Un camion a percuté une vieille colonne, de quatre siècles d'âge, en voulant circuler dans les petites rues de Niedermorschwihr (Haut-Rhin), près de Colmar. L'accident a eu lieu le mercredi 20 novembre.
Du haut de ce monument, quatre siècles nous observent. Napoléon aurait pu dire ça de la colonne se trouvant à l'angle du commerce de Jean-Pierre Bachschmidt. Il s'agit d'un tapissier-décorateur travaillant dans le domaine du fauteuil au 81 rue des Trois Épis, à Niedermorschwihr (Haut-Rhin), près de Colmar (voir carte en bas d'article). Le mercredi 20 novembre 2019, vers neuf heures, un camion a eu un accrochage avec cette colonne. Le sommet du monument historique s'est à moitié décroché et a endommagé le toit du bâtiment.
La vie agitée d'une colonne quadricentenaire
Jean-Pierre Bachschmidt a raconté l'évènement à France 3 Alsace : "Ce camion de 38 tonnes circulait difficilement. C'est fortement déconseillé qu'ils passent par ici, mais pas interdit. Et il a heurté la colonne. C'était déjà arrivé il y a 7 ans, et c'était pire car elle était carrément tombée. C'était vieux de quatre siècles : à l'époque, les blocs de pierre étaient posés et pas maçonnés. Ils ont pu redresser la colonne, sept tonnes, et la refaire pour qu'elle tienne. Le sommet, de 300 kilos, n'a pas été collé. Mais ils l'ont fixé dans une tige de laiton. L'accident de ce mercredi l'a délogé de cette tige, et il a abîmé plusieurs tuiles."Les camions, la petite commune connaît bien, poursuit l'artisan-commerçant : "Chaque semaine, on est confronté à ces camions. On a beau dire de ne pas passer par là... Ce camion de 38 tonnes, il était piloté par un Français. Il m'a dit que c'est son GPS qui l'avait fait passer par ici. Il venait de Turckheim et il allait vers Nancy. Il n'avait rien à faire ici, il aurait dû passer par Kaysersberg ! Le panneau qui déconseille le passage des gros camions, à l'entrée de la commune, il est bien trop petit. Personne ne le voit."
Et la colonne n'est pas la seule qui a eu à souffrir du passage des camions. Jean-Pierre Bachschmidt rappelle : "Des années que ça dure, et rien n'a été fait, on voit toujours aussi peu ce petit panneau. On a aussi eu un puits, centenaire lui aussi, qui a été abîmé quand un camion a reculé dedans. Il y a souvent l'excuse du GPS. Pourtant, à Eguisheim, ils ont su mettre à jour le GPS pour que les camions n'y passent plus."
La mairie s'engage
Le maire, Daniel Bernard (SE), nous a expliqué ce qui allait être fait : "C'est un problème récurrent. On a beaucoup de semi-remorques de passage. Ils se retrouvent coincés ici à cause de leur GPS quand ils viennent de Turckheim pour aller à Nancy. Arrivés à la place de la mairie, ils n'arrivent plus à tourner entre rue de l'Église et rue des Trois Épis. Le plus souvent, on doit sortir de la mairie et les faire reculer sur 200 mètres. Et c'est dangereux, il y a une sortie d'école, je n'aime pas ça !"Ces situations pourraient bientôt appartenir au passé, selon le maire : "J'ai pris la décision de prendre un arrêté municipal pour interdire les véhicules de plus de 15 tonnes, en provenance de Turckheim, d'entrer dans la commune. On va recevoir un nouveau panneau. Et on va en mettre un aussi à hauteur de Turckheim. S'ils s'engagent quand même à l'entrée de la commune, ils peuvent toujours faire demi-tour via la zone de dépôt, ou le parking du cimetière 50 mètres plus loin."
Et pour cette histoire de GPS ? "C'est relativement complexe. Surtout s'il s'agit de chauffeurs d'Europe de l'Est qui, d'après l'hypothèse qu'on m'a donnée, peuvent se servir de leurs téléphones portables comme GPS. C'est fait pour les véhicules légers et ça ne tient donc pas compte des interdictions visant les poids lourds. D'ailleurs, le chauffeur français et son GPS qu'on a eu il y a deux jours, je ne sais vraiment pas comment il a fait..."
C'est dangereux, il y a une sortie d'école
- Daniel Bernard, le maire
Désormais, Jean-Pierre Bachschmidt va devoir attendre : "C'est généralement long..." Il a rencontré son assurance le jeudi 21 novembre. Il a reçu le feu vert pour faire établir un devis afin réparer tout ça. Un expert (car un monument historique est impliqué) doit le contacter, mais il ignore quand. Réparer la colonne de cette ancienne maison des chevaliers de l'ordre de Malte, quand elle avait été abattue il y a sept ans, avait coûté la bagatelle de 7.000 euros.