Affaire Chanal : L’histoire d’un impossible procès

Crimes à l’Est revient sur l’affaire Pierre Chanal. L'histoire d'un impossible procès, celui d'un militaire soupçonné de 8 assassinats, préférant mourir que d'être jugé. Après 20 ans d'enquête, les familles ne sauront jamais comment ont disparu leurs enfants.

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Le "triangle maudit"

Tout commence près du camp militaire de Mourmelon (Marne). De 1980 à 1987, huit garçons, pour la plupart appelés à effectuer leur service militaire, disparaissent en faisant de l'autostop.
Alertée par les familles, la presse s'empare de l'affaire en évoquant le « triangle maudit : Mourmelon, Suippes, Mailly ». En 1982, après la découverte du corps d'un jeune appelé, les investigations peuvent enfin débuter sous l'égide du capitaine Joël Vaillant. L'hypothèse d'un tueur en série est privilégiée, mais l'enquête piétine jusqu'en 1988.

Le flagrant délit

Lors d'une patrouille de routine à Bussières (Saône-et-Loire), des gendarmes contrôlent un camping-car garé sur un chemin sans issue. À l'intérieur, un autostoppeur Hongrois, caché sous une couverture, nu et bâillonné. Le jeune homme vient de subir 20 heures de sévices sexuelles. Le propriétaire du véhicule est arrêté. Il s'agit d'un militaire : Pierre Chanal.
Cet adjudant-chef, rompu aux techniques de commando, célibataire, a été affecté au camp de Mourmelon entre 1977 et 1986. Malgré 47 heures d'interrogatoire, il ne craquera pas.

L'enlisement

En Octobre 1990, à Châlon-sur-Saône, Pierre Chanal est condamné à 10 ans de réclusion uniquement pour la séquestration et le viol du jeune Hongrois.
Mais l'enquête se délite avec une curieuse dispersion des dossiers, des expertises contradictoires, déni de l'armée, lenteur de la justice… En 1995, Pierre Chanal est libéré après 8 ans de prison. Les investigations n'ont toujours pas avancé, jusqu'à l'arrivée, d'un nouveau juge d'instruction.
Grâce aux progrès de la science, l'ADN de trois des disparus de Mourmelon est identifié. Voilà enfin une preuve matérielle. Pierre Chanal devra à nouveau comparaître devant une cour d'assises, le 13 mai 2003. Le box des accusés restera vide...

Le suicide

Après une première tentative de suicide, le procès est reporté au mois d'octobre. À la veille de l'audience, Pierre Chanal, hospitalisé à Reims, se sectionne l'artère fémorale à l'aide d'une lame de rasoir, au nez et à la barbe de ses surveillants. En 7 minutes, il se vide de son sang.
Pour les familles de victimes, les derniers espoirs de vérité s'envolent. Parti avec ses secrets, l'ancien adjudant-chef Pierre Chanal restera présumé innocent pour l'éternité.

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