"J'ai réduit énormément ma consommation", un jardin thérapeutique pour combattre ses addictions

À Colmar, dans le Haut-Rhin, les spécialistes du service d'addictologie de l'hôpital Pasteur ont eu l'idée de créer un jardin thérapeutique. Les premiers résultats sont encourageants.

L'idée du jardin thérapeutique est née d'un constat des soignants du service d'addictologie de Colmar, installé au sein de l’hôpital Pasteur. "Le temps de la consommation de psychotropes et d’alcool ne correspond pas à un temps de vie. C’est plutôt le temps de l’immédiateté " explique Elisabeth Malgarini, assistante sociale de la maison des addictions en charge des activités collectives, "un temps de consommation dans lequel les gens cherchent l’oubli et du refuge. Et c’est en même temps, le temps de la procrastination (remettre toujours au lendemain) et du coup celui de l’isolement et de la dépression."

C'est là qu’intervient le parallèle avec la vie au jardin. "Notre idée est de construire un jardin pour que les gens apprennent à prendre soin des végétaux, des plantes, pour en fait prendre soin d’eux-mêmes."

À la maison des addictions, qui prend en charge près d'un millier de patients pour des addictions aux produits psychotropes, à l'alcool et au tabac, ce jardin a été construit par et pour les patients, à partir de matériels recyclés et de vieilles planches.

Une idée récente qui fait déjà ses preuves

"On leur a donné des graines et les gens ont emporté ces semis chez eux, ils s’en sont occupés. Ils m’ont appelé pour dire ça pousse, ou ça pousse mal, comment je fais ? Et ils se sont investis, c’est un vrai bonheur."

Pour l'équipe de soignants et les patients dépendants, une nouvelle source d'espoir. "Une fois que les graines avaient commencé à pousser dans les barquettes, ils sont revenus, on a transplanté dans des récipients plus grands puis on mit les plants en terre."

C'est ainsi qu'ils sont passés ensemble de la graine aux fruits qu'ils ont d'ailleurs partagés et mangés ensemble. Outre le succès des plantations "les patients ont tissé des liens entre eux, ont retrouvé de la sociabilité, de l’estime de soi, ont été valorisés et c’est primordial sur le plan thérapeutique."

Le jardin existe depuis janvier 2023 et il semble déjà faire ses preuves. André en est convaincu. "J'ai trouvé dans ce jardin des rencontres avec les autres patients et surtout, surtout j'ai réussi à ne pas fumer. Venir au jardin pendant quatre heures, cinq heures sans fumer."

J'étais dans la fureur et la destruction, là c'est tout le contraire

Philippe, patient participant au jardin thérapeutique

Pour lui, c'est une aide considérable : "J'ai réduit énormément ma consommation et je me suis fixé d'arrêter dans les trois mois." Il sait que ce n'est pas encore gagné, mais il y croit. Relever ce défi lui semble désormais réalisable.

La culture de ces légumes, fleurs et fruits a aussi changé la vie de Philippe. "J'ai développé une relation avec les plantes que je mets en terre. Les voir pousser, c'est comme une construction, c'est le contraire de ce que j'ai fait toute ma vie, j'étais dans la fureur et la destruction, là je vis carrément l'opposé."

Le potager est entretenu par 35 patients. Ils viennent deux fois par semaine encadrés par une infirmière et une assistante sociale. Pour eux, un précieux espace pour se reconstruire.

Article initialement publié en septembre 2023.

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