Dans un article paru ce vendredi, le site Mediapart publie un document confidentiel émanant de l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN). Il dévoile plusieurs incidents répétés entre 2003 et 2014 dans la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne du parc nucléaire français.
Ce document devait rester confidentiel. Il ne l'est plus depuis ce vendredi 14 septembre. Il a été envoyé à une députée allemande, Sylvia Kotting-Uhl (Die Grünen), qui a choisi de le transmettre à Mediapart (article payant) en découvrant son contenu. Mediapart précise que la députée allemande, "a dû insister auprès de l’ASN et s’y prendre par deux fois pour recevoir la liste."
"La liste montre aussi qu’il existe plus de risques que ceux que le public connaît", explique la députée allemande. Ce contenu, jamais dévoilé, c'est une liste d'"événements précurseurs" qui viennent "augmenter le risque de fusion du cœur du réacteur", survenus entre 2003 à 2014 dans les centrales nucléaires françaises (pour la période 2015-2018, la liste n'a pas encore été constituée). Les "événements précurseurs" à Fessenheim y figurent en bonne place: avec huit incidents relevés uniquement dans son enceinte, Fessenheim est la troisième centrale en France où se sont produits le plus d'"événements précurseurs".Il existe plus de risques que ceux que le public connaît
Le rapport annuel de l'ASN ne dévoile pas tous ces "événements précurseurs": l'agence précise qu'il s'agit d'une notion "plus technique [qui] n’est pas conçue comme critère de communication". C'est pourtant cette notion qui a justifié la décision d'Angela Merkel de fermer huit réacteurs nucléaires allemands et la sortie du nucléaire pour 2022, après la catastrophe de Fukushima en 2011. Pour cette enquête, Mediapart a travaillé avec le site allemand correctiv.org (article en allemand).
Actée par le gouvernement, la fermeture de la centrale de Fessenheim resterait liée à la mise en service de l'EPR de de Flamanville. Mise en service qui a été repoussée d'une année, suite à des problèmes de soudures.
"Le retard d’un an du chargement du combustible de l’EPR de Flamanville, au quatrième trimestre 2019, décale donc l’arrêt de la centrale de Fessenheim", expliquait Sébastien Lecornu, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire en juillet 2018.
Le retard d’un an du chargement du combustible de l’EPR de #Flamanville, au 4e trimestre 2019, décale donc l’arrêt de la centrale de #Fessenheim.
— Sébastien LECORNU (@SebLecornu) 25 juillet 2018
Il revient à l’exploitant d’en détailler les échéances précises. 2/4