Hartmannswiller : l'historial du Vieil-Armand raconte la Grande Guerre à deux voix

Au sommet de "la Montagne de la mort" dans les Vosges, un historial franco-allemand a ouvert jeudi ses portes pour raconter à deux voix une des batailles meurtrières de la Grande Guerre dont les ravages marquent encore le paysage.

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"Les obus, les bombes, les torpilles aériennes faisaient voler les arbres en l'air", écrit le chasseur alpin français André Larrue dans une lettre en 1915.
"Je m'éveille brutalement du banc sur lequel je dormais, un obus vient d'exploser à quelques mètres de la tranchée.(...) En très peu de temps, nous déplorons déjà des morts et des blessés", répond, en écho, l'Allemand Fritz Klingenberg dans son journal.

©France 3 Grand Est

Les deux hommes ont combattu sur la "mangeuse d'hommes", autre surnom donné par les combattants au Hartmannswillerkopf, rebaptisé Vieil-Armand par les poilus. Placés côte à côte, en plein coeur de l'historial, leur témoignages illustrent à la fois la violence des combats qui ont coûté la vie à 7.000 soldats français et allemands entre 1914 à 1918 et la volonté du comité scientifique en charge du lieu, composé à parité d'historiens originaires de chaque côtés du Rhin, de raconter l'affrontement à deux voix.

Sommet stratégique avec son éperon rocheux qui culmine à 956 mètres d'altitude, le site du Hartmannswillerkopf offrait une vue plongeante sur la plaine rhénane. Au total, près de 90 km de tranchées et quelque 6.000 abris furent construits par les soldats des deux nations, dont les lignes, parfois distantes d'une vingtaine de mètres, étaient la cible de violents tirs d'artillerie.

► Jean Klinkert était l'invité du 12/13 ce mardi.


Cent ans après, il était essentiel que l'on puisse avoir une lecture partagée et apaisée de ces affrontements 


©France 3 Grand Est


À l'entrée de l'exposition de l'historial, une grande inscription : "une mémoire partagée pour la paix" rédigée en Français, en Allemand et Anglais.

Dans ce bâtiment de 900 m2 fait de bois et de béton dont la première pierre a été posée par François Hollande et son homologue allemand Joachim Gauck en août 2014, sont exposées des reproductions de barricades brunies par la terre, de tranchées usées par les tirs de mortiers, de mines et obus allemands, mais aussi des bouteilles, des tasses et des conserves d'époque.


La guerre de montagne


Une projection en 3D du champ de bataille sur un relief permet au visiteur d'appréhender la fureur de cette "guerre de montagne", un des aspects oubliés de la Grande Guerre, rappelle l'historien français Nicolas Offenstadt, co-président du comité scientifique de l'historial.

Sur les murs, des vidéos d'archives sur la vie dans les tranchées, narrées en français et en allemand, témoignent de la violence des combats et achèvent le travail pédagogique entrepris par les historiens.

"C'est une expérience particulièrement neuve", avance Gerd Krumeich, co-président du comité scientifique. L'historien allemand a participé au développement des musées sur la Grande Guerre à Verdun et Ypres. "Il était bon d'être réunis sur ce site en Alsace pour trouver enfin un discours en commun et réimplanter le 'Hartmann' dans le souvenir des deux nations", précise-t-il.

Le Vieil Armand, situé en territoire allemand lors de combats sans véritable vainqueur, n'a jamais fait partie des lieux phares de la mémoire de la Grande Guerre, supplanté par des champs de bataille plus meurtriers comme Verdun ou le Chemin des dames.

L'Alsace est en train de réintégrer pleinement le nouveau paysage mémoriel de la Grande Guerre


souligne Nicolas Offenstadt.

La crypte souterraine et l'Autel de la Patrie érigés au-dessus du champ de bataille, à quelques dizaines de mètres de l'historial, complètent l'unité d'un lieu de commémoration unique, "première institution bilatérale sur la Grande Guerre", selon Jean Klinkert.

Des invitations à Emmanuel Macron et Frank-Walter Steinmeier ont été lancées pour l'inauguration officielle du lieu, prévue le 10 novembre. 
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