Liquidée après l'émission Patron incognito, la chocolaterie alsacienne Frédéric de Sainte-Croix-en-Plaine a repris son activité depuis la mi-octobre. L'ancien gérant de l'usine, Bertrand Zimmer, a repris 12 des 37 salariés. Un nouveau départ.
Les habitants de Sainte-Croix-en-Plaine pensaient que c’en était fini de la chocolaterie Frédéric, créée en 1946. Le 29 août dernier, le tribunal de Colmar annonçait la liquidation judiciaire de la société Frédéric chocolaterie, supprimant les postes de 37 employés. Et ce, malgré l’offre de reprise de Bertrand Zimmer, gérant de l’usine jusqu’en 2013, avant son rachat par Monbana.
Mais M. Zimmer ne s’est pas découragé. Au moment de la mise en vente des machines et de l’outillage de l’usine de chocolat, le gérant les a rachetés puis a embauché 5 anciens employés en CDD. «On est un petit commando qui doit redémarrer l’usine», sourit-il. Depuis le 16 octobre, les machines se sont remises en marche et 7 autres personnes ont été recrutées en intérim.
Redémarrage sans le «Patron incognito»
« Je suis vraiment très heureux de voir combien les salariés sont motivés, c’est impressionnant. », poursuit Bertrand Zimmer. L’entreprise renommée Frédéric Services a changé de stratégie commerciale. L’usine ne vend plus de chocolats aux grandes surfaces et se concentre désormais sur la vente aux chocolatiers et aux particuliers. Depuis lundi dernier, une boutique est ouverte à l’usine. «Des gens viennent nous acheter des chocolats pour nous soutenir. Ça fait chaud au cœur», avoue le gérant.
Mais malgré ces bons débuts, la situation reste fragile. «Je ne vais pas faire de promesses inconsidérées», prévient M. Zimmer. Un message qui fait écho à l’attitude de l’ancien PDG de la chocolaterie, Yves Guattari, du groupe Monbana. Dans l’émission Patron incognito sur M6, celui-ci s’était dit très content de lui et de ses salariés… avant d’annoncer quelques mois plus tard vouloir se séparer de l’usine.
«On a le potentiel»
La reprise par Bertrand Zimmer est donc un nouveau départ pour les 12 employés de la chocolaterie. «C’est mon cadeau de Noël», savoure Rachel Ott, 45 ans, dont 27 passés à l’usine de Sainte-Croix-en-Plaine. Alors qu’elle était en recherche d’un nouvel emploi, l’offre du nouveau gérant a été un soulagement pour elle est les autres heureux élus. «Maintenant on est à fond dans le travail», lance-t-elle.
Les CDD des cinq salariés s’achèvent fin janvier. L'avenir reste incertain mais tous veulent y croire: «On a des machines, et un savoir-faire: on a le potentiel», affirme Rachel Ott. Reste désormais à acquérir une nouvelle clientèle pour prospérer.
Dans ce mélange d’espoir et de pragmatisme, Annick Weiss, une autre employée de la chocolaterie, philosophe : «Même si ça ne devait pas marcher, on aura au moins essayé.»