La fonction de maire, la confiance des Français et un engagement à plein temps dans les petites communes

Les maires connaissent une marque importante de confiance de la part des Français contrairement à d'autres mandats politiques. Maire de Wickerschwihr, commune rurale du Haut-Rhin, Richard Ley dit prendre sa fonction très au sérieux. Son engagement à temps plein et sa proximité avec les habitants en font un personnage central. Pour nous, il s'est confié.

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Wickerschwihr, une petite commune haut-rhinoise de quelque 750 habitants. À quelques encablures de Colmar et pourtant déjà loin de l'agitation urbaine. Dans cette bourgade aux abords paisibles tout le monde se connaît. Une grande famille confie le maire, Richard Ley.

Une grande famille avec ses problèmes, ses aspirations, ses besoins. En bon gestionnaire, l'élu se veut au plus près de ses administrés, l'essence même de son mandat selon lui. "Tous les jours je discute avec les citoyens, il n'y a que cela qui marche". 

Proximité et dévouement. Voire don de soi ? À l'écouter, le mandat de maire est plus qu'exigeant : il faut y consacrer tout son temps. Richard Ley le reconnaît, "Je suis un peu spécial par rapport à d’autres élus, je ne peux pas faire 36 choses en même temps sinon je les bâcle. J’ai pour habitude de les faire bien et de ne pas multiplier les fonctions pour les faire mal". En 2020, à la suite de son élection en tant que maire, il a donc décidé de se mettre en disponibilité professionnelle pour pouvoir ne s'occuper que des affaires de sa commune.

Je déteste raconter du pipeau, j'en ai trop entendu en tant que citoyen

Richard Ley, maire de Wickerschwihr

Prend-il sa fonction de maire trop à cœur ? Une interrogation qu'il balaie vite. "Certains parmi les élus n’ont pas de projet phare sans que ça les dérange. Moi, je suis ma feuille de route de toutes les promesses électorales passées en 2020".  Avoir un projet et s'y tenir, voilà sa devise.

Une parole de confiance

Les hommes politiques qui ne font rien de ce qu'ils ont promis pendant leur campagne électorale, c'est un travers dans lequel il s'est juré de ne pas tomber. Voilà qui mérite un coup de gueule. "Je déteste raconter du pipeau, j'en ai trop entendu en tant que citoyen lambda de la bouche des politiques. Je me suis toujours dit que si un jour j'étais élu, je montrerais qu'il est possible de faire ce qu’on dit." 

Tondre la pelouse, changer une ampoule, réparer un robinet qui fuit, il faut être au plus près des gens

Richard Ley

Pris au mot et fier de lui, Richard Ley énumère la liste des travaux accomplis pendant son mandat ou sur le point de l'être, "On termine le projet de sécurisation de la rue Charles de Gaulle, on a complètement rénové le cimetière et l'église attenante, on a refait l’éclairage du village avec des ampoules led, l'isolation de l'école primaire". Une liste non exhaustive. Il cite aussi la création d'une association de bénévoles aidant. Un projet qui lui tient à cœur, "Il s'agit de rassembler les gens autour d'une cause commune, celle d'aider les personnes âgées, seules, isolées ou malades. Tondre la pelouse, changer une ampoule, réparer un robinet qui fuit, il faut être au plus près des gens". 

Cet inventaire semble presque trop parfait. Les zones d'ombre, Richard Ley n'en parle pas. À l'évocation du budget par exemple, on devine les difficultés à affronter. Rien que pour les travaux de voirie, rue Charles de Gaulle, il a fallu débourser 700 000 euros. C'est presque autant que le budget annuel de la commune (entre 900 000 et un million d'euros). Pour s'en sortir, l'élu est obligé de débusquer les moindres subventions. Les caméras de vidéosurveillance, par exemple, ont été subventionnées à 80% par la région, la CEA (communauté européenne d'Alsace) et la préfecture.

Maire, un mandat plébiscité par les Français

Un combat et un engagement sur tous les fronts et de tous les instants. Mais il garde la foi. Un sondage Ipsos sur les fractures françaises publié début décembre ne peut que l'encourager dans cette voie. Ce sondage montre que parmi les élus, les maires sont ceux qui s’en tirent le mieux. 70% des sondés déclarent faire confiance dans cette institution, soit 7% de plus qu'il y a dix ans. En comparaison, la présidence de la République plonge à 26%, les députés à 22% et les partis politiques à 20%. La crise politique qui touche la France semble donc épargner les maires, les seuls à échapper au discrédit de la part des Français. 

Je me devais de reprendre cette commune qui commençait à s'endormir

Richard Ley

Son grand-père, élu maire de Wickerschwihr 24 années durant, de 1947 à 1971, ne pourrait que l'encourager lui aussi dans cette voie. "On fait partie des murs. Je descends d'une famille installée dans le village depuis plus de quatre siècles. Je me devais de reprendre cette commune qui commençait à s'endormir". À 52 ans, Richard Ley dit avoir encore toute l'énergie requise pour la réveiller. C'est du moins son ambition. 

Une histoire de proximité

Et puis il y a Katie, la secrétaire de mairie. "Heureusement qu'elle est là. Elle est indispensable. On travaille beaucoup ensemble, on se fait confiance, c'est fusionnel. C'est formidable de travailler ainsi". Richard Ley remercie encore le hasard qui lui a permis de la rencontrer après plusieurs années pendant lesquelles ils se sont perdus de vue. "On est nés ici, on a fréquenté la même école, en élémentaire on a eu le même instituteur, M. Biellmann". Quand il lui a proposé le poste, Katia, forte de son expérience professionnelle à la mairie de Colmar, a tout de suite accepté. "Elle a un sérieux bagage dans la fonction publique territoriale, sans elle je ne peux rien faire". 

Signe du destin, peut-être : M. Biellmann, l'ancien instituteur aujourd'hui à la retraite, habite au-dessus, au deuxième étage de la mairie. Lui qui logeait autrefois à l'étage de l'école, juste en face, il lui a suffi de traverser la rue. "Il voulait rester à Wickerschwihr, alors l’ancien maire lui a proposé un appartement dans le presbytère devenu aujourd'hui l'hôtel de ville. Depuis il est locataire au-dessus de nos bureaux". 

Les voilà réunis sous le même toit comme il y a plusieurs décennies et comme autrefois, M. Biellmann descend les escaliers en disant bonjour. "On lui renvoie son bonjour comme quand on était gamin à l’école. Il prend son journal et remonte avec la même prestance et l'air autoritaire qu'autrefois". La boucle est bouclée. 

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