Commencée en septembre 2018 avec le démontage des sculptures, la restauration du retable d’Issenheim se poursuit avec les panneaux peints et leurs cadres en bois. Une vingtaine de spécialistes ont été rassemblés par le musée Unterlindende Colmar pour une rénovation totale du chef d'oeuvre.
Après cinq siècles d'encrassage le retable d'Issenheim s'apprête aujourd'hui à faire sa grande toilette. Un collège d'une vingtaine de spécialistes a été formé en septembre dernier pour rénover le chef d'oeuvre de Matthias Grünewald, peint au début du XVIe siècle. Après la tentative avortée de 2011, il fallait bien ça pour réparer outrages du temps et retouches plus ou moins heureuses qu'avait subis la pièce maîtresse du musée Unterlinden de Colmar. Les couches successives de vernis, accumulées au fil des années, avaient fini par ternir ou occulter les couleurs originelles des panneaux peints. La lecture de l'oeuvre s'en trouvait affectée en certains endroits
« L’ensemble des onze panneaux est recouvert d’un vernis oxydé jaune qui a été appliqué en plusieurs mains, en plusieurs fois et donc on a une tonalité très jaune », explique Anthony Pontabry, mandataire du groupement de restaurateurs. Après une série de tests pour trouver les bons solvants, en novembre dernier, l'amincissement des vernis débutera en mars 2019. Cette opération devra redonner aux couleurs tout leur éclat d'origine. Les panneaux resteront en place dans leurs structures, à la verticale, et les restaurateurs travailleront sous le regard du public.
Les sculptures, elles, ont commencé à être démontées en septembre 2018. Un premier convoi est parti à Paris, au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2MRF), où les restaurateurs s'attacheront à faire ressortir les polychromies d'origine. Un second convoi partira le 21 janvier.
"Tout ce que nous faisons doit pouvoir être défait"
L'étape plus délicate concerne les cadres. Sous la direction du restaurateur Aubert Gérard, l'équipe de menuisiers spécialisés du musée a extrait les panneaux peints latéraux représentant Saint-Antoine et Saint-Sébastien ainsi que les parties inférieures du retable, de leurs encadrements d'origine. Les trois cadres anciens sont partis au Centre Régional de Restauration et de Conservation des Oeuvres d'Art de Vesoul. C'est ici que seront restaurés les pièces de bois et les encadrements.
« Notre manière de procéder c’est le respect maximal de l’œuvre ancienne. Si nécessaire, on conserve certaines modifications et ce que nous faisons doit pouvoir être défait donc on utilise un adhésif réversible », explique Aubert Gérard qui supervise l'opération.
Le reportage de France 3 Alsace