Pourquoi les communes décident-elles de se regrouper ? Une démarche dans l'air du temps

Au 1er janvier 2025, les deux villages de la Marne, de Saint-Hilaire au Temple, 318 habitants, et Dampierre-au-Temple, 272 habitants, vont fusionner. Une création de commune nouvelle de plus en plus fréquente en France.

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La France est championne d'Europe du nombre de communes. Au 1er janvier 2023, l'hexagone comptait 34 495 communes pour 68,17 millions de Français. Jusque-là, vous vous dites peut-être que ces chiffres sont à peu près normaux. Mais lorsque l'on compare aux voisins européens, on se rend compte que la France est bien loin devant. En Allemagne, en 2023, il y avait environ 11 000 communes pour 84,4 millions d'habitants. C'est 10 000 communes au Royaume-Uni et 8 000 en Espagne et en Italie.

Qu'est-ce-qu'une commune nouvelle ?

Sur ces 34 495, environ la moitié d'entre elles comptaient moins de 500 habitants en 2023. Alors, la fusion de communes apparaît comme une réelle solution pour réduire les coûts et mutualiser les services. Ce constat fait, une loi du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales crée un nouveau dispositif : la commune nouvelle.

Selon des chiffres de 2022, depuis 2010, 787 communes nouvelles ont été créées fusionnant 2536 communes. Une démarche parvenant à passer en dessous de la barre des 35 000 communes, soit une diminution de près de 5 % depuis 2010. La démarche peine à convaincre alors qu'entre le 2 janvier 2023 et le 1er janvier 2024, seulement 24 communes ont été regroupées en 11 communes nouvelles, selon l'Insee.

Avec 5 136 communes au 1ᵉʳ janvier 2024, selon l'Insee, la région Grand-Est est d'ailleurs le territoire comptant le plus de communes en France. Selon le site de la région, 91% d'entre elles comptent moins de 2000 habitants. Dans la Marne, les deux petites communes de Dampierre-au-Temple et Saint-Hilaire-au-Temple, 272 et 318 habitants, vont fusionner au 1ᵉʳ janvier 2025. Un projet qui aurait pu déjà voir dans les années 80, revenu sur la table en 2017 et qui sera enfin officiel en 2025.

Une volonté de rapprocher deux communes

"Nous sommes deux communes qui se touchent et avons beaucoup de choses en commun. On partage une secrétaire de mairie, la femme de ménage, le groupement scolaire, les associations, une bibliothèque…", liste Lionel Joppé, actuel maire de Dampierre-au-Temple. "C'était aussi le souhait de jeunes conseillers municipaux, c'était au-delà d'une histoire d'argent", assure de son côté Jocelyne Boutillier, maire de Saint-Hilaire-au-Temple.

On veut simplement officialiser. Faire une sorte d'administration unique pour nos deux communes. On a actuellement deux conseils municipaux à 11 membres. C'est de plus en plus difficile à trouver donc rationaliser un peu tout cette administration, c'est bien.

Lionel Joppé, maire (sans étiquette politique) de Dampierre-au-Temple

La raison économique n'est pourtant pas la première raison de la fusion selon Lionel Joppé. "J'aimerais bien ! Je ne pense pas que l'on pourra réaliser beaucoup d'économies. On garde le même personnel avec le même temps horaire. On gagnera un bâtiment communal que l'on n'aura plus à chauffer et des lignes téléphoniques que l'on ne va plus utiliser. Cela reste très réduit."

La réaction des habitants était, un temps, redoutée par les deux mairies. Mais, le projet a semble-t-il, largement convaincu. "Je m'attendais à ce que certains habitants refusent, mais pas du tout. On les a aussi associés pour trouver le nom de la nouvelle commune", explique Jocelyne Boutilier. Après plusieurs dizaines de noms de communes proposés, c'est le nom de la Neuville-au-Temple qui a accueilli le plus de voix.

Quatre ans de réflexion

Cette procédure de fusion prend du temps. Il doit tout d'abord avoir une décision favorable des deux conseils municipaux, composés de 11 personnes chacun. En septembre 2022, il y a une rencontre avec la préfecture, pour expliquer le fonctionnement de la démarche, puis une autre réunion entre les deux conseils municipaux pour poursuivre ou non le processus. Le lancement de la fusion a été officialisé en décembre 2022. Suivent ensuite d'autres réunions administratives, avec les habitants, avant l'arrêté prononcé par la préfecture fin septembre 2024, pour la création d'une commune nouvelle au 1er janvier 2025.

La commune nouvelle devait être créée au moins un an avant les prochaines élections municipales de 2026

Cette fusion soulève des interrogations sur quelques points, notamment du côté des habitants. Viennent en premier lieu, les questions sur les changements d'adresses, par exemple. "Il n'y a pas de préoccupation au niveau de leurs papiers d'identité. Cela va rester ainsi. C'est quand ils auront à refaire leurs papiers d'identité, que là, on mettra le nom de la commune nouvelle. Rien ne change", assure Jocelyne Boutillier. Juridiquement, les deux "anciennes communes" existent donc encore.

La dernière interrogation subsiste sur l'identité de la maire de la commune nouvelle Neuville-au-Temple. Il n'y aura pas deux maires mais ce que l'on appelle deux maires délégués, dans un premier temps. Avant une élection des membres du conseil municipal, réunifié lui aussi, pour élire le nouveau maire de la commune. Jocelyne Boutilier assure d'ores et déjà ne pas se présenter, à l'inverse de son homologue Lionel Joppé.

"À compter du 1er janvier 2025, les 11 conseillers municipaux des deux communes constitueront celui de la commune nouvelle. En mars 2026, nous passerons à 19 conseillers municipaux puis à 15 en 2032. Enfin, on aura une élection du maire de la Neuville au Temple en janvier", conclut Lionel Joppé.

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