Grâce au footing vertical, des personnes en surpoids, des seniors et même des personnes à mobilité réduite peuvent faire de l'escalade. Il s'agit d'une invention de portée mondiale, et c'est à Colmar, en Alsace, que ce dispositif est développé par deux champions de la discipline, alors que les Jeux paralympiques viennent de démarrer.
C'est un sport qui rend l'escalade accessible à tous. Le footing vertical permet aux seniors, aux personnes en situation de handicap ou en surpoids de faire de l'escalade. Un formidable outil d'inclusion, car ces publics qui ont accès aux salles sont trop souvent mis de côté et restent cantonnés au sol. À Colmar (Haut-Rhin), un dispositif est développé par deux champions de l'escalade, les frères Mawem, et un ingénieur, Sebastien Kuehn.
"Un jour, je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose pour toutes les personnes à mobilité réduite, explique Mickaël Mawem, champion du monde de la discipline et copropriétaire d'une salle d'escalade à Colmar. On n'avait plus envie de les laisser de côté."
Alors comment faire ? Eh bien, ils se sont associés avec l'ingénieur Sébastien Kuehn, co-concepteur du footing vertical : "Si aujourd’hui c’est à nouveau possible pour eux, c'est grâce à cette machine qui vient les assister sur le mur. Une sorte de treuil qui compense les efforts qu'ils ne sont plus en mesure de fournir. Certaines pathologies font qu'il faut beaucoup de temps pour passer d'une prise à l'autre. Alors que chez d'autres personnes, cela sera plus rapide, mais en revanche, elles auront plus de mal à les attraper. Ici, on s'adapte afin que chacun puisse avoir une expérience en fonction de ses capacités."
Ancien triathlète reconnu, Guillaume Jeannin a subi, il y a six ans, un accident de VTT qui l'a laissé tétraplégique, et l'a privé de tout espoir de refaire du sport par ses propres moyens. Grâce au footing vertical, il a renoué avec les sensations sportives. Et ça a tout changé. "C'est un peu comme les vélos à assistance électrique, si on ne pédale pas, ça ne marche pas. Je suis obligé de prendre la prise et de pousser dessus pour qu'elle me monte vers le haut. Si je ne fais rien, la machine ne fait rien. Ça me demande un effort physique qui est vraiment sympa. Mais tout en étant acceptable au vu de ma situation."
La machine est en effet beaucoup plus qu'un treuil. Grâce à de multiples capteurs, et des centaines d'heures de recueil et d'analyse de données, elle suit les mouvements des grimpeurs et adapte son niveau d'assistance à leurs besoins.
Une commercialisation prévue en 2025
Camille Weissbeck souffre d'une maladie neurologique qui réduit notamment son champ de vision. Une maladie à laquelle est venu s'ajouter il y a trois ans un accident de gymnastique qui l'a privée de sa jambe droite. À bout de souffle dans un parcours de rééducation dont elle ne voyait pas l'issue, elle a retrouvé la motivation qu'elle avait perdue grâce au footing vertical. Sur le mur, elle renoue avec la mobilité et l'activité physique. "Ici, je suis toujours sereine, je suis excitée avant chaque séance. Pour moi, c'est la liberté, je sens mon cœur battre et surtout, je suis heureuse de refaire une activité physique. On est en vie !"
Un nouvel élan, confirmé par son médecin, Fadl Moudni, qui estime que c'est un nouvel outil dans son parcours de rééducation : "Grâce au footing vertical, Camille peut travailler à la fois sa mobilité articulaire, le renforcement de son champ visuel, plusieurs choses en un seul mouvement." Plusieurs mois de développement sont encore nécessaires pour ajuster parfaitement l'outil, mais la commercialisation est d'ores et déjà prévue pour 2025.
Article initialement publié en mars 2024.