Après l'annonce de la fusion entre Alstom et Siemens ce mardi soir, la nouvelle a été accueillie avec une grande prudence par les syndicats du site de Reichshoffen, qui craignent un accord déséquilibré entre les deux industriels.
C’est une fusion qui était en négociation secrète depuis des mois mais qui n’a été actée que ce mardi soir. Le français Alstom et l'allemand Siemens ne vont faire plus qu’un, une fusion "entre égaux" de leurs activités ferroviaires, mais surtout une alliance européenne contre le numéro un chinois, CRRV.
Le nouveau venu, Siemens-Alstom, devrait devenir le numéro deux mondial en termes de volume du matériel ferroviaire et devrait être en position de leader pour ce qui est de la signalisation.
Fusion ou absorption à long terme ?
Même s’il s’agit d’une fusion sur le papier, Siemens pourrait faire monter sa participation au capital au-delà de 50,5% au bout de quatre ans. L’industriel allemand apportera ses activités ferroviaires et recevra en retour la moitié du capital d’Alstom.Le nouveau groupe aura son siège à Paris et sera coté à la bourse de Paris. Henri Poupart-Lafarge, l’actuel PDG d’Alstom reprendra la direction du nouveau groupe. Mais le conseil d’administration sera composé de 6 administrateurs désignés par Siemens et 4 indépendants, en plus du PDG, ce qui donne un avantage numérique à l’industriel allemand.
L’Etat français qui détenait 20% du capital d’Alstom ne siègera plus au conseil d’administration. Un désengagement de l’Etat assumé par le ministre de l’économie Bruno Le Maire qui s’est félicité de cette fusion sur Twitter.
Nous avons avec Airbus un géant de l'aéronautique mondial. Avec le rapprochement #Alstom / Siemens, nous faisons le 2e champion mondial du ferroviaire !
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 27 septembre 2017
L'Etat français est actuellement actionnaire d'Alstom grâce aux actions prêtées par Bouygues et devrait mettre fin au prêt de titres (...) et n'exercera pas les options d'achat".
Alstom ferroviaire emploie en France 9 000 personnes, réparties sur douze sites. Le site de Reichshoffen dans le Bas-Rhin emploie près d’un millier de salariés, dont une centaine d’intérimaires.
Malgré les garanties en termes d’emploi mises en avant par l’Etat, de nombreuses voix s’élèvent déjà pour dénoncer un accord non-paritaire entre les deux industriels.
On brade un grand fleuron industriel, il n'y avait pas d'urgence. C'est une grosse erreur. #Alstom #ClassiqueMatin
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 27 septembre 2017
#Siemens #Alstom "Ce n'est pas un Airbus ferroviaire. C'est une escroquerie organisée par l'Etat." #Le79Inter
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 26 septembre 2017
Pour Daniel Dreger, représentant de l'intersyndicale CGT-FO, cette fusion a été décidée dans le dos des salariés.
Ça nous a mis un grand coup, personne n’était au courant de ce projet de fusion. On ne l’a appris qu’une demi-heure avant l’annonce. On l’a appris dans la presse allemande.
Pour le syndicaliste, si l'accord prévoit en effet des garanties pour l'emploi, elle ne concernent que les quatre prochaines années. "Après cinq ans, on ne sait pas ce qui va se passer, il y aura de la casse [...] ils (ndlr Siemens) détiennent les cordons de la bourse."
Daniel Dreger fera partie des représentants syndicaux qui assisteront à la réunion d'information-consultation des personnels au niveau européen qui aura lieu le 5 octobre prochain à Katowice, en Pologne.