"Crimes à l'Est" revient sur l'affaire Francis Heaulme. En 1989, une femme est retrouvée morte sur une plage de Bretagne, frappée de plusieurs coups de couteau. À l'époque, de nombreuses affaires non élucidées coïncideraient avec l'itinéraire du meurtrier, surnommé le "routard du crime".
Le 14 mai 1989, une femme est retrouvée morte sur une plage de Bretagne, près de Brest. Elle est frappée de plusieurs coups de couteau. La victime est Aline Pérès, une mère de famille de 49 ans. Ce dimanche, les promeneurs sont nombreux mais aucun témoin n'a assisté au meurtre. Le crime a donc été commis en quelques secondes. Une véritable « exécution » selon le directeur d’enquête, le gendarme Jean-François Abgrall.
La traque
Il y a peu d'indices sur la scène de crime. Les recherches s'orientent vers des marginaux, présents sur la plage le jour des faits. Parmi eux, un certain Francis Heaulme. Quelques jours plus tard, ce dernier est appréhendé en Normandie pour ivresse sur la voie publique. Jean-François Abgrall part l'interroger. « Je suis sur la route depuis des années, déclare Francis Heaulme à l’enquêteur. Il m’arrive de voir des scènes de crime, de rêver de choses horribles, à tel point que quelquefois, je suis obligé de me laver les mains pour voir s’il n’y a pas du sang dessus. »Toutefois, en l'absence de preuves, le suspect est relâché. L'enquête piétine. Le premier tournant intervient en décembre 1991 avec l'apparition d'un nouveau témoignage. Un SDF avoue : il était avec Francis Heaulme le jour du crime. Il l'a vu tuer Aline Pérès. Plus de deux ans après le meurtre, Jean-François Abgrall peut enfin arrêter Francis Heaulme.
La mort au hasard
D’emblée, Francis Heaulme reconnaît les faits. Seulement, face à la sauvagerie de l'homicide, les gendarmes sont persuadés qu'ils tiennent non seulement l'assassin d'Aline Pérès, mais également un tueur récidiviste.Au fil des interrogatoires, mis en confiance par Jean-François Abgrall, le suspect se confie et finit par avouer neuf meurtres. Originaire de Lorraine, il sème la mort au hasard, des Ardennes au sud de la France, en passant par la Marne, tuant des hommes, des femmes âgées et même un garçonnet de 9 ans.
Procès en série
En 1994, le temps du jugement est arrivé pour Francis Heaulme. Quimper, Draguignan, Nancy, Reims… Pendant dix ans, il vit un véritable tour de France des cours d'assises. À chaque procès, hantées par le souvenir de leurs proches, les familles de victimes viennent chercher des réponses. Toutes repartent traumatisées, choquées par l’absence de mobile.En dix ans, Francis Heaulme aura été condamné plusieurs fois à la perpétuité. On imaginait alors son parcours judiciaire achevé, mais il devra répondre de ses actes dans un autre dossier. En 2017, il est jugé pour le meurtre de deux enfants, dans l'affaire irrésolue et tristement célèbre de Montigny-lès-Metz. 31 ans après, l'homme reconnaît avoir croisé les victimes, mais nie les accusations. Qu’importe, le 17 mai, il est condamné pour la troisième fois à la perpétuité. Le "routard du crime" a fait immédiatement appel.
Voir notre reportage