Patrick Henry : Le procès de la peine de mort

Crimes à l’Est revient sur l’affaire Patrick Henry. L'histoire d'un homme de 23 ans, reconnu coupable en 1977 du meurtre d'un petit garçon à Troyes. Il évitera la guillotine grâce à la plaidoirie, désormais célèbre, de son avocat Robert Badinter. Quatre ans après, la peine capitale sera abolie.

Un premier pas vers l'abolition de la peine de mort. Tel est l'héritage, quarante ans plus tard, de l'affaire Patrick Henry. Cet homme, reconnu coupable en 1977 du meurtre d'un petit garçon, évitera la guillotine grâce à la plaidoirie, désormais célèbre, de son avocat Robert Badinter. Quatre ans après, la peine capitale sera abolie.

Tout commence à Troyes, le 30 janvier 1976. Le petit Philippe Bertrand, sept ans, est enlevé à la sortie des classes. Son ravisseur demande une rançon d'un million de francs. La police interroge la famille, multiplie les contrôles routiers, sonde les cours d’eau… Mais après huit jours d'enquête, c'est l'impasse.

Le premier tournant intervient le 10 février. Dans une lettre, le ravisseur exige que la rançon soit remise sur le parking d’une auberge, à Piney (Aube). C'est ici que les enquêteurs remarquent une voiture, rôdant près de l'endroit où les parents ont déposé l'argent. Le conducteur prend alors la fuite, mais la plaque est relevée. Le propriétaire est identifié : il s'agit de Patrick Henry.

Du mensonge au cynisme

Malgré 47 heures de garde à vue, et en l’absence d’éléments matériels, le suspect est relâché. À la sortie du commissariat, Patrick Henry parade devant les journalistes. Ce garçon de 23 ans, à l'allure d'un jeune homme bien sous tous rapports, joue les innocents injustement soupçonnés. Ivre de cynisme, il va jusqu'à accorder quelques interviews, affirmant que « le véritable criminel mérite la peine de mort pour s’en être pris à un enfant ».

La police piste Patrick Henry jour et nuit. Elle apprend qu'il loue, sous un faux nom, une chambre dans un hôtel-restaurant de Troyes, « Les Charmilles ».
Elle l'interpelle alors qu'il tente de s'enfuir par la fenêtre et découvre, sous le lit, le corps du petit Philippe. Patrick Henry avoue : il a étranglé le garçonnet car il ne supportait plus ses pleurs.

Promis à l’échafaud

Janvier 1977. « À mort ! À mort ! À mort ! » Massée devant le palais de justice de Troyes, la foule réclame la tête de Patrick Henry. Le ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski, déclare même : « Si j’étais juré, je me prononcerais pour la peine de mort. » L’assassin du petit Philippe Bertrand est promis à l’échafaud. L’un de ses avocats, Robert Badinter, établit alors une stratégie : faire du procès de Patrick Henry celui de la peine capitale. Au cours de sa plaidoirie, désormais fameuse, il exhorte les jurés à sauver la vie du jeune homme : « La vie est sacrée, même chez le sacrilège ! » Il les responsabilise : « Ce n’est pas le bourreau qui dressera la guillotine, c’est vous ! »
À la stupeur générale, la Cour d'assises sauve la tête de l'accusé, et le condamne à la prison à vie. Quatre ans après, la peine de mort sera abolie. À l'annonce du verdict, Patrick Henry s'exclame : "Vous n'aurez pas à le regretter !"

La rechute

Patrick Henry passe 26 années en prison. En 2001, il obtient une libération conditionnelle. Le voilà libre, libre de tourner la page. Mais quelques mois plus tard, il est arrêté en Espagne en possession de dix kilos de cannabis. Retour derrière les barreaux. En 2017, atteint d'un cancer, Patrick Henry voit sa peine suspendue. Il meurt le 3 décembre, condamné, cette fois-ci, par la maladie.

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