Un vunster (un munster végétalien, ou végan) sera bientôt en vente dans l'épicerie Terre Végane de Rixheim (Haut-Rhin). Une originalité culinaire dans l'air du temps qui ne fait pas forcément l'unanimité.
À l'épicerie spécialisée Terre Végane de Rixheim (Haut-Rhin), on commencera à vendre en février du vunster, c'est à dire du munster végan. On entend de plus en plus parler des produits végétaliens (ou végans), c'est-à-dire qu'aucun animal n'a été exploité pour les concevoir : cela concerne une gamme de produits allant de la viande de porc jusqu'aux oeufs de poule mais aussi jusqu'au miel des abeilles ou à la laine des moutons. Sans oublier, évidemment, le lait des vaches.
Mais comment faire un munster sans lait de vache? Avec de la noix de cajou mixée, révèle son créateur Gabriel Chatelat: "Elle a un côté très onctueux, elle est facile à travailler et a un goût relativement neutre, qui peut se marier avec beaucoup d'ail, de fines herbes... C'est vraiment quelque chose de très apprécié par les personnes véganes."
Cet adorateur du munster, devenu végan il y a cinq ans, a mené des tests pendant plusieurs mois pour parvenir à créer ce vunster. Il juge le goût "presque similaire", et se satisfait qu'aucun animal ne soit plus exploité pour la conception de son fromage favori.
Le concept peut étonner. Mais après tout, le munster s'accommode fort bien des diverses nouvelles expériences culinaires où l'on a recours à ce pur produit du terroir alsacien. On l'a par exemple vu décliné en soupe sur le marché de Noël de Munster (Haut-Rhin). Reste à voir s'il est aussi bien accueilli que cette soupe.
Le vunster à l'essai
Marc Schell est un expert reconnu en fromage : il dirige l'enseigne Au Bouton d'Or, vieille de 110 ans, qui se situe place de la Réunion à Mulhouse. Selon lui, "C'est spongieux. Ça a un petit goût de fromage, ça sent un fromage..." Mais il sent plutôt ce qu'il y a autour, comme de la noisette ou des fleurs. Bref, il n'est pas convaincu.Le profane est partagé. "C'est crémeux, mais vraiment bon" pour l'un, "on sent moins le goût" pour l'autre. Une dame est assez catégorique: "Ah, non! Le munster restera le munster..."
À la rédaction, on retrouve aussi cette opposition entre deux camps. Pour Nicolas, c'est "étonnant" : "ça a le même goût" bien que "la texture [soit] un peu différente". "Mais ça va", précise-t-il. Mais Stéphane est moins emballé. En fait, il "n'aime pas du tout".