droits, et le remettre en état est donc le premier travail qui attend l'équipe après le déconfinement.

Adapter les ateliers, et été incertain

Le CINE de Bussierre est aussi tourné vers un public d'adultes et de familles. Pour les nombreux ateliers, principalement centrés sur une approche sensorielle, tout est à revoir. Impossible de maintenir ceux basés sur le toucher ou le goût.  Oubliées, les animations de cuisine (avec des plantes, zéro déchets, etc.),  "peut-être la seule activité à mettre réellement de côté" espère Clémentine Gavarini.
 

Les ateliers destinés à stimuler l'ouïe ou l'odorat restent possibles. Mais pour la vue, les nombreuses "sorties avec des jumelles et des loupes" doivent être réorganisés, faute d'instruments en nombre suffisant pour en donner un à chaque participant. En revanche, même si le parc restait fermé, les ateliers de jardinage pourraient être maintenus…à condition que chacun ait son propre râteau.

Pour le moment, on passe ce qui reste du printemps à préparer l'été, même sans visibilité. Et surtout à préparer l'automne.
- Clémentine Gavarini, directrice

Vu son environnement, le CINE de Bussierre ne propose pas de camps d'été, simplement deux semaines d'accueil loisirs sans hébergement. Mais même là, "tout est encore très flou". Et pas sûr que la traditionnelle Nuit des étoiles puisse se tenir comme prévu, le 7 août. Car il sera compliqué de garantir la distanciation sociale pour ce type d'événement, qui peut attirer le même soir jusqu'à 2.000 personnes sur le site.

Préparer l'automne

Seule véritable perspective : préparer l'accueil des groupes scolaires pour la rentrée prochaine. Ces prochaines semaines, l'équipe de Bussierre passera donc beaucoup de temps à réaménager le bâtiment et ses abords, avec des couleurs distinctes par salles et des systèmes de fléchage. Ceci afin de garantir une circulation fluide, même si plusieurs classes d'enfants sont présentes en même temps.
 


Le besoin de nature est fondamental 

"Nos enfants et nos ados sont enfermés depuis 6 semaines entre quatre murs 23 heures sur 24. Il est urgent, essentiel, vital, de retrouver le lien à la nature le plus vite possible" estime Véronique Mateus. Une idée développée dans une lettre ouverte ce lundi 4 mai par le réseau de l'ensemble des CINE d'Alsace. Ils rappellent "ce lien constitutif de notre condition humaine à la nature, au grand air, au dehors" qui, s'il n'est pas régulier, provoque "stress, hypertension, troubles de l'attention, du sommeil, de la vue, surpoids…"

Ça me fait mal au ventre de savoir que des gamins ne sont pas sortis depuis un mois et demi.
- Véronique Mateus

Les CINE ne militent pas simplement pour relancer des loisirs en plein air. A l'heure où, pour des raisons sanitaires, les salles de classe ne pourront accueillir que de petits groupes d'élèves, ils proposent de changer en profondeur notre modèle éducatif en faisant davantage cours à l'extérieur : "du dessin, de la géométrie avec une guêpe poliste sur le talus d’à côté, (…) travailler les symétries avec les cétoines sur les rosiers, les cycles de vie des insectes avec les chenilles du potager, la géographie avec les hirondelles de retour de leur long périple migratoire, pour enfin nourrir tous les travaux liés au français et aux langues en général une fois de retour en classe…"

On peut faire des éléments du programme scolaire dehors. La nature est source d'expression pour apprendre
- Clémentine Gavarini

Et quoique fragilisés par la crise, les CINE d'Alsace, avec leurs sites préservés et leurs équipe de pédagogues professionnels, ont profondément conscience du rôle qu'ils pourraient jouer lors de ce déconfinement, et tiennent à le rappeler. "S'il faut plus d'espace dans les écoles, venez chez nous pour faire cours aux enfants", lance Véronique Mateus. "Notre bâtiment et nos 3 hectares et demi de terrain sont à la disposition des collègues socio-éducatifs." "On veut dire qu'on existe" renchérit Clémentine Gavarini. "On a vraiment un rôle à jouer."
 
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