Gaz de houille en Lorraine : EGL se rebaptise "Française de l'Energie"

La société spécialisée dans le gaz de houille European Gas Limited (EGL) a décidé de se rebaptiser "Française de l'Energie". Elle espère démarrer l'exploitation du gaz de houille en Lorraine en 2017 grâce à une technique présentée comme "non-invasive". Notre décodage de cette déclaration.

La société spécialisée dans l'exploration et l'exploitation du gaz de houille European Gas Limited (EGL) vient de se rebaptiser "Française de l'Energie". Elle entend ainsi marquer son ancrage français. L'entreprise espère démarrer l'exploitation du gaz de houille dans le sous-sol lorrain en 2017.

Avec ce nouveau nom, "on explique clairement qui on est, on affirme la démarche qui a été mise en place depuis 2009 et on annonce les prochaines étapes", a déclaré à l'AFP Julien Moulin, président de l'entreprise.


Gaz de houille

Il s'agit de méthane emprisonné dans les veines de charbon, autrement dit le grisou tant redouté par les mineurs. Il est particulièrement présent en Lorraine et dans le Nord-Pas-de-Calais. D'après "Française de l'Energie", le sous-sol lorrain, et plus particulièrement la Moselle, en contiendrait d'énormes quantités : entre 350 et 450 milliards de mètres cubes. De quoi assurer dix ans de consommation française, selon l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles.


Technique d'extraction

"Il s'agit d'une technique non invasive, avec un impact de surface très limité", insiste-t-il pour se différencier aussi de la technique très controversée de fracturation hydraulique, interdite en France depuis 2011.


Decryptage de cette opération de communication d'EGL

"Française de l'Energie" prétend utiliser une "technique non-invasive". Mais en réalité, il n'en existe pas car la fracturation est essentielle à la récupération du gaz.

Pour récupérer le gaz de houille, on pompe l'eau présente dans les veines de charbon. Le gaz contenu s'échappe alors et remonte vers la surface. Cependant, cette technique nécessite des fissures, qui, si elles n'existent pas, doivent être provoquées. La porosité de la roche influe sur la quantité de gaz récupérée. En clair, si l'on fracture la roche, on peut récupérer plus d'énergies fossiles, et donc augmenter la production d'un forage, mais cela nécessite bien une fracturation. Même si en Lorraine, la couche est naturellement pliée, ce qui facilite en partie la récupération à partie de la "pliure" du sol.

L'environnement proche peut être touché. Les riverains craignent d'ailleurs un affaissement des sols lié à la vidange de l'eau, ainsi qu'une contamination des ressources naturelles locales. L'eau pompée doit être traitée car elle est "contaminée" par le méthane (96% du gaz de houille) mais aussi des métaux lourds, des radionucléides (atomes radioactifs) présents dans le sol. L'autre problème est que toute l'eau contenue dans le sous-sol ne remonte pas. Comme avec la fracturation hydraulique, une partie peut filtrer vers des nappes phréatiques par accident, défaut de forage, etc.

Pour faire simple, il n'existe pas de méthode "non invasive". Certaines sont simplement moins néfastes que d'autres.


La fracturation hydraulique

C'est une méthode ultra-controversée, utilisée aux Etats-Unis et interdite en France depuis 2011, visant à exploiter les gaz en sous-sol. Elle consiste à envoyer un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques à forte pression dans le sol pour récupérer la source d'énergie sous forme gazeuse. Le problème est qu'une partie du liquide s'évacue dans le sol. La crainte est que l'eau contaminée ne s'écoule dans les nappes phréatiques et donc se retrouve dans les champs et l'eau potable.

Pour aller plus loin, retrouvez notre dossier complet sur le gaz de schiste et le gaz de houille en Lorraine.
Ici une synthèse sur le gaz de houille par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières.


Ici notre reportage de 2013 sur les prospections d'EGL :

 

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