Ce mardi 16 mai 2023, vingt bouteilles de crémant ont été sorties du plan d’eau de la base nautique de Colmar, où elles avaient été immergées un an et demi auparavant. Dégustation d'étape.
Une vingtaine de bouteilles de crémant a retrouvé la terre ferme ce mardi matin, après avoir séjourné au fond du plan d'eau de Colmar-Houssen, pendant un an et demi. C'est un point d'étape qui sera renouvelé tous les deux ans. En attendant, leurs semblables continuent de maturer au fond de l'eau.
Bien calées dans des caisses, les bouteilles avaient été immergées en octobre 2021, à 25 mètres de profondeur, dans une eau à environ 13 degrés et 2 bars de pression.
Ce mardi 16 mai 2023, une petite équipe, dont l'œnologue Serge Dubs, élu meilleur sommelier du monde en 1989, a dégusté ce vin pétillant à sa sortie du plan d'eau.
Cette expérience est une première, dans le sens où elle est menée de manière scientifique avec l'aide de chercheurs de l'Inrae de Colmar, pour l'analyse des arômes, et de l'Université de Reims, pour l'effervescence.
"On s'attend à voir des différences qui vont s'amplifier au fil du temps" explique Philippe Hugueney, directeur de recherches de l'Inrae de Colmar, qui étudiera six bouteilles, tandis que six autres seront analysées à l'université de Reims. "Ce qu'on va essayer de comprendre, c'est comment ces deux conditions de garde vont impacter l'évolution du vin."
Premier commentaire de Serge Dubs, après ouverture d'une bouteille immergée pendant un an et demi : "Le toucher nasal est assez caressant."
Quelles différences avec le crémant vieilli en cave ?
Le comparatif est fait entre des bouteilles immergées dans l'eau de la base nautique colmarienne et des bouteilles témoins qui vieillissent, en parallèle, dans les caves du Domaine Muré à Rouffach, à l'origine de la cuvée Prestige 2019 étudiée.
Pour Serge Dubs, la dégustation s'est faite à l'aveugle ce mardi matin, entre le vin sorti de l'eau et le vin de la même cuvée conservé en cave.
"C'est un vin adolescent, mais qui a une certaine expérience, qui a de la culture, de la profondeur, de la longueur. Il est limpide comme on en rêve."
Après cette première dégustation d'étape, le vin immergé vieillit de toute évidence moins vite que le vin gardé en cave. L’absence d’air et le peu de lumière au fond de la base nautique, assure apparemment une très bonne conservation du précieux liquide : le vin immergé n'a pas été altéré et a mûri moins vite que celui gardé en cave.
Si le nez et les papilles expertes de Serge Dubs ont permis de faire un premier constat important, le résultat des études menées à Colmar et à Reims seront seulement connues d'ici à quelques mois.
Pendant ce temps, les bouteilles restantes vont continuer à vieillir au fond de l'eau. Il y en a 300 en tout qui matureront ainsi pendant une dizaine d'années.