Les viticulteurs du secteur de Mittelwich dans le Haut-Rhin ont brûlé des bottes de paille dans le vignoble à quatre heures du matin, ce mardi 23 avril. Cette méthode exceptionnelle est censée protéger leurs vignes du gel alors que les températures sont descendues par endroits jusqu'à moins deux degrés.
Les nuits sont courtes ces temps-ci pour les viticulteurs. Dans le secteur de Mittelwich (Haut-Rhin), certains d'entre eux étaient à pied d'œuvre dès trois heures du matin, ce mardi 23 avril, pour tenter de protéger leur vigne du froid. Le thermomètre affichait jusqu'à -2 degrés, des températures potentiellement dévastatrices à cette époque de l'année au moment où les bourgeons et les jeunes pousses, très sensibles au gel, viennent de percer.
À températures exceptionnelles, mesures exceptionnelles, ils ont donc pris la décision d'allumer le feu en brûlant des bottes de paille, installées préventivement devant les parcelles depuis quelques jours. L'objectif est de couvrir le vignoble d’une fumée protectrice, comme l'explique Thibault Specht, viticulteur à Mittelwich. "L'écran de fumée ainsi créé doit être en place quand le soleil se lève, à partir de 6 heures et demie. Le nuage est censé protéger les parties sensibles de la vigne des premiers rayons de soleil pour éviter qu'elles ne se réchauffent trop vite".
Une méthode aux résultats incertains
Le réchauffement trop rapide des bourgeons pourrait avoir pour effet meurtrier de les brûler. Malheureusement, cette méthode ne marche pas à tous les coups, trop d'éléments aléatoires peuvent perturber le bon déroulement de l'opération. "On a allumé le feu à 4 heures du matin, le temps que le nuage se forme, mais on aurait pu l'allumer une demi-heure plus tard. Il faut bien ajuster le tir en fonction de la direction et la vitesse du vent. On ne savait pas trop comment le nuage allait réagir".
La méthode n'est donc pas garantie à 100% et le résultat est incertain. Elle a cependant été utilisée par précaution par la centaine de viticulteurs concernés dans la zone comprise entre Benblenheim et Bennwihr. D'après les premières constatations, les effets du gel ont été limités. "On estime à 10% les dégâts sur notre secteur. On pense que cela aurait été le double si on n'avait pas employé la méthode de la fumée protectrice", avance prudemment Thibault Specht.
Des viticulteurs inquiets
Sur l'équivalent de 350 hectares de vignoble, un peu plus de 300 bottes de paille ont été installées, soit une botte par hectare en moyenne. De quoi couvrir le plus gros de la surface de ce secteur particulièrement exposé aux chutes de températures et au gel.
Cette zone est en effet située à la sortie de deux vallées, celle de Kaysersberg et celle de Munster, des vallées vosgiennes encaissées où la neige est tombée à basse altitude ces derniers jours. "Ce qui a pour effet de faire baisser les températures, en particulier avec un vent de nord-est", explique Thibault Specht.
Toutes les bottes n'ont pas été mises à feu et n'ont été brûlées que partiellement. Les viticulteurs redoutent en effet un retour du gel dans les jours à venir. Inquiets, ils se réservent pour de prochaines nuits probablement encore très froides.