Harcèlement : le monde scolaire se mobilise en Alsace

Les violences répétées pour harcèlement scolaire entre élèves mènent certains à des actes désespérés. Les outils pour prévenir, aider les victimes et éviter les drames existent. Ministère de l'éducation et rectorat les mettent à disposition des établissements d'enseignements de tous niveaux. 

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"Chaque cas signalé est pris très au sérieux" assure Lucie Pitiot, référente académique de la lutte contre le harcèlement scolaire, au rectorat de Strasbourg. "Le cas de l'enfant que vous avez évoqué dans l'un de vos articles, est connu et en cours d'évaluation. Il est clair que se manifeste là une souffrance, à laquelle nous sommes sensibles. Et même si la maman du petit garçon croit que tout n'a pas été fait, cet enfant est très entouré, notamment de personnels qualifiés. Notre objectif est de reconstruire la confiance entre la famille et l'établissement, pour retrouver une vie scolaire sereine et permettre à cet enfant de progresser dans les meilleures conditions."

Mais de façon générale, la lutte contre le harcèlement est un travail de fond essentiel dans l'enseignement, à tous les niveaux. Sur son site internet, le Ministère de l'éducation nationale en fait l'une de ses priorités : "faire disparaître des écoles et établissements, les phénomènes de harcèlement." Même si les mesures mises en place semblent globalement améliorer la situation, il fait état, pour l'année 2019 de : 

  • 335 référents harcèlement mobilisés dans les académies 
  • 77 742 sollicitations au 3020 (numéro national)                         
  • 2 176 signalements aux référents académiques
  • 649 236 visiteurs sur le site Non au harcèlement
  • Près de 10 000 ambassadeurs collégiens et lycéens           

 

Plusieurs outils de lutte collective

Le 5 novembre 2020, l’Unesco et le ministère français de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports ont organisé une Conférence internationale sur la lutte contre le harcèlement entre élèves. Elle s'est tenue en virtuel, à l'occasion de la Journée internationale contre la violence et le harcèlement à l'école, également consacrée au cyberharcèlement. Au delà de ce rendez-vous annuel, début novembre, il existe des moyens de lutte au quotidien : notamment un plan de sécurisation des établissements scolaires, depuis septembre 2009, un plan de formation des personnels d’encadrement, à l’exercice de l’autorité, en situation de crise, et des équipes mobiles de sécurité  (EMS) depuis 2015.

L'équipes mobile de sécurité intervient (comme cela a été le cas dans le Haut-Rhin à Illfurth, précise la référente d'académie) en proposant d'entendre le ou les élèves" harcelés". Elle discute avec chacune des famille, du harcelé et du harceleur.  

Chaque département a une équipe mobile de sécurité, composée de huit personnes. Ses membres sont recrutés au niveau académique. Leur rôle : sécuriser les établissements et accompagner les élèves, confrontés à des problématiques complexes de violence. "Ces équipes font beaucoup de prévention" précise Lucie Pitiot. "Chaque année des milliers d'élèves sont l'objet de cyberviolence, de harcèlements, de violences physiques et verbales et sont sujet de souffrances." 

 

Parler pour ne pas rester seul avec sa souffrance 

Parfois les situations de harcèlement durent longtemps. Pour éviter que toute situation s'envenime, la solution consiste à parler et ne pas rester seul avec sa souffrance. Pour l'élève harcelé, il s'agit de s'ouvrir à une personne de confiance ou référente dans l'établissement, comme un conseiller d'éducation, une assistante sociale, un prof. S'il n'est pas lui-même en capacité de parler, un copain de classe, un témoin saura peut-être le faire. Les signaux d'un mal-être sont nombreux : baisse de moral, sommeil perturbé. Pour toute personne concernée (parents, élèves, enseignants, témoins), il est possible de trouver des conseils et informations sur le site Non au harcèlement scolaire.

 

Des formations pour les personnels éducatifs et les familles 

Le rectorat propose des formations aux personnels éducatifs, aux enseignants et aux assistants-assistantes sociales, aux infirmières et infirmiers scolaires. "Ce sont des formations de différents formats, des conférences, d'une à plusieurs journées. Chaque année par exemple, une vingtaine de documentalistes, de CPE et d' AS sont formées deux à trois fois par an, à former à d'autres personnels et transmettre leurs acquis."

Le harcèlement scolaire est multiforme, les chiffres globaux baissent mais le phénomène est toujours là. Et il faut savoir que le harcèlement est en train de prendre une autre tournure. "Les référents du territoire sont aussi formés à la diffusion de cette nouvelle forme de harcèlement, le cyberharcèlement" indique Lucie Pitiot, "on professionnalise les équipes, mais le harcèlement classique continue d'exiger une attention extrême. Elle recule, car la prise en charge est de plus en plus rapide, grâce aux procédures adéquates."

Même les familles peuvent bénéficier d'une formation, un "café des parents", des soirées  d'intervention pour apprendre à détecter et comprendre les situations. "Une prise en main précoce est essentielle" explique la référente dans la lutte contre le harcèlement scolaire au rectorat de Strasbourg. "Les situations sont rarement simples et évidentes, car les victimes restent parfois longtemps silencieuses et seules dans leur coin."  D'ailleurs, l'académie recrute des membres d'équipes mobile de sécurité et propose des formations continues. 

 

Des sanctions, mais aussi une nouvelle méthode prometteuse

"Pour les élèves harceleurs, des mesures de réparation, de sanction ou de punition adaptées sont prévues. Il y a des sanctions individualisées progressives et adaptées à leurs âges. Ça peut être un conseil de discipline et une exclusion temporaire, mais encore faut-il que les éléments qui fondent ces décisions soient effectifs" insiste Lucie Pitiot. 

"Chaque année 500, 600 à 700 personnels sont formés à la détection et mise en oeuvre de la procédure harcèlement. Ils apprennent à évaluer et identifier les élèves pris dans une situation de harcèlement et à trouver meilleurs réponses. Six académies, sur une trentaine, se sont engagées dans une nouvelle expérience : faire partager l'expérience de la situation à tous les protagonistes, élèves victimes, familles, agresseurs, ce qui développe une empathie pour l'élève harcelé." Depuis 2019, cette expérience nouvelle a l'air de fonctionner selon la référente académique. 

Un exemple de réussite avec la nouvelle méthode : des harceleurs avaient eu une sensibilisation au harcèlement par une EMS et finalement leur sanction a été une mesure de responsabilisation : ils ont dû sensibiliser leurs camarades, confectionner des affiches pour expliquer ce qu'est le harcèlement et comment l'éviter.

Toutes les mesures mises en place consistent au final à créer un climat serein, le seul qui permette aux élèves de réussir et de s'épanouir, d'où l'accent mis sur la prévention. Certaines situations sont très tendues et il faut réussir à renouveler la confiance entre famille et institution, recréer un dialogue objectif et constructif, dans l'intérêt de l'enfant. 

 

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