Elle s'appelle Pauline Hebinger et elle est originaire d'Eguisheim, dans le Haut-Rhin. Cette styliste d'Alsace a vu sept de ses créations utilisées dans un défilé, organisé en marge du célèbre festival de cinéma, à Cannes. Portrait.
De l'Alsace aux paillettes de Cannes (Alpes-Maritimes), il n'y a qu'un pas, que Pauline Hebinger a allègrement franchi. Cette styliste est originaire d'Eguisheim (Haut-Rhin).
La créatrice de mode a présenté sept de ses créations lors d'un défilé de haute couture à Vallauris (Provence-Alpes-Côte d'Azur). Une cérémonie organisée le 19 mai dernier en marge du festival de Cannes, avec une poignée de créateurs français et européens triés sur le volet.
L'une de ses tenues a été particulièrement remarquée lors du défilé. Il s'agit d'une "robe sirène qui épouse les lignes du corps avec des motifs qui rappellent la nature", portée pour l'occasion par une autre Alsacienne, Clara Schneider, modèle amateure de Colmar.
La créativité au centre de sa vie
Coudre a été une passion de jeunesse pour la Haut-Rhinoise. Initiée par sa mère et ses deux grands-mères à la couture dès son plus jeune âge, elle a commencé par la confection de tabliers, et réalise aujourd'hui des "robes de cocktail et des robes de mariées" pour les plus grandes occasions. Tout en s'efforçant de n'utiliser que des tissus alsaciens ou, du moins, fabriqués en Europe : "C'est un combat, par rapport à ça, au made in France."
Pauline Hebinger s'est formée entre Paris et Lyon, sans oublier de revenir dans son Alsace natale. "C'est vrai que je suis quand même bien mieux ici en Alsace, qu'à Paris", souligne-t-elle malicieusement. Petit paradoxe, quand on sait qu'elle est devenue modéliste pour la créatrice strasbourgeoise Adeline Zilliox, avec qui elle a participé à la Fashion week haute couture à Paris.
L'Alsacienne a d'ores et déjà réussi un coup de maître : attirer la lumière du cinéma. "Dimanche soir, j'ai une actrice italienne qui m'a contactée. Je l'avais rencontrée au défilé, et elle m'a contacté pour me demander une robe en urgence", se souvient Pauline. Cette actrice, c'est Greta Scarano. Elle avait fait le vœu de porter les tenues innovantes de la styliste d'Eguisheim. La créatrice n'en revient toujours pas : "Elle avait flashé sur cette robe-là. Nous, nous étions en train de boire un verre au bord de la plage. Je reçois un message : on finit nos verres en vitesse, on récupère la robe, des retouches et des chaussures à l'appartement. On se rend ensuite à l'hôtel Carlton pour habiller cette actrice."
Peut-être même que l'une de ses créations pourrait être arborée sur le tapis rouge de la Croisette. Humble, Pauline Hebinger ne prend pas le risque de se réjouir trop vite : "C'est possible que ça se fasse, on m'a contactée, mais rien n'est moins sûr." L'essentiel est ailleurs pour la créatrice. Elle en retient qu'elle a fait défiler pour la première fois ses tenues, dans un cadre plus que prestigieux.
La reconnaissance, mais le réalisme avant tout
Pour l'heure, elle pense au présent. Réaliste, elle sait que la haute couture peut parfois connaître des périodes plus creuses : "Ces pièces-là, on n'en vend pas, ce sont plus des pièces pour être vue. On en prête à des actrices." L'Alsacienne suit alors, en parallèle de la création, une formation pour être opticienne. "Je suis sur un 39 heures en CDI. C'est un choix que j'avais en tête quand j'étais plus jeune, pour être sereine financièrement", explique-t-elle. "J'ai de la chance d'avoir un patron compréhensif, de sorte que je puisse aussi faire des créations", complète Pauline.
Elle dit en effet avoir eu "deux mois" pour créer ces collections. Un délai assez rapide, mais qui semble convenir à Pauline. "Je suis très bien comme ça, à l'heure actuelle. On m'a déjà proposé de nouveau un défilé à Cannes, pour l'année prochaine. Cela m'a ouvert des opportunités, donc je préfère rester comme ça, avoir une stabilité au niveau de mon emploi et, en même temps, pouvoir faire des créations et pouvoir bouger un peu aussi", ajoute la styliste.
Une liberté de création et de mouvement qu'elle compte bien utiliser à fond, en espérant revenir au printemps prochain dans cette célèbre ville du cinéma.