Après le dépôt mercredi d'un recours devant le Conseil d'Etat contre la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, des élus haut-rhinois ont rencontré la presse ce jeudi afin de clarifier leur démarche. Ils en ont profiter pour inviter les deux candidats à l'élection présidentielle.
Le rendez-vous avait été fixé au siège de la comunauté de commune du Pays de Breisach à Vogelsheim. Jean Rottner (LR) pour la région, Eric Straumann (LR) pour le département, Michel Sordi (LR) pour la circonscription, Gérard Hug, le président de la com’com et Claude Brender, le maire de Fessenheim entendent bien contester le décret actant la fermeture de la doyenne des centrales françaises pris in extremis par la ministre de l'Environnement Ségolène Royal le 9 avril, avant la fin du quinquennat de François Hollande.
La conférence de presse s'est déroulée dans un contexte particulier : celui de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle. Le maire de Fessenheim a d'abord fait savoir qu'il apprécierait que les deux candidats viennent rendre visite aux salariés de la centrale : "2000 emplois qui disparaissent, c’est au moins aussi important que les 300 postes d’Amiens", a dit l'élu.
Au sujet du recours déposé mercredi devant le Conseil d'Etat par les quatre collectivités locales alsaciennes, leur avocat a expliqué ce jeudi que le décret prévoyant l'arrêt prochain de la centrale nucléaire n'était pas légal car "certaines procédures obligatoires n’ont pas été respectées". Les requérants soulignent notamment que la fermeture d'une centrale nucléaire implique une demande de l'exploitant, alors que "la délibération du conseil d'administration d'EDF ne constitue pas une demande d'abrogation", selon M. Straumann.
Le 6 avril, le conseil d'administration d'EDF, réuni dans une atmosphère très tendue, avait bien donné son accord pour qu'une demande d'abrogation d'exploiter la centrale soit transmise à l'Etat, mais avait précisé que cette demande ne devait être faite que "dans les six mois précédant" la mise en service de l'EPR de Flamanville. "Aujourd'hui, tout le monde (les candidats à l'élection présidentielle Emmanuel Macron et Marine Le Pen, NDLR) est chez Whirpool pour trouver des solutions à la fermeture d'une usine américaine, et là, c'est l'Etat qui va décider de fermer une structure et on ne nous propose strictement rien comme compensation économique, pour la reconversion du site", a déploré M. Straumann.
Promesse phare de la campagne de François Hollande en 2012, la fermeture de Fessenheim suscite de vives inquiétudes en Alsace, où la centrale représente quelque 2.000 emplois directs et indirects.