Empêchée de stationner sur une place handicapée devant chez elle, cette Alsacienne en fauteuil ne décolère pas

Handicapée, Laetitia Rebord a emménagé, en 2021, dans un logement adapté à Kembs (Haut-Rhin). Elle accuse le syndicat de copropriété de l'empêcher d'occuper une place pour personnes à mobilité réduite. Le promoteur a ordonné des travaux sur le parking, mais les problèmes demeurent.

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Laetitia Rebord, habitante de Kembs (Haut-Rhin), loue un logement dans la résidence senior Villas Soleane depuis 2021. L'objectif était de bénéficier d'un logement de plain-pied pour convenir à son handicap qui la paralyse à 80%. Depuis quelques mois, la place de parking dit "visiteur", destinée aux personnes à mobilité réduite (PMR) devant son logement, a été rendue inaccessible, selon elle, pour son fauteuil roulant électrique après la pose d'une jardinière en béton.

Lors de la signature de son bail, une place de parking en garage fermé lui a été attribuée. "Cela ne suffit pas, elle n'est pas aux normes PMR. Ces garages sont tellement petits que d'autres résidents n'y mettent plus leurs véhicules de peur de les rayer", indique Laetitia Rebord. 

Selon elle, six mois après son emménagement, "le syndicat refusait" qu'elle se gare sur la seule place PMR "visiteur" à sa disposition. "J'ai un véhicule adapté à mon handicap qui me permet de descendre avec mon fauteuil via une rampe sur le côté droit", ajoute-t-elle. Certaines personnes "s'y garaient même volontairement sans carte de stationnement handicapé".

Cet emplacement PMR n'est réservé à personne. Le syndicat de copropriété a installé, le mercredi 5 juillet, une jardinière en béton sur le trottoir, à quelques centimètres de la place en question. "Ce pot de fleurs a été installé pour m'empêcher de me garer ici. L'espace qui me permettait d'installer la rampe d'accès pour entrer dans mon véhicule n'est plus disponible. C'est de la discrimination envers mon handicap", déplore-t-elle. 

Des travaux pour apaiser le conflit

Le budget pour acheter la jardinière a été voté par l'assemblée générale des propriétaires. "L'emplacement, lui, n'a pas été voté, donc ils ont délibérément choisi de placer la jardinière là pour m'empêcher de sortir du véhicule convenablement", affirme-t-elle.

Selon le promoteur immobilier, qui gère aussi le syndicat de copropriété, ce pot de fleurs a été "installé pour éviter les chutes des habitants car il y a un rebord dangereux sur le trottoir à cet endroit". La mairie et la police, de leur côté, affirment leur "impuissance" face à un conflit qui se déroule sur un parking privatif.

Pour tenter de remédier à l'inaccessibilité de la place de parking évoquée par Laetitia Rebord, le syndicat de copropriété a demandé au gardien d'effectuer des travaux. Du béton et des dalles ont été posés à la place des plantes et des copeaux de bois. "Cela me permet de ne pas faire passer mon fauteuil sur les plantes, mais on doit garer la voiture au centimètre près pour être sur cette parcelle de bitume", confie l'habitante de Kembs. La jardinière en béton, elle, n'a pas bougé.

Laetitia Rebord et son mari Christophe ont envoyé un courrier avec accusé de réception au syndicat de copropriété pour demander de louer ou d'acheter la place. "S'ils ne veulent pas qu'on l'occupe car c'est une place 'visiteur', alors nous allons la louer ou l'acheter. On veut que les choses se passent dans le calme. Là, c'est juste une ou deux personnes qui font la loi sur le parking", affirme son époux. Malgré les demandes successives de louer ou d'acheter une place adaptée sur la résidence, aucune réponse n'a été apportée par leur propriétaire.

Le promoteur rejette toute discrimination

Contacté par France 3 Alsace, le promoteur des Villas Soleane, Arie Promotion, réfute toute volonté de discriminer. "Le couple a signé un bail sans place PMR, ils savaient très bien dans quoi ils s'aventuraient. Désormais ils occupent de façon permanente cette place visiteur", affirme Karine Favreau, responsable commerciale dans l'entreprise. Elle ajoute qu'elle a proposé une autre place de parking qui n'est pas adaptée. "Ils l'ont utilisé pendant plusieurs mois et ça leur allait très bien", indique-t-elle. 

Le tournant, selon le promoteur, a été la demande du couple d'officialiser par écrit l'occupation de la place à titre gratuit indéfiniment. "J'ai refusé, car nous avons de nouveaux résidents qui peuvent arriver, et c'est à ce moment qu'ils ont occupé la place PMR visiteur", explique-t-elle. Le directeur commercial, Jonathan Barda, estime de son côté que "leur voiture adaptée a la possibilité de stationner sur cette place le temps de déposer Laetitia Rebord, son mari peut ensuite aller garer le véhicule sur une autre place".

Ce que fait ce couple, c'est du squat

Jonathan Barda, directeur commercial chez Arie Promotion

Un avis que ne partage pas la principale concernée. "Il faut donc faire pareil quand on va dans la rue, en course, ou au cinéma ? Les places PMR ne sont pas des dépose-minute", déplore-t-elle. "Je rendrais mon handicap avec plaisir si je le pouvais".

Le promoteur estime que le couple s'est "accordé le droit de monopoliser" la place de parking PMR en tout temps. "Il y a d'autres personnes qui en ont besoin aussi, car les Villas Soleane sont une résidence pour personnes âgées à l'origine. Là, ce que fait ce couple, c'est du squat".

L'habitante affirme qu'elle n'a pas d'autres solutions. "Les autres places de parking ne sont pas adaptées. Je suis dans mon droit d'occuper cette place avec ma carte de stationnement. S'ils estiment que je suis hors la loi, pourquoi il n'y a pas eu de fourrière pour enlever ma voiture ?", précise-t-elle. 

Une assemblée générale en septembre

Pour ce qui est de l'accessibilité, le promoteur estime que "la construction d'un nombre minimum de places PMR sur la résidence" a été respecté. "Certes, mais c'est une résidence senior, ils auraient pu penser à mettre en place davantage de places", suggère Laetitia Rebord.

Pour ce qui est de l'accessibilité, le directeur commercial indique que les places de la résidence "sont aux normes" et font 3,30 mètres. Un constat que partage l'habitante, mais un problème demeure. "À côté de la place, il y a des plantes et la jardinière, ce n'est pas adapté aux personnes handicapées". En effet, l'arrêté du 1er août 2006 concernant les places PMR précise que "le sol ou le revêtement de sol du cheminement accessible doit être non meublé, non glissant, non réfléchissant et sans obstacle à la roue" et "doit être libre de tout obstacle".

En attendant, le couple de résidents continue de vouloir louer ou acheter la place en question. Une assemblée générale du syndicat de copropriété aura lieu mi-septembre et décidera du sort réservé à cette place PMR "visiteur".

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