Les grandes dates de la centrale nucléaire de Fessenheim, dont la fermeture avait été promise en 2012 par François Hollande et sur laquelle doit se prononcer jeudi le Conseil d'administration d'EDF.
La centrale a commencé à être construite en 1970 au bord du Rhin, face à l'Allemagne, à 25 km au nord de Mulhouse et 40 km de Bâle, en Suisse. Ses deux réacteurs à eau pressurisée, d'une puissance de près de 900 mégawatts (MW) chacun, sont mis en service en 1977 pour une durée de 40 ans. L'Allemagne y détient une participation de 17,5% (Energie Bade-Wurtemberg, contrôlé par l'État régional) et la Suisse de 15% (Alpiq, Axpo et BKW), ce qui leur donne droit à une part équivalente de la production.
Incidents mineurs et contestations
Dans les années 1990 et 2000 les incidents mineurs se succèdent : vanne mal refermée, défaut du système électrique, microfissures sur le couvercle d'un réacteur, erreur de manipulation d'un chimiste, pollution des eaux, fuite de fuel, contaminations légères d'employés ou d'intervenants... L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dénonce en 2007 un "manque de rigueur" de la part d'EDF dans l'exploitation de la centrale. Des associations françaises, allemandes et suisses et des députés européens écologistes demandent la fermeture de la centrale. Une étude suisse estime en 2007 que le risque sismique avait été sous-estimé à la construction, alors que le site repose sur une faille.
Après Fukushima, la tension monte
La contestation s'intensifie en mars 2011 suite à la catastrophe de Fukushima au Japon. Trois cantons suisses, une région allemande, la région Franche-Comté et la ville de Strasbourg demandent l'arrêt des réacteurs. 10.000 manifestants anti-nucléaire se retrouvent devant Fessenheim le 20 mars, une chaîne humaine de 5 km est formée autour du site en juin. Mais l'intersyndicale se mobilise contre la fermeture pour préserver environ 2.000 emplois directs et indirects. En juillet 2011 l'ASN estime que l'exploitation de la centrale peut être prolongée de 10 ans - soit jusqu'en 2027 - sous réserve de travaux, un avis suivi par le gouvernement. En mars 2013, des militants de l'ONG Greenpeace parviennent à s'introduire sur le site et déploient une banderole sur le dôme d'un réacteur pour faire cesser "la menace" du nucléaire.
La promesse de Hollande
Le 19 novembre 2011, l'accord entre Europe Ecologie-Les Verts et le PS, en prévision de l'élection présidentielle de 2012, prévoit la "fermeture progressive de 24 réacteurs" et un "arrêt immédiat de Fessenheim" en cas de victoire. "Dans l'immédiat, je propose la fermeture de Fessenheim parce que c'est la plus ancienne de nos centrales, mais aussi pour des raisons de sûreté puisqu'elle est située sur une zone sismique", précise le candidat François Hollande qui promet qu'il n'y aura "aucune suppression d'emploi sur le site".
En septembre 2012, le nouveau président annonce la fermeture de Fessenheim fin 2016. Trois ans plus tard, il repousse de facto l'échéance à 2018, liant la fin de la centrale à la mise en service de l'EPR de Flamanville. En août 2016, l'Etat et EDF s'accordent pour une indemnisation d'au moins 446 millions d'euros, adoptée par le conseil d'administration d'EDF en janvier 2017.
Ce dernier se prononce jeudi sur l'arrêt même de la centrale.