En tout, une dizaine d'experts et de témoins ont été entendus à la barre de la cour d'appel de Reims ce vendredi.
Après une experte en graphologie, ce sont les témoins qui ont vu Anaïs Guillaume en vie le 16 avril 2013, la nuit de sa disparition, qui ont défilé à la barre de la cour d'appel de Reims, ce vendredi 9 avril. Réservés, ils n'ont pas beaucoup détaillé cette dernière soirée où ils ont vu la victime devant la cour, malgré de nombreuses questions.
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La présidente a également lu la déposition de Patricia L., amie d'Anaïs Guillaume, décédée avant le procès en première instance qui a eu lieu en 2019. Lors de sa déposition, elle avait indiqué qu'Anaïs Guillaume paraissait "changée" quand Philippe Gillet avait fait irruption dans l'appartement le soir de sa disparition, le 16 avril 2013. "Lorsque Anaïs a vu Philippe arriver, elle a changé de visage. Je ne sais pas si elle a été choquée, ou si elle était surprise de voir Philippe mais j’ai bien vu un changement de visage. Elle baissait la tête", lit alors la présidente. L'exploitant agricole souhaitait qu'Anaïs le suive pour essayer une voiture. Il est alors minuit passée. Patricia L. souligne qu'il est un peu tard pour cela et demande alors à son amie si elle repassera une fois le véhicule essayé. Anaïs ne reviendra pas et ne répondra jamais aux appels.
Un long débat à propos de la chaux
En fin de journée, des débats houleux ont eu lieu autour de l'utilisation de la chaux. Puisque cette matière organique a été retrouvée autour des ossements de la victime, la cour a besoin de savoir pourquoi Philippe Gillet en a acheté deux sacs de 25 kg le jour de la disparition d'Anaïs. Alors que le vendeur de chaux est à la barre, on apprend que Philippe Gillet ne se rendait qu'occasionnellement dans ce magasin. La veille, sa fille Victoria affirmait avec aplomb qu'elle n'a jamais vu son père utiliser de la chaux vive.
Ce qui a surpris l'accusation, c'est le mobile invoqué ce vendredi par Philippe Gillet. Il assure que s'il a acheté de la chaux ce jour-là, c'est pour désinfecter la partie de son exploitation destinée au vêlage. Il s'attarde sur des détails et après une comparaison douteuse, les deux avocats généraux s'agacent et mettent en doute sa version des faits. Au point que l'un d'entre eux, Jacques Louvier, est sur le point d'évoquer des points abordés en première instance, "ce qui est formellement interdit", rappelle la présidente. La tension monte. "Mais il n'a jamais dit tout ça en 4 ans d'instruction !", s'exclame le magistrat. "L'accusé peut faire des déclarations suspectes et la cour en tiendra compte", tranche Hélène Langlois.
"Lors d'une confrontation avec monsieur H. (un témoin) en 2016, à la question pourquoi avoir acheté cette chaux, il avait été question de retourner la terre pour faire de la patate. Alors pourquoi donnez-vous ce jour-là une autre explication ?", tâcle l'avocate générale. "Je constate qu'il y a des coupés courts", justifie Gillet. "Vous êtes en train de dire que ce procès verbal, qui a été signé par tout le monde, a été coupé ? Que ça été fait exprès ?", rebondit la magistrate. "C'est comme ça tout le long", persiste l'accusé. L'audience reprendra lundi matin, où de nouveaux témoins seront entendus.