Les annonces de Jean-Michel Blanquer n’ont pas convaincu les enseignants. Une intersyndicale appelait à cesser le travail ce mardi 10 novembre 2020 et demande des mesures urgentes notamment dans les collèges.
L’annonce de nouvelles mesures sanitaires par le Ministre de l’Education jeudi dernier n’a pas calmé la grogne des enseignants. Jean-Michel Blanquer a notamment autorisé les cours à distance à condition de conserver au moins 50% d’enseignants présents dans les établissements.
Pas suffisant pour les syndicats qui ont maintenu ce mardi 10 novembre 2020 leur mouvement de grève. Un mouvement intersyndical suivi par les syndicats FSU, FNEC-FP-FO, CGT Educ’action, SNALC, SUD Education, SNCL-FAEN. Ils réclament une protection "totale et complète" des personnels.
Dans leur préavis, ils précisent : "La situation actuelle nécessite la présence massive et urgente de personnels dans les écoles, collèges, lycées. C’est pourquoi nous vous demandons de procéder dès à présent au recrutement de ces personnels, en particulier en ayant recours aux listes complémentaires des concours…"
"La réalité est que rien n'a changé depuis les vacances d'automne"
"Pas de moyens, le covid gagne du terrain"
Devant le collège Jean Mermoz de Yutz (Moselle), ils étaient une trentaine d’enseignants à manifester dès l’ouverture sans bloquer l’accès à l’établissement. Tous les surveillants sont également en grève. Entre leurs mains, des pancartes choc : "en grève pour pas qu’on crève".Jacques Valentin, professeur d’histoire-géographie explique: "On est dans un collège avec 830 élèves, la configuration est comparable au lycée et rien n’est fait. Les élèves restent 30 par classe…On demande la possibilité de pouvoir travailler en demi-groupes."
Pour Tiphany Pierini, assistante d’éducation: "on vit au jour le jour. Aujourd’hui telle personne est là. On se dit est-ce qu’elle sera là demain en fonction de la situation sanitaire ? C’est très intensif."
Marc Tabouret, président des parents d’élèves FCPE, soutien les personnels mais questionne : "il faut que les parents d’élèves aient les moyens de garder leurs enfants à la maison et qu’ils soient soutenus du point de vue éducatif. On a eu des décrochages lors du premier confinement".
Embauches supplémentaires
Pour les syndicats, c’est du personnel qui est nécessaire et ces embauches auraient dues être anticipées lors du premier confinement. Claire Padrao, responsable CGT Education pour la Moselle, détaille : "dans mon lycée on est à 35 par classe. A partir de jeudi, les élèves vont être présents un jour sur deux. Ce que l’on craint, c’est que les enseignants aient deux fois plus de travail pour gérer les élèves qui sont en présentiel et ceux qui sont en distanciel."Le syndicat SNES-FSU a lancé sur les réseaux sociaux un hashtag balance ton protocole :
Une mobilisation suivie également dans le primaire. Pour Isabelle Nicolas du syndicat SNUIPP 54, qui annonce 20% de grévistes dans les écoles de Meurthe-et-Moselle,: "l'urgence criante c'est le manque de remplaçants. Quand un enseignant est malade, les élèves sont mélangés dans les autres classes. Et donc le protocole n'est pas respecté. A ce rythme-là, il va y avoir des fermetures d'écoles".
Eviter les fermetures
Des manifestations ont eu lieu devant le Rectorat de l’Académie de Nancy-Metz à 14h et devant les inspections académiques locales. A Nancy, ils étaient venus à affirmer que le pire scénario serait que les écoles ferment à cause du virus, comme en mars. "On pense au message que l’on a véhiculé après l’assassinat de Samuel Paty. On est des éducateurs, des modèles de la République et on ne respecterait pas scrupuleusement tout ce qu’on peut faire pour lutter contre le virus? Si, nous, on montre des faiblesses c’est la République qui montre des faiblesses", explique François Wey de la fédération FSU 54.Abel Gros est enseignant en primaire à Vandœuvre-lès-Nancy. Il témoigne de ses journées de travail : "On nous demande d’être hyper responsables pour tout ce qu’il se passe en classe et d’être, pour moi, des tortionnaires. Je le vis comme ça. C’est extrêmement dur d’imposer autant de choses à des enfants. Et en plus on nous infantilise en nous disant qu’on ne respecte pas nous même les gestes barrières… on a énormément de stress pour soi-même et ses proches et pour les enfants et leurs familles."
Un mouvement diversement suivi selon les établissements. Selon le Rectorat, 10,24% de grévistes ont été recensés dans le second degré et 8,76% dans le premier degré sur l'académie.
A côté de ces grèves de profs, à Thionville, dix jeunes ont été interpellés ce matin après des jets de projectiles et un feu de poubelle devant le lycée Rosa Parks. Un rassemblement "en dehors de tout contexte revendicatif", précise la police. Des procédures judiciaires sont en cours.