200.000 scolaires et 38.000 adultes prennent chaque jour un bus sur une ligne scolaire ou interurbaine de l'un des réseaux Fluo du Grand Est. Mais la Région veut harmoniser les prix des billets unitaires et des abonnements, très variés selon les départements.
La région Grand Est gère dix réseaux de transports en commun interurbains sur route, ainsi que le réseau TER (Transport express régional). Le tout est regroupé sous la bannière commune Fluo Grand Est.
Mais les situations et les tarifs pratiqués sont très variables. Jusqu'à présent, selon les départements, le prix d'un ticket unitaire peut varier de 2 à 4 euros. Et les abonnements mensuels osciller d'une quarantaine d'euros à plus de 130.
Le 23 juin, lors de sa prochaine session plénière, le Conseil régional entend harmoniser cette tarification sur l'ensemble du réseau routier de Fluo Grand Est. On vous explique.
Un ticket unitaire à 4 euros
"La nouvelle tarification applicable sur tout le réseau Fluo Grand Est", qui devrait être votée ce jeudi 23 juin, "offrira davantage de lisibilité aux usagers, et d'égalité entre les territoires" promet la Région dans un communiqué. Elle sera "plus simple, basée sur un tarif unique" du billet unitaire, et sur "des abonnements sur mesure."
La mesure phare est un ticket unitaire à 4 euros en plein tarif, qui permet de se déplacer en autocar dans toute la région, quelle que soit la distance. Précision : ce nouveau ticket est plus cher que la plupart de ceux proposés jusqu'à présent. Dans le Bas-Rhin (réseau Fluo 67), par exemple, le ticket unitaire vaut 2,50 euros, et seulement 2 euros dans les Ardennes (réseau Fluo 08).
Comme dans quatre autres départements, le réseau Fluo 68 du Haut-Rhin applique, lui, des tarifs variables, soit entre 2,40 et 5 euros selon la distance. On trouve encore moins cher dans les Vosges (réseau Fluo 88) où le prix du ticket commence à 1,40 euros, ou en Moselle (réseau fluo 57), où il débute à 1,60 euro.
Des rabais conséquents
Mais en parallèle, la Région prévoit des rabais très conséquents, même pour des usagers sans abonnement. Le ticket unitaire passe à 2 euros si l'on achète une Carte Fluo (à 20 euros par an). Ou si l'on présente un billet TER qu'on vient d'utiliser. Et pour 1 euro de plus par mois, le possesseur d'un abonnement mensuel TER aura un accès gratuit et illimité aux cars du réseau.
Concernant les usagers en situation de précarité, la carte Fluo donnant accès au ticket à 2 euros ne coûtera qu'1 euro aux jeunes de moins de 26 ans, et sera gratuite pour les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (CMU–C).
Des abonnements à prix fixes
Selon la nouvelle tarification, l'abonnement mensuel sera fixé à 50 euros à taux plein, et l'abonnement annuel à 420, peu importe la distance parcourue. Les jeunes de moins de 26 ans, eux, ne paieront que 20 euros mensuels (168 euros par an), et les bénéficiaires de la CMU-C, 10 euros mensuels (84 euros par an).
Un prix sensiblement plus attractif que celui de la plupart des abonnements proposés jusqu'à présent, et extrêmement variables d'un réseau fluo départemental à l'autre : une quarantaine d'euros dans la Meuse ou la Meurthe-et-Moselle, 52,50 euros dans le Bas-Rhin, 79,20 dans la Marne, et jusqu'à 140 dans le Haut-Rhin, pour les distances les plus longues.
Des abonnements très alléchants pour les scolaires
Pour les élèves de primaire, le trajet entre la maison et l'école, en car comme en train, sera entièrement gratuit. Et pour les collégiens et lycéens, l'abonnement ne coûtera que 94 par an.
En outre, "pour faire aimer le car aux scolaires" même durant les vacances, la Région leur proposera des voyages illimités sur tout le réseau Fluo Grand Est, au prix d'une carte Fluo d'1 euro par an.
Les associations d'usagers "pas franchement contre"
Mais qu'en pensent les usagers des transports ? "Il y a des choses positives, et d'autres qui ne vont pas du tout" estime François Giordani, président de la FNAUT (Fédération nationale des associations d'usagers des transports).
Pour commencer par les choses qui fâchent, "sur la forme", le président de la FNAUT regrette que sa fédération n'ait "pas du tout été consultée" par la Région en amont. Ensuite, "ce qui ne va pas du tout, c'est ce ticket à 4 euros" car, rappelle-t-il, "il y a plein d'endroits où c'est moins cher."
Mais rapidement, François Giordani relativise : "Normalement, ça ne concernera que très peu de gens, les occasionnels qui débarquent dans la région." Puisque grâce à la carte Fluo, "tous les autres doivent bénéficier de réductions." Et le calcul est vite fait : "S'ils voyagent dix fois, c'est amorti."
Il considère aussi "plus simple" l'option de la Région de préférer "la tarification plate" (le prix unique) à "la tarification kilométrique zonale", (les prix différenciés pratiqués jusqu'à présent dans la moitié des départements).
Par ailleurs, le président de la FNAUT note aussi "des choses franchement positives". Ainsi, "cette carte Fluo à 1 euro" pour les scolaires, et l'accès aux transports routiers "pour un euro de plus" sur un abonnement de TER. Il souligne également "des choses intéressantes", comme le fait que, dorénavant, "c'est tout nouveau", les usagers ordinaires adultes auront le droit d'utiliser les cars scolaires.
Ce qui reste à améliorer
Mais François Giordani pointe aussi des aspects qui, selon lui, devraient être améliorés. Il souhaiterait voir proposer partout "des abonnements uniques" combinant le Fluo interurbain à celui des transports urbains, comme c'est déjà le cas dans l'Eurométropole de Strasbourg avec l'abonnement mensuel Fluo + CTS.
Il attendrait aussi de la Région qu'elle élargisse les horaires des transports en commun, pour mieux prendre en compte les nombreux salariés aux "horaires atypiques", qui partent ou reviennent tôt le matin, ou tard le soir, voire dans la nuit.
Enfin, le président de la FNAUT estime que les offres de la Région envers des usages en situation de précarité ne sont pas suffisamment solidaires. "Plutôt qu'un simple tarif pour les chômeurs et bénéficiaires de la CMU-C", il préférerait l'instauration de quatre niveaux de tarification, "quatre barèmes, selon le quotient familial", plus juste à ses yeux.
Mais "globalement, on ne peut pas dire qu'on est franchement contre" résume-t-il. Reste à attendre la mise en application de ce projet, voté jeudi prochain. Une mise en application qui, selon les départements, pourrait s'échelonner jusqu'en 2024.